Partis de Sal

le petit port de Carriçal

le capitaine a prévu de mouiller à Carriçal, un village de pêcheurs sur l’île de Sao Nicolau, réputé par certains navigateurs pour son authenticité, et l’authenticité ça plaît bien au capitaine, donc on y mouille 

Impatient de découvrir de la véritable authenticité, le capitaine enfile palmes, masque et tuba pour rallier la plage du patelin, me propose de l’accompagner (hahaha), je le regarde partir puis vaque à des occupations tout aussi ménagères que nécessaires, jette un œil de temps en temps depuis le cockpit et le vois déambuler, puis ne le vois plus, puis il revient un peu plus tard, déçu, visiblement trop d’authenticité tue l’authenticité, pas un troc pas une mob, même pas un rat, rien que des vieux pêcheurs burinés qui proposent leurs poissons à la vente en passant avec leur barque, j’ai poliment décliné 3 offres, rien que l’idée de l’odeur du poisson que je devrais préparer me répugne, vive les salades de riz au maquereau en boîte (j’ai ce genre de faiblesse)

arrivée
à
Tarrafal

On ne s’attarde pas à Carriçal, que je n’aurai donc vu que depuis la mer, et filons à Tarrafal, il y a des Tarrafal sur toutes les îles mais celui là c’est Tarrafal de Sao Nicolau, pas loin dirait le capitaine, tout près dis-je (de la façon de voir le monde), on ancre facilement et le mouillage est calme, alors on saute dans l’annexe pour aller y faire un tour et trouver une voiture à louer

le capitaine décrète que c’est moi qui conduis, je n’ai pas retouché au moteur diabolique depuis Funchal, de triste mémoire (l’épisode où je conduis l’annexe, pas la ville), on révise un peu et zou, le capitaine me dit par où passer et m’indique un quai où accoster, mais quand j’y arrive un grand gars nous fait des signes avec ses grands bras pour nous dire en patois local mâtiné d’anglais qu’on ne peut pas se garer là et qu’il faut aller sur la plage (sable noir, je vais encore avoir les pieds tout crado), le capitaine me dit de ralentir alors je mets les gaz au minimum mais ça va toujours trop vite, il me redit de manière plus insistante de ralentir et je lui rétorque platement que je suis au plus bas des gaz, il se lève à moitié et siffle en me passant sous le nez qu’il faut que je mette le point mort en le faisant à ma place, ah ça on aurait gagné du temps s’il m’avait dit point mort tout de suite au lieu de tergiverser avec le ralentissement, de toutes façons je cale alors voilà … il faut repartir vers la plage que nous a indiquée le grand gars, je remets le moteur en route à grands tirages de la ficelle (je ne sais pas comment s’appelle la ficelle qui permet de lancer le moteur en tirant dessus et si je demande au capitaine je crains le pire, qu’il abandonne le combat avec moi, à bout d’arguments) et j’y arrive et l’annexe bondit, le capitaine beugle qu’est-ce que tu fous ?! On fonce droit sur un bateau de pêche à trois mètres de nous, comment veut-il que je sache ce que je fous, je ne comprends pas ce qui se passe, il s’écrie  de plus belle mais vire ! VIRE ! par miracle je pense à pousser la barre et nous frôlons la coque bleue du bateau (je la verrai toujours dans mes cauchemars) au centimètre près, on s’éloigne, maudit moteur, le capitaine râle qu’on va passer pour des clampins auprès des gars sur le quai, quoi, le capitaine se soucie de l’avis d’autrui ? c’est nouveau, je le regarde en me marrant et lui dis que je m’en fous, mais lui pas qu’il me répond, des gars qui ne nous ont jamais vus et ne nous reverrons jamais, comment imaginer que leur avis à notre sujet puisse être d’une quelconque importance ? le capitaine me demande pourquoi je n’ai pas vérifié qu’on était au point mort, moi je croyais qu’il l’avait mis quand il s’était penché vers moi et avait mis la main sur le bitoniau ad hoc, mais non, alors quand j’ai remis le moteur la marche avant était enclenchée, je vois que je suis pardonnée (mais je crois bien que jamais je n’aurais pas pensé à vérifier si j’étais au point mort, on garde ça entre nous …)

