
Réveillés naturellement à 7h, réveil qui sonne à 7h30, debout à 7h32 tapante, bateau prêt à partir à 11h ainsi qu’il sied aux gens bien comme il faut, je ne pipe mot mais affiche un air de premier de la classe, on voit partir des bateaux, c’est le cas depuis hier avec les prévisions qui s’améliorent mais la plupart de ceux que l’on connaît partent demain car il est prévu que le vent se calme sensiblement, la houle devrait suivre, le capitaine va à la poupe pour remonter l’ancre et je suis à la barre, j’entends baragouiner
- marche pas
- quoi ?
- le guindeau ! Il marche pas !
- Bin mince !



le départ étant de facto retardé, on refixe la bôme (que je me suis prise dans la tronche en enlevant le bout qui la tenait, le capitaine m’a expliqué pourquoi cela m’était arrivé mais je n’avais pas besoin de lui pour le savoir, je lui ai quand même dit que ça allait vu qu’il ne pensait pas à me le demander pour ne pas avoir à s’apitoyer inutilement) (c’était juste un petit coup de bôme derrière la tête, là où le cerveau n’est pas important) (j’espère) et on refixe aussi les barres, et le capitaine file changer le relais du guindeau car il pense et prie que ça soit ça le problème et surtout il a un relais de rechange alors ça tomberait bien que ça soit ça la panne


Midi : ça marche ! Il est trop fort le capitaine ! Et notez qu’il se débrouille toujours pour partir après midi, y’a pas à dire, c’est son karma, et d’ailleurs comme il est midi on mange, c’est plus prudent, et puis c’est l’heure, plus rien ne nous retient, on relève l’ancre et ce n’est pas une mince affaire avec le vent qui embarque le bateau, bateau qui pour l’heure est au moteur et ma pomme à la barre, dans un monde parfait il faudrait que je réussisse à aller à la vitesse avec laquelle le capitaine remonte la chaîne et l’ancre, et dans la bonne direction, mais dans la vraie vie si je ralentis le bateau se fait embarquer par le vent et tourne, et si je ne ralentis pas ça va trop vite, je vois de loin le capitaine faire des gestes à mon encontre accompagnés de la tête ad hoc, finalement je fais à mon idée sinon c’est le foutoir, le capitaine me fait enfin signe que l’ancre est relevée, ouf, j’ai réussi à n’emboutir aucun bateau alentour pendant la manœuvre, couronnée d’un hé bien c’était parfait, on s’est bien débrouillé ! du capitaine, c’est vachement mieux qu’une médaille
on tournicote dans le port pour hisser la grand voile et mettre l’hydrogénérateur derrière le bateau, et puis on s’en va, ça y est, on sort du port, il est 14h pile quand on commence la grande traversée

mon enthousiasme, si tant est que j’en éprouve parce que c’est plus la circonspection qui l’emporte en cet instant, est vite tempéré par une houle de 3 mètres avec des vagues dans tous les sens et un vent à 35 noeuds bien établi et rafales à 40, mais fi de ces considérations météorologiques, c’est parti, on tangonne le génois et zou, on avance comme un avion, jusque là tout va bien à part les secousses de la houle, fallait s’y attendre
mais quelques heures plus tard, presque plus de vent et il est tournant, on est sous le vent de Santo Antao, les voiles claquent à cause de la houle qui fait rouler le bateau, et la mer est confuse comme dit le capitaine qui n’arrête pas de manœuvrer pour tenir au mieux le bateau, on fait toutes les manœuvres attachés avec un harnais tellement le bateau balance, et puis il fait nuit, tout a l’air pire la nuit, que vous dire des manœuvres qui suivent par mal de mer, le capitaine vomit là où il est par dessus le bastingage (il dit qu’il donne à manger aux poissons, j’espère que ceux-ci savent apprécier ma cuisine, en l’occurrence plutôt sommaire par ce temps agité, mais ça reste du lard aux cochons), mais moi il me faut mon petit confort alors je file m’agenouiller devant les WC, je n’ai pas