here we are !

avant
après (tout est parti dans le bateau)

PS en premier : j’ai écrit ça hier soir, on a dormi sur le bateau tout rangé, je ne le poste que maintenant, et on y va ! (glurps)

ça y est, on est sur le point de partir pour de vrai, j’y ai tellement pensé, j’en ai tellement rêvé, il y a des mois de cela quand je me couchais, je me disais un jour ça sera la dernière nuit où je dormirai dans ce lit avant de partir, et cette dernière nuit c’était la nuit dernière … tout est dans le bateau, on termine de tout ranger et zou

ce matin, le capitaine déclare d’un ton chagrin qu’on va avoir le vent dans la gueule et la mer dans la gueule, moi j’ai des souvenirs où il a dit que quand le vent et les vagues vont dans le même sens, c’est cool (c’est ce que j’ai cru comprendre), c’est quand le vent va dans un sens et les vagues dans l’autre qu’on est secoués comme des petits pois sur un tamis … las, au lieu de rebondir sur ma pointe d’optimisme, le capitaine me regarde d’œil devenu froid comme celui d’un reptile (je n’abonde pas tout naturellement dans son sens) , je regarde cet œil qui m’observe comme on le fait d’une fourmi sous un microscope (pour vous dire comme c’est froid) et ça me donne envie de rire, cette pupille rétractée comme un point au milieu d’une page blanche, on dirait qu’on joue à je te tiens tu me tiens par la barbichette, qui va lâcher le premier, de moi qui regarde sa pupille gauche (la plus froide des deux) ou de lui qui sonde je ne sais quelle partie de mon œil pour y lire ce que je peux bien raconter avec les yeux … le temps est suspendu …

il détourne son regard du mien et lâche « qu’est-ce que tu veux avoir de pire que le vent dans la gueule et les vagues dans la gueule ? », je n’ajoute rien, je sais qu’il pourrait y avoir bien pire, genre écartelée sur la place publique pour avoir volé … une plaque de chocolat pardi ! je devais avoir 6 ou 7 ans quand j’ai volé une plaque de chocolat dans le buffet de ma tante à la ferme, par ennui autant que par gourmandise, je me suis faite gaulée, on n’est pas malin à 6 ou 7 ans, j’ai dû demander pardon à genoux et quand papa m’a récupérée j’en ai pris pour mon grade. Cette honte ressentie m’a poursuivie très longtemps – bien que j’aie fait sûrement pire depuis, humaine que je suis, rien ne m’a autant marquée que cette affaire, au point que je n’osais pas m’en confesser auprès du curé de l’école catho à laquelle j’étais inscrite, je me souviens que nous échangions entre copines des idées de péchés à avouer au curé, qu’est-ce qu’on peut bien avoir péché à cet âge là, on inventait par exemple qu’on avait dit des gros mots à nos mères, vous pensez bien que si j’en avais dit j’aurais juste eu une bonne raclée … j’en ai eu l’idée, évidemment, quand maman interrompait mes lectures passionnantes de Fantômette ou du club des cinq dans le but tout à fait légitime de m’envoyer me couper les ongles et que la contrariété me bloquait le Qi du Foie, ce qui engendrait, bien malgré moi vous l’aurez compris, ce genre de pensée pas très catholiques …bon, bref, je n’osais pas avouer ma faute à ce bon curé affublé d’un strabisme divergent, aussi ne savait-on jamais à qui il s’adressait quand il tendait le doigt droit devant lui pour désigner la fille qu’il interrogeait en disant « toi ! », nous étions trois à demander « moi ? », une pour chaque œil et la dernière pour le doigt pointé – rebon et rebref, un jour, le curé qui devait en avoir marre de ce défilé de gamines qui bredouillaient péniblement avoir balancé des gros mots à leur mère, a décidé de faire une confession collective : il suffisait de penser nos péchés, et hop, il nous absolvait toutes, contre 10 je vous salue Marie (récités à la hâte pour s’en tirer à bon compte). Quelle aubaine ! me direz-vous, et bien niet, non, nein, no, après avoir senti les ailes de la délivrance me pousser dans le dos, je suis retombée sur terre telle une poire blette, jamais cette affaire ne serait résolue, la désolation m’est tombée dessus comme la vérole sur le bas-clergé, j’étais vouée à la damnation éternelle …