Las, pour la location de voiture on a une piste qui se révèle un tuyau crevé, et puis une jeune femme qui parle sur son portable dans la rue nous voit, errant l’âme en peine, raccroche et me demande can I help you, oh yes lui réponds-je, we want to rent a car, voyez l’aisance, s’ensuivent des appels téléphoniques en tous sens, elle appelle aussi son ami qui vient à la rescousse, aucune voiture à louer mais, mais ! nous trouve une voiture avec son chauffeur, les habitants de l’île préfèrent conduire leur véhicule que de le laisser aux mains malhabiles des touristes, on comprendra pourquoi le lendemain, et puis Anna et Serge (ils s’appellent ainsi comme vous l’auriez finement deviné) nous drivent jusqu’à un resto, en fait on commande à manger pour dans une heure et quand on revient tout est prêt, la dame est déjà en train de nous servir, l’heure c’est l’heure, poisson, légumes, riz et frites, on a rendez-vous le lendemain à 8 heures avec le chauffeur

l’annexe a été « gardée » sur la plage par les deux énergumènes qui, donc, vont penser pis que pendre de nous le restant de leur vie de m’avoir vue manœuvrer si pitoyablement, ils se disputent pour savoir qui sera payé de cette tâche ardue, l’annexe ayant été bien amarrée par le capitaine himself (il suffit que je parle à peine un peu d’anglais pour en mettre à toutes les sauces) on se demande bien ce qui aurait pu lui arriver, c’est le plus grand qui gagne et qui nous explique que demain il s’en occupera aussi et nous fait un devis à 5 € pour la peine, on verra demain et bonne nuit 

bien que le capitaine émette un avis plus que réservé sur ma capacité à me lever tôt et à être à l’heure (je lui ai fait remarqué que je suis à l’heure quand il y a une heure donnée, sinon comment savoir à quelle heure il faudrait être prête et vlan), nous sommes au rendez-vous à 8 heures avec … (attendez, je redemande au capitaine, je ne suis pas arrivée à mémoriser le diminutif par lequel toute l’île l’appelle d’après lui, ah c’était Utinha m’épèle-t-il en me rappelant qu’on prononce Outinia), Jo j’aurais retenu par exemple mais Outinia ! maintenant que je l’ai écrit et réécrit peut-être que ça restera planté dans ma mémoire, j’ai bien réussi à mémoriser le nom des plantes et des formules de pharmacopée en chinois, donc on est à l’heure, on grimpe dans le pickup, le capitaine à la place du mort et moi derrière, je ne sais pas s’il y serait monté si j’avais eu la maladresse d’appeler cette place ainsi devant lui … 

Alors, un conseil d’importance : si un jour vous êtes dans une île et que les gens y roulent en 4X4 pickup, ne vous posez pas de questions et mettez une brassière de gym deux tailles en-dessous de votre taille habituelle, afin de garder vos mains libres plutôt que de vous tenir les seins pendant la balade, en vrai j’ai gardé les bras croisés tout le temps parce que Outinia (ça y est j’ai retenu) tout autant que le capitaine se seraient bien demandés ce que je fabriquais avec mes mains dans leur dos … les routes de Sao Nicolau sont pavées avec des cailloux inégaux et ça secoue, ou alors ce sont des pistes, je ne saurais vous dire lesquelles ont eu ma préférence, je pense que si je n’étais pas habituée aux secousses grâce à la navigation, j’aurais supplié que l’on m’abandonnât sur le bord de la route … 

ça secoue ça secoue

on a vu plein d’endroits fantastiques, ça valait vraiment le coup de se faire secouer, voici quelques photos

Carberinho, un coin d’enfer !
et je reste des heures à regarder la mer
le parc naturel de Monte Gordo