envie de basculer cul par-dessus tête en vomissant tripes et boyaux dans l’océan tout noir par cette nuit sans lune, et puis c’est tellement le cirque qu’on finit par enrouler le génois et affaler la grand voile pour sortir de cette zone chahutée au moteur, le capitaine décide de laisser la grand voile affalée et fixe la bôme parce qu’il a noté que le mulet a du jeu (après s’être fait une grosse frayeur en croyant qu’il était cassé et moi en croyant qu’on allait devoir faire demi-tour), le vent remonte peu après à 25-30 nœuds, on déroule le génois et c’est tout, ça nous fait avancer à 6-7 nœuds et c’est très bien pour la nuit, on s’allonge chacun sur notre couchette pour attendre que la nuit et le mal de mer passent de concert
Jour 2
sous génois seul, on économise le baudet (pourquoi ne pas l’appeler un baudet tant qu’on y est) à cause du vent et toujours cette houle forte, on avance à 6 ou 7 nœuds et on se remet de la journée d’hier, le plus souvent couchés, mais on réussit à garder ce qu’on mange, à un moment le capitaine me dit que j’ai repris un peu de couleur, lui a bonne mine je trouve et le lui dis, il a des doutes quant à cette affirmation, peut-être quant à mes affirmations de manière générale, je ne saurais le dire et ne peux l’en blâmer, Bouddha a bien dit doutez de tout et même de ce que je vais vous dire
Jour 3
cadavres de poissons volants dans le bateau, le capitaine rejette les corps à la mer et nettoie les écailles, on hisse la grand voile car le vent et la mer sont stabilisés, mais le capitaine fixe la bôme avec une retenue pour éviter qu’elle ne bouge avec la houle et que cela n’achève le mulet + génois tangonné
remonter la grand voile ça veut dire se mettre près du vent et face aux vagues, ça décoiffe même les plus mal coiffés (moi), cela nous fait perdre du temps et crotte de bique on ne voit plus la voile que l’on voyait au loin depuis notre départ de Mindelo (nervosité)
mais une fois bien toilés, et à la vitesse que cela induit (on fait maintenant du 8-9 nœuds avec des pointes à 10, 11, parfois 12 quand on surfe sur une vague) on la revoit vite … on la rattrape petit à petit, pour plaisanter je dis au capitaine qu’on va les pourrir, il hausse les épaules comme d’une gaminerie, il n’a plus l’âge à en croire sa mimique … mais voilà qu’il décide soudain de dérouler la trinquette, soi-disant pour voir ce que ça donne avec cette voile de plus, on se doute bien que c’est pour aller plus vite sinon à quoi bon … et puis il trouve que le pilote ne marche pas bien car s’il lofe au pilote ça fait gonfler le génois à contre et s’il abat on s’écarte du bateau que le capitaine veut pourrir (c’est clair que c’est ça qu’il veut), le capitaine maugrée après ce pilote qui ne manœuvre pas assez finement, ni une ni deux le stoppe et prend la barre, les yeux rivés sur son point de mire, de main de maître il le rattrape, ce qui reste facile pour être honnête car ce voilier n’était que sous génois (mais, humilié – carrément – hisse sa grand voile une fois que nous l’avons dépassé), tandis que le capitaine remet le bateau au pilote avec une petite mine satisfaite en filigrane sur son visage glabre (padam pa tcha !) (il n’est plus glabre du tout car il ne s’est pas rasé depuis quelques jours, mais j’aime bien la solennité de l’évocation)
Jour 4
Ai renversé le café du capitaine dans le cockpit, son verre étant posé au sol pour ne pas tomber, plutôt raté
- j’aurais dû le boire (pour me consoler devant ma mine désolée)
- je n’aurais pas dû me lever pour jeter mon trognon de pomme (pour ne pas l’accabler)
- tu aurais dû me le demander … et puis ça ne serait pas arrivé s’il y avait une table dans le cockpit