… où en suis-je aujourd’hui en mon âme et conscience me demanderez-vous ? bah, il y a longtemps que j’ai pardonné à la petite fille que j’étais, et que j’ai compris que justement, c’est en notre âme et conscience que nous devons chercher la compréhension de nos actes et le pardon, nul besoin de le chercher ailleurs … c’est ce qui construit notre humanité, qui nous permet de se connaître mieux, soi et donc les autres … j’ai un très bon ami qui est le plus catho des cathos de la planète, qui n’est pas du tout d’accord avec moi quand on évoque ce genre de sujet, il pense qu’on doit se confesser, qu’avouer à un autre fait preuve d’humilité … je ne sais pas … mais je ne le pense pas, grands dieux non, pourquoi aller chercher le pardon ailleurs qu’en nous-mêmes ?

le bon dieu sans confession 🙂

tout ça pour vous dire quoi déjà ?

ah oui !

je reprends : je dis au capitaine qu’on verra bien et qu’on fera avec … pas la peine d’avoir peur avant le moment opportun, et je me dis qu’on verra aussi ce que j’ai dans le ventre, rien de tel que de se mesurer à l’ennemi pour le savoir !

il y en a partout : dans les coffres en-dessous des planchers …
… dans les coffres des sièges …
… de tous côtés !

ce soir on dort dans le bateau, et demain c’est le grand jour, je vais tenir le journal de bord et je vous donnera des nouvelles à chaque escale, promis !

entrées maritimes ce soir (j’aime bien, ça me fait les cheveux tout bouclés)
je ne résiste pas à vous mettre cette photo que je trouve sublime, toujours ce soir avec les entrées maritimes
  • avoir le vent dans la gueule, c’est avoir le vent qui vient de face au bateau, et si on se met face au vent, et bien le bateau n’avance pas – donc on doit « tirer des bords », c’est à dire naviguer en zigzag pour aller là d’où vient le vent, on doit « remonter au vent » – du coup ça rallonge le temps de navigation, et en général le bateau tape dans les vagues, et comme le dit si bien le capitaine, c’est moins confortable 🙂
  • Lorsqu’une masse d’air transportée par un flux en provenance du large franchit une côte, son passage de la mer à la terre s’appelle une entrée maritime : ça veut dire qu’on se retrouve dans une véritable purée de poix créée par l’humidité qui remonte de la mer, le pain est tout mou, on est tout moite et tout frisé, on ressemble vraiment à un marin buriné

Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

14 commentaires sur « here we are ! »

  1. Chère Isabelle
    Je suis de tout coeur avec toi, connaissant ce milieu, car j’ai aussi un capitaine dans ma vie 😉

    J’ai suivi depuis le début cette grande préparation et j’ai hâte de connaitre la suite de tes aventures avec ce ton d’humour qui nous régale.

    Quelle aventure, quel défi ! Votre bateau est superbe, mon capitaine l’a regardé avec les yeux brillants

    Bonne Nav à vous 2 et que le vent vous porte

    Laura

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  2. Merci et bon voyage je vous envie je rêve moi aussi de faire le tour du monde en bateau peut être un jour et merci de nous prouver que tout est possible 🙏🙏🙏🙏🙏🙏

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  3. Ah super , demain, c’est le grand jour ! Pour les péchés , c’était pareil pour moi et mes copines … on se consultait assises contre le mur du cimetière avant « qu’est ce qu’on a bien pu faire de mal ? » A 7 -8 ans .. rien de grave .. alors, on inventait .. Douce nuit à vous et bon vent matelot !

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  4. Bon voyage et plein de découvertes de nouvelles plantes pour les soins !
    Si vous en trouvez aussi pour les diagnostiquées comme moi « DICV » = déficite immunitaire commun variable (manque de gammaglobuline) ça serait super.
    Merci de nous permettre de vous suivre dans cette belle aventure.
    Bon vent !
    Bon vent

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