 

sur la route

Preguica

pour ce qui relève des plantes du coin que j’ai relevées à Monte Gordo, toutes les données sont en anglais et je travaille dessus, ceux qui ne sont pas férus de botanique ont de la chance, ils n’auront pas à se taper mes descriptions enthousiastes, je vais tout de même voir si j’ai le temps de vous en raconter un peu en fin de page (on lève les voiles demain alors on est à la bourre, le capitaine m’a prévenue qu’il faut ranger le bateau, comme si je ne savais pas, alors je me grouille) 

quand il a fallu quitter Sao Nicolau, que j’ai adorée tant elle est belle et que les habitants sont cool, nous avons mouillé à Santa Luzia, une autre île déserte, pour faire de l’eau au déssalinisateur parce que l’eau des mouillages et des marinas n’est jamais propre (c’est un euphémisme), je vous mets un lien vers une vidéo que j’ai faite ce jour là et mise sur YouTube, vous verrez que pendant tout ce temps on n’a pas manqué de vent :

et puis ensuite, le capitaine avait décidé d’aller mouiller à Porto Novo sur l’île de Santo Antao, mais en arrivant ça roulait trop et il n’y avait aucun voilier, que des barques de pêche, nous avons fait demi-tour pour repartir vers l’île de Sao Vicente au port de Mindelo, arrêt quasi incontournable avant de traverser l’Atlantique si on veut le faire depuis les îles du nord avec des provisions et de l’eau en suffisance, avec ce détour nous sommes arrivés de nuit à Mindelo, il y avait plein de lumières, plein de bateaux à la marina et au mouillage, et par rapport à ce que nous avions vu jusque là au Cap Vert, nous avions affaire à une véritable ville, ville que nous visitâmes le lendemain, j’ai véritablement été sous le charme, nous avons mangé dans différents restos, en payant du simple au double selon que nous allions dans un resto destiné aux gens du cru ou un autre plein de touristes et de voileux, et c’est justement dans un resto local que j’ai mangé le meilleur cachupa (prononcer catchoupa) de tous ceux que j’ai mangés – c’est un ragoût qui mijote pendant plusieurs heures avec du maïs et des haricots noirs qu’on agrémente selon son goût et en fonction des ingrédients dont on dispose comme des légumes, des poissons, de la viande, du chorizo ou des œufs – tout ça sur la musique de Cesaria Evora qui est au Cap Vert ce que Bob Marley est à la Jamaïque … nous avons atterri un jour chez Loutcha, qu’un habitant local nous avait chaudement recommandé, la carte étant très alléchante, avec un choix inédit au Cap Vert, nous y sommes allés, mais finalement ils ne proposaient que les mêmes plats des autres restaurants (cachupa, poissons-légumes-riz, porc-frites), à chaque fois que l’on demandait un plat de la carte comme des poulpes grillés, le garçon nous regardait d’un air désolé en secouant la tête négativement, ça nous a bien fait marrer

le capitaine a réparé la drisse de spi et changé celle de gennaker, moi j’ai pu travailler, nous nous sommes reposés aussi et puis on a pris le ferry pour aller tout de même à Santo Antao réputée pour ses randonnées, alors on a mis le bateau à la marina pour qu’il soit gardé pendant les 3 jours où nous ne serions pas là, réservé une pension dans la vallée de Paul (prononcer Paoul) et pris le ferry avec nos chaussures de rando et à manger dans nos sacs étanches qui sont déjà lourds à porter même à vide, puis un aluguer pour rejoindre Cabo Ribeira dans la Vallée de Paul, le capitaine a pris place à l’avant à côté du chauffeur, et moi, qui suis oublieuse, à l’arrière et sans soutif, j’ai bien senti passer l’heure de secousses, mais les paysages sont tellement à couper le souffle que je n’ai pas pensé à me plaindre

 on a randonné deux jours, avec des dénivelés impressionnants, mais sans jamais de vertige, j’en avais plein les pattes et plein les yeux, j’ai été bluffée par les cultures en terrasse et ces gens de la terre qui m’ont renvoyée à mon enfance dans la ferme de ma grand-mère, l’utilisation de la montagne et du volcan Cova pour y cultiver des ignames, des patates douces, de la canne à sucre et des bananes est époustouflante, quel travail de titan … j’éprouve à leur encontre une admiration et un respect sans bornes … 