C’est donc la faute au (du ?) … (allez, au pour cette fois ci, ce qui me fait penser qu’en Martinique il faudra que j’aille au coiffeur) donc c’est la faute au capitaine si j’ai renversé son café, je n’aurai pas de gage, ça c’est le genre de truc qui me plairait bien mais le capitaine est bien sérieux, oh oui ! bien sérieux et pas du genre à me donner un gage marrant, il me ferait plutôt laver le bateau à la brosse à dents
un oiseau, hybride entre la mouette et le fou des Antilles, a volé pendant plusieurs heures en nous suivant et en tentant tant bien que mal (toute petite, mais allitération quand-même, en tan) de choper un poisson volant, on l’a baptisée la mouette pour faire simple et on l’a regardée longtemps, je commentais au capitaine, le temps qu’elle voie un poisson volant et qu’elle lui tombe dessus, le dit poisson avait déjà replongé, elle ne savait pas anticiper la pauvrette, et aussi, comment ferait-elle si elle en attrapait un gros, elle ne pourrait pas l’avaler tout rond, aurait elle l’idée de venir se poser sur le bateau pour déchiqueter sa proie ? combien de temps pourrait-elle voler avec ou sans manger ? que de questions sans réponse puisqu’à un moment, plus de mouette, il faut dire que le capitaine est descendu sur la jupe pour prendre sa douche, je crains que ça ne l’aie traumatisée
n’empêche, pour que vive la mouette, je voudrais qu’elle mange un poisson volant, il passe de victime à source de vie
On file bon train, bonne allure, bon vent, de fil en aiguille ça me fait penser à une expression dont finalement je ne connais toujours pas la véritable signification, moi j’ai toujours cru que ça voulait dire … attendez, il faut que je vous raconte, tenez vous bien (éloignez les oreilles chastes) : papa et maman étaient venus à la maison et au moment de partir, pour leur souhaiter une bonne soirée car ils allaient faire la fête je ne sais plus où, je leur ai dit, histoire de varier mes vœux, bonne bourre ! puisqu’on dit « il s’est bourré la gueule », vous voyez bien l’association innocente dans ma tête, mais quand j’ai vu la tête qu’a faite papa, genre qu’a t’il fait pour mériter ça, j’ai pensé que ça devait avoir une connotation autre que celle supposée, personne depuis n’a infirmé ni confirmé ma déduction (faut dire que je ne m’en suis pas vantée) … et dans le genre, si vous aimez les anecdotes futiles (j’adore, c’est le sel du quotidien), ma sœur jumelle et moi on n’avait pas 12 ans, ça c’est certain parce que la famille dînait dans la chtouf, pièce baptisée ainsi par maman je ne sais pourquoi et attenante à la cuisine dans laquelle nous mangions à 6 à l’époque, la salle à manger étant réservée aux grandes occasions ou aux gens d’importance (au passage j’ai une aversion pour les salles à manger, voir une table et des chaises vides qui ne servent pratiquement jamais ça me filerait le bourdon si j’avais une nature sujette à la mélancolie), ce soir là nous en étions au dessert et ma sœur se prend une giclée de jus d’orange dans l’œil et s’exclame oh ça jute, elle s’en est pris une bonne de la part de papa, ce qui a eu pour effet de nous faire comprendre illico ce dont nous ne nous doutions pas, à 12 ans tout de même, les adultes ont la curieuse manie de penser comme des adultes en oubliant qu’ils ont été eux-mêmes des enfants n’est-ce pas, et même, est-ce que ça aurait valu une baffe ? (pour être parfaitement honnête avec vous, je me suis demandé jusqu’au dernier moment si je devais ou non vous raconter ça, et puis si vous le lisez c’est que la pièce est retombée côté pile)(Dieu existe je vous dis)
Jour 5
6, 6 ! poissons volants décédés, je vais devoir mettre un panneau interdit aux poissons volants si ça continue
Il y a deux jours le capitaine a demandé « elle n’a pas envie de pêcher isabelle ? » (des fois il parle de moi à la 3eme personne) j’ai répondu que non et lui ai demandé si lui en avait envie, il a hoché négativement la tête en se détournant, moi je sais bien pourquoi il ne veut pas pêcher, parce qu’après il faut faire cuire le poisson et que ça sent (ça pue) le poisson dans tout le bateau ce qui a le don de le crisper (euphémisme), et il n’est pas fana du tartare ou du poisson cru, donc je suis tranquille de ce côté là, je suppute qu’il pourrait être capable de ne manger que des nouilles cuites à l’eau pour être certain de ne pas salir le bateau, mais voilà, il a un faible pour les patates rôties, alors ça salit, c’est sûr, mais bon on ne pêche plus 🥳
Événement du jour, à l’heure où j’écris, espérant que le gros cumulus derrière nous ne va pas nous rattraper en se changeant en cumulonimbus, on a croisé un navire de pêche coréen, et on a dû faire attention aux bouées qu’il avait semées de-ci de-là avec ses filets pour écumer l’océan et remplir les boîtes de thon et de sardines

j’ai demandé tout de go au capitaine s’il savait pourquoi l’eau des mers est salée, il a dit « non mais c’est comme nous, on est plein d’eau salée », je lui ai souligné qu’il va finir par être taoïste s’il continue à comparer la planète et l’être humain, et ai ajouté que c’est pour ça que la lune a des influences sur les gens comme sur les marées, il a levé un sourcil …
on a fait le 1/3 du parcours
la grande question c’est médite t’on en mer au lieu de penser à tout et n’importe quoi (cf plus haut) ? je ne sais plus quel sage hindou a dit que notre esprit est comme l’océan et nos pensées comme les vagues qui surgissent et repartent à l’océan, qu’il faut les laisser émerger puis repartir sans s’y attacher, alors je m’y emploie, mes pensées surgissent, je les regarde et les laisse passer et s’enfouir à nouveau, sans jugement (c’est un excellent exercice, parfois surprenant, parfois drôle, parfois triste, toujours inattendu)
Jour 6
j’ouvre un œil, je ne sais pas quelle heure il est mais j’ai assez bien dormi, le capitaine a eu la générosité de relever l’hydrogénérateur qui fait le bruit d’un réacteur d’avion au loin et fait parfois vibrer la coque en alu du bateau, sans compter le bruit de la ventilation dans la cabine, j’avais donc peu et mal dormi la nuit précédente
je vérifie que tout va bien et me recouche, il fait encore nuit noire, plus on va à l’ouest plus il fait jour tard, le matin comme le soir, bien 1/4 d’heure par jour
à 6h30 le réveil du capitaine sonne, je le cherche partout dans le bateau pour ne pas le réveiller vu que moi je le suis, mais je ne le trouve pas, je me recouche et la sonnerie reprend juste à côté de moi, normal le téléphone du capitaine est sur ma couchette, je me demande avec étonnement comment ça se fait, quand je le lui dis plus tard il me jette un regard qui dénote une admiration sans faille sur ma capacité à être sotte (parfois je m’émerveille moi-même, comment l’intelligence et la bêtise peuvent cohabiter si étroitement dans une seule et unique personne)(c’est ça aussi qui me fait tellement aimer l’humanité), c’est lui qui a posé son téléphone à côté de moi pour que je sois réveillée à mon tour pour faire mon quart, rien de surnaturel là dedans, tout s’explique, mais cette solution toute simple ne m’avait même pas effleurée, je dois quand même être un peu fatiguée ou alors c’est le coup de bôme derrière la tête, ou encore papa qui avait la tête ailleurs le jour où il m’a faite
fin de matinée, le vent est tombé à 20/22 noeuds, le capitaine trouve qu’on se traîne et décide de lâcher 1 ris (on en a 2) alors manœuvre, il faut se rapprocher du vent, au fur et à mesure que le bateau lofe, les vagues viennent de travers et le vent souffle de plus en plus fort, en fait il souffle toujours de la même façon mais la perception est différente, on lâche notre ris en se prenant une grosse vague qui nous éclabousse de la tête aux pieds, heureusement que je ne me suis pas lavé les cheveux ce matin, quand on reprend notre cap tout se calme, j’adore l’allure au portant