et nous avons dormi… dans un lit ! un vrai lit sur un sol ferme ! nous étions logés à la pension chez Sandro (https://chezsandro.com/) à Cabo de Ribeira, le top, Sandro est un Français qui y vit depuis près de 25 ans, il nous a donné toutes les indications nécessaires et utiles pour randonner sans guide et sans se perdre, nous avons discuté de plein de sujets et il nous a raconté des tas d’anecdotes sur l’île et ses habitants, un soir nous avons également discuté avec un guide de 34 ans, Claudio, qui nous a également appris plein de choses sur l’île, et puis nous avons mangé royalement et généreusement, ça nous a fait un bien fou parce que bien évidemment le capitaine et moi passons le plus clair de notre temps en tête à tête, ce qui est éminemment fabuleux, mais échanger avec un interlocuteur aussi plaisant que Sandro nous a vraiment fait plaisir … je vous en raconte une, pas la plus historique genre que l’indépendance du Cap Vert date du 5 juillet 1975, non, moi j’aime bien les histoires du quotidien, donc je fais la remarque à Sandro que je suis sidérée de voir que couasi tous les commerces sont tenus par des Chinois qui vendent des produits Chinois de mauvaise qualité, genre ce qu’on trouve sur Ali Express, et Sandro me raconte qu’une paire de tongs coûte 5 ou 6 €, ce qui est carrément prohibitif quand on sait que le salaire moyen est de 130€, et une nana revient chez le Chinois deux heures après en avoir acheté une paire qui est déjà fichue, le Chinois lui demande où elle a marché, elle lui répond qu’elle a été jusque chez elle, un patelin perché donc il faut  marcher sur des cailloux pour y aller, et le Chinois s’exclame que les tongs sont faits pour aller de la chambre à la salle de bains et de la salle de bains à la chambre et c’est tout !

À propos de tongs, en terminant notre première rando qui nous faisait passer près d’un village, une femme qui portait un sac sur la tête et marchait en tongs passe à côté de nous, je dis au capitaine qu’il faut la suivre parce qu’à mon avis elle va au bon endroit et on a bien fait car sans elle je crois qu’on se serait paumés, on marchait dans le lit d’une rivière à sec, sur des cailloux, en prenant garde de ne pas se ramasser, moi étant tombée une fois sur les fesses en glissant sur de la terre en pente raide et le capitaine deux fois, une fois sur de la terre et une autre fois sur de la boue, après m’avoir mise en garde lorsque je m’étais vautrée, comme quoi tomber peut arriver à tout le monde n’est-ce pas capitaine… bon, la nana est devant nous avec un sac sur la tête et des tongs aux pieds, et elle avance plus vite que nous avec nos godasses de rando et nos sacs à dos, le capitaine allonge le pas en maugréant qu’on se traîne, il ne sera pas dit qu’une femme le battra à plates coutures, le capitaine a l’esprit de compétition dans le sang, on réussit à ne pas se faire distancer, heureusement pour mes abattis

arrivés au Pic d’Anton
on a bu un pot dans le bistrot le plus pittoresque qui soit

en arrivant chez Sandro le capitaine dit qu’on s’est traîné, à sa décharge il s’inclut dans le on, mais quand on marchait et que ça grimpait raide et que je m’arrêtais pour souffler un peu avec le cœur qui me battait à tout rompre dans les tympans, et bien qu’il m’ait auparavant octroyé le droit de marcher à mon rythme, j’ai eu droit à des réflexions sur le fait que je me trainais … alors que, après avoir passé le pic d’Anton, nous marchions sur la crête et avions doublé un groupe mené par un guide, avant de leur passer devant j’ai demandé à une dame s’ils allaient vite ou non, pour ne pas les gêner en me traînant, et la dame s’est exclamée qu’elle allait très lentement, donc je suis passée devant, et on les a proprement semés, j’en ai fait la réflexion au capitaine qui a haussé les épaules parce qu’on ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable … enfin bref, il explique à Sandro que nous nous sommes traînés, et là j’avance que nous avons mis 4 heures là où il est prévu de mettre 4 heures, et qu’ensuite on a encore fait plus de 2 heures en montée pour revenir à la pension

raide, très raide (le capitaine est déjà en haut)
la vue de tout en haut
des champs entiers de canne à sucre en fleurs, d’une beauté extraordinaire

donc Sandro, qui a bien écumé toutes les randos du coin, conclut tout comme moi que c’est ce qui est prévu, je crois que le capitaine aime exploser les compteurs … plus tôt dans la balade, on a vu passer une autre femme avec un sac sur la tête, qui déambulait paisiblement, le capitaine a dit qu’ici la notion du temps est différente, j’ai sauté sur l’occasion pour préciser que c’est très apprenant de le constater, il a aussitôt continué sur un oui mais … oh capitaine mon capitaine, comme je l’ai vu inscrit au Maroc sur un cadran solaire « passant prends le temps sinon il te prend » … ce n’est pas que je traîne mais je m’arrête pour regarder, sinon on ne fait que scruter là où on pose les pieds et puis quoi, alors on pourrait marcher n’importe où

maison typique
le dancing du village

Nous avons pris le ferry dans l’autre sens et avons rejoint le bateau, impression de rentrer à la maison après les vacances, on aère et on range les valises, je file prendre une douche chaude aux sanitaires, joie, je m’y suis habituée chez Sandro 

nous devons passer à la police portuaire pour les papiers de sortie du Cap Vert, et on est vendredi, on est arrivés trop tard avec le ferry, il faut attendre lundi matin, je suis bien contente car je vais mettre ce temps à profit pour travailler et me reposer, et puis nous lavons le bateau de fond en comble, moi dedans et le capitaine en tenue de plongée pour laver la coque (il en bave grave tellement ça bouge) et faisons des courses pour le ravitaillement de ces deux semaines prévues en mer pour rallier les Antilles … les prévisions météo sont unanimes : gros vent, 30/35 nœuds avec rafales à 40/45, grosse houle avec vagues de 4 mètres, les potes de nav’ qui étudient la chose de près prévoient de partir seulement le 2 ou le 3 décembre, le temps que ça se calme un peu, le capitaine veut partir le 28 novembre, ça veut dire quelques jours à se faire brasser, je ne suis pas chaude et dit au capitaine qu’on peut bien attendre un peu que diable …

c’en est au point que toute la marina danse, les bateaux et aussi les pontons, tellement la houle et le vent viennent jusqu’à nous …

ça danse ferme

dans la nuit du dimanche au lundi, juste avant notre départ prévu, une amarre claque seulement quelques heures après l’avoir mise, carrément sciée, j’entends le capitaine qui se lève et puis je ne l’entends plus, je ne sais pas combien de temps ça dure, s’il est parti au dancing ou à un rendez-vous galant, et puis il me réveille habillé de sa combi de plongée, il faut qu’il aille remettre une amarre à la bouée, on est amarré cul à quai et attaché à une bouée à  l’avant, tout le monde a mis des amarres dans tous les sens pour éviter de trop danser mais tout le monde danse et ça scie les amarres, il est 4 heures du matin et le capitaine est dans l’eau tandis que, accroupie sur le pont, je lui passe une autre amarre, et qu’ensuite il réorganise les autres, ce qui ne servira à rien car on continuera de danser mais le capitaine tente toujours tout ce qu’il est possible de faire

feu la grosse amarre toute neuve

une fois remonté à bord il m’explique qu’il a d’abord été voir le veilleur de nuit pour que celui-ci vienne en dinghy et l’emmène afin qu’il mette la nouvelle amarre depuis le dinghy, mais ni le veilleur de nuit ni le capitaine n’ont réussi à faire démarrer le fameux dinghy, du temps perdu …

4 heures du mat’

d’une part c’est fatigant de couper sa nuit de cette façon, de l’autre le vent continue à la même intensité tout comme la houle, alors nous retardons notre départ au lendemain mais décidons de repartir au mouillage parce que vraiment, à la marina c’est n’importe quoi, le bateau bouge et quand il arrive au bout d’une amarre ou d’une autre, ça fait comme en voiture quand on freine en pilant, au moins au mouillage le bateau sera libre d’aller et venir sans être retenu …

nous préparons notre départ et entendons des cris : un bateau veut partir mais le vent l’a poussé contre un autre bateau, tout le monde s’affaire pour repousser le bateau, personne n’y arrive, à chaque fois que le bateau s’écarte un peu, le vent le plaque à nouveau sur l’autre, j’espère secrètement que ça ne nous fera pas pareil, le capitaine regarde la scène d’un air consterné et fait des réflexions sur la façon de s’y prendre, je m’en garde bien