depuis 2 jours on voyait flotter pas mal de sargasses, mais pas aujourd’hui, ce qui me fait penser aux algues qu’on utilise en Médecine Traditionnelle Chinoise, notamment pour traiter les goitres, mais jusqu’à présent dans les îles où je suis passée, il ne m’a pas été fait état de l’utilisation médicinale des algues, je vais regarder cela de plus près
Sur l’AIS un bateau nous a rattrapé et doublé, on en l’a pas eu en vue, quand je le dis au capitaine il balance tout de suite que ça doit être un catamaran, je vérifie et bingo, il avance à 10 noeuds, c’est un gros cata, un bateau qui coûte une blinde alors c’est pour ça que ça va plus vite, c’est le minimum, l’honneur du capitaine est sauf

On a vu un autre bateau, Archibald 2, échange par VHF entre les deux capitaines, et puis au fil de l’après-midi on l’a rattrapé, à un moment j’ai bien cru qu’on allait finir par entrer en collision, le capitaine était à la table à cartes et jetait parfois un œil vague sur l’AIS, moi je lui répétais qu’on se rapprochait vite et vraiment très près, je n’avais aucune envie de devoir manœuvrer au dernier moment et dans la précipitation, j’admirais le flegme du capitaine qui a fini par sortir dans le cockpit, bien lentement pour me prouver qu’il n’y avait aucune urgence, et m’expliquer qu’il était impossible qu’on se rentre dedans vu nos vitesses respectives et nos trajectoires, de fait on est passé derrière, le capitaine me demande régulièrement si j’ai bien fait une section C, il me le sort à tout bout de champ, dès qu’il parle mécanique ou électricité ou plan de ceci ou cela et cosinus pour calculer un angle, bin oui, j’ai un bac C, mais y’avait pas l’option hauturière et s’il y a eu des cours d’électricité ou de mécanique je n’ai pas été prévenue 😁
Et une fois qu’on l’a eu doublé, Archibald 2 a hissé sa voile d’artimon, trop tard, il est mauvais, il est mauvais ! 🤓 (lire le premier il est mauvais avec une intonation descendante et le second avec une intonation montante)(merci)

On a fait une pointe à 13,42 nœuds, qu’on se le dise
Jour 7
c’est fou toute l’eau qu’il peut y avoir, que d’eau que d’eau, je me demande par quel miracle elle tient sur terre, bien entendu il y a des explications rationnelles (bac C) mais tout de même … de voir toute cette eau, tout ce ciel, toutes ces étoiles, je me demande pourquoi, pourquoi tout ça, pourquoi la vie plutôt que rien ?
la vie
la vie, et rien d’autre
Nuit, le bateau file , impression de laisser toute ma vie derrière moi … tout ce qu’on laisse derrière nous, de nous mêmes, et des autres … tout ce qu’on abandonne quand on choisit d’aller à la recherche de soi …

encore un voilier que l’on rattrape, ce n’est plus l’océan mais l’autoroute ! On échange à la VHF avec Éclipse, c’est chouette Éclipse comme nom de bateau, il y a deux jours ils ont essuyé une rafale à 46 nœuds qui leur a flingué leur pilote automatique, résultat des courses ils doivent barrer à tour de rôle et ils ne sont que deux, mais ça se passe bien selon eux, ça me fait froid dans le dos de savoir que le pilote peut lâcher, en même temps je suis née sous une super bonne étoile alors ça devrait le faire (🤞)
le vent est un peu tombé, il ne souffle plus qu’à 15/18 nœuds, notre moyenne retombe comme une baudruche qui se dégonfle à 7,7 nœuds alors qu’on avait tracé à 8,3 les précédentes 24h, et ça il aime pas le capitaine, donc on envoie le grand spi qui n’a plus de chaussette depuis le fameux épisode de chalutage, ça ne rend pas du tout le voyage plus agréable, même c’est le contraire parce que le bateau bouge beaucoup plus avec le spi qui se balance et claque d’un côté puis de l’autre, j’entends le bras de spi qui grince contre un chandelier et qui dit ça grince dit ça s’use
sur le coup de 16h le capitaine descend faire une