et puis pour en sortir c’est un dinghy de la marina qui vient tirer le bateau de là, je reste coite mais sens mon estomac me prévenir que d’évidence je suis sous stress, bon …

tirés d’affaire

à notre tour, le capitaine prépare les amarres de départ, celles que l’on met de manière à les récupérer facilement sur le bateau en partant, on en a 3 derrière et 3 devant, il m’explique comment on va faire sur l’avant, en 1 celle de bâbord qu’un gars de la marina en dinghy détachera de la bouée, puis en 2 celle de tribord, idem, on laissera la 3 ème jusqu’au dernier moment, le capitaine sera à la barre tout en enlevant les 3 amarres arrière aidé par un autre gars de la marina, puis il avancera au moteur et seulement à ce moment là je larguerai la dernière amarre quand le bateau avancera et que le capitaine me le criera … j’ai bien écouté et tout retenu, je fais de la respiration ventrale pour rester efficace en me prenant les rafales de vent de plein fouet comme tout le monde, on ressent une tension générale dès qu’un bateau manœuvre …

le moment venu, on fait comme on a dit, amarre 1 ok, amarre 2 ok, je jette un coup d’œil à l’arrière et ça largue les amarres comme prévu, le bateau avance, le capitaine me crie de larguer la dernière, je m’exécute et là paf ! le vent nous pousse contre le bateau à tribord, du monde jaillit des autres bateaux comme si l’info avait circulé à la vitesse de la lumière, avec des pare-battages dans les mains et moi je saute sur un des nôtres, le capitaine me crie à l’avant ! À l’avant ! ouais mais si je vais à l’avant sans pare-bat’ ça ne sert à rien, je finis par en décrocher un et file à l’avant pour le glisser entre les deux bateaux, sur l’autre bateau ils sont plusieurs à faire de même et à repousser Cap de Miol, un de nos safrans se prend dans une amarre, évidemment parce qu’il y a tellement d’amarres dans tous les sens pour essayer de retenir les bateaux qui dansent, ça dure longtemps parce que Cap de Miol est pris au piège, et soudain le capitaine met des gaz et le bateau avance sans que je comprenne par quel miracle, et on me crie de récupérer des bouts qui traînent dans l’eau, je galope et récupère une amarre sur le côté à bâbord que je me demande qui l’a mise là, et tant qu’à faire les amarres arrière qui flottent, plus tard le capitaine m’explique qu’il avait attaché une amarre sur le taquet du milieu à bâbord et l’avait lancée sur le bateau de l’autre côté pour faire tirer le bateau et l’écarter de celui dans lequel on tapait, une fois qu’ils ont réussi à l’écarter le capitaine a mis des gaz et les gars ont balancé l’amarre à l’eau, le capitaine se tire toujours d’affaire, il conclut « les manœuvres de port, c’est toujours délicat »

on sort du port, pfiouuuuu, et on va un peu plus loin pour mouiller l’ancre, on a dû s’y reprendre à 4 fois avec le vent et la houle qui nous empêchaient d’être précis dans la manœuvre et un bout mal placé qui retenait l’ancre … on est encore resté au mouillage les deux jours suivants car vu le vent prévu, le capitaine a mis des protections sur les barres de flèche pour que la voile ne s’abîme pas pendant la traversée, et il a réparé un winch quand on s’est rendu compte qu’il était naze, ça prend son temps, et ça m’a bien soulagée parce que je me suis dit qu’on partirait quand ça sera un peu plus calme, je crois que le capitaine a retardé le départ aussi un peu pour moi … 

c’est moi qui l’ai fait monter au septième ciel

et là ça y est, on part demain, le ciel était tout brumeux aujourd’hui, le capitaine m’a dit que c’est à cause de l’harmattan, un vent qui véhicule du sable du Sahara, et il n’aime pas parce que ça cochonne tout le bateau

je crois déjà que j’aurai des choses à vous raconter en arrivant en Martinique, si on nous laisse y entrer au vu du bordel ambiant à ce que j’ai entendu dire …

juste un truc

Un aluguer, c’est une sorte de taxi partagé qui part lorsqu’il est rempli. Mais on peut aussi le réserver comme un taxi

Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

14 commentaires sur « Partis de Sal »

  1. Que de belles aventures et photos, merci Isabelle 🙂 mais aussi que de fatigue dans ton long message ! J’espère que le « plei les yeux » compense largement…
    Bonne route vers la Martinique, où effectivement c’est le gros bordel, trouvez des endroits calmes safe, sinon hop, la Dominique .
    Je t’embrasse très très fort, sorry pour ce coup de téléphone qui m’a prise de cours et je pense que tu voulais autre chose.
    Loviou d’amour !

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  2. Super Isabelle!!! Que de bonnes rigolades en te lisant, la vie sur un bateau n’est pas toujours un long fleuve tranquille comme me précise Daniel, Bisous à vous deux, belle navigation, belles ballades, belles découvertes, tout est magnifique, quelle chance de découvrir ainsi le monde! Bonne continuation à toi et au capitaine!!! Et revenez nous entier!!! Ne vous faites pas manger par des zoulous!!!

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  3. Bonjour Isabelle, j’espère que vous recevrez ce message: Olivier s’est fait vacciner avec pfizer, 3doses, sans souci, selon l’avis de son immunologue spécialiste en lupus et les directives du ministère français de la santé. Les études américaines sur le lupus+vaccin sont aussi très rassurantes, et conseillent fortement la vaccination. Bien à vous!! Emma et Olivier

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  4. Coucou Isabelle !

    Ah je comprends la problématique de ta fille. En ce qui me concerne j’ai choisi de faire confiance à l’univers, tout me poussait à me faire vacciner, et je n’ai pas eu de mauvais pressentiment vis à vis de l’injection, et tout s’est bien passé. Je fais énormément confiance à mon intuition et je le sentais positif.

    Sinon ici ça va bien, je profite de mes hommes qui sont fabuleux ❤️

    Et toi je vois que ce tour du monde est fantastique !!! ?

    Je t’embrasse de tout mon cœur ❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️

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  5. Que de belles découvertes! Que de belles histoires! Que d’aventures vous nous partagez! Le tout pimenté d’humour et de stress aussi! Mes promenades au parc de l’île de la Visitation à Montréal me paraissent bien fades et hier, la glace déjà partout sur les sentiers m’a fait faire un demi-tour plus rapide que vos sorties de marina quand souffle le vent!
    Alors, vous suivre, est un vrai plaisir! C’est comme ça que j’aime voyager: plein les yeux et les pattes au chaud dans mes pantoufles devant mon écran! Et si je vous dis que j’ai 75 ans, ça pourrait ressembler à une excuse, mais non, pas du tout! De mon pays natal, l’Anjou à ma ville actuelle Montréal, j’adore voyager sur mappemonde 🤩
    Merci Isabelle!
    Que le vent vous mène là où sont vos rêves💫

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  6. Merci Isabelle pour ce nouvel épisode de vos aventures !
    Les photos et les vidéos (surtout celle des vagues !) sont magnifiques et vous nous régalez et nous donnez envie bien que ça ne soit as de tout repos ! (j’ai connu, il y a 30 ans ! Maintenant je fais des ronds dans l’eau du lac Léman !) Merci aussi pour votre sens de l’observation et vos commentaires pleins d’humour ! J’espère que le capitaine apprécie, ou lui cachez-vous vos écrits ? 😉
    A bientôt après cette elle traversée !
    Je vous embrasse
    Catherine

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  7. merci Marie, je suis heureuse de savoir que tout s’est bien passé et que tes hommes vont bien, je t’embrasse fort fort fort de tout mon cœur, ça me fait du bien les messages de ceux que j’aime 🙂 ❤ ❤ ❤

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  8. quel beau message Marithé et vous savez, c’est drôle, mais j’ai toujours eu l’impression d’être une plume emportée par le vent qui va là où il la mène, et j’imagine que de passer de l’Anjou à Montréal est une belle destinée et une sacrée aventure !

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  9. Bonjour, En faisant une mauvaise manip, j’ai effacé votre dernier mail et j’aimerais pouvoir lire la suite de vos aventures…..🙏 Pouvez-vous me le renvoyer…? Merci beaucoup et kenavo..🤗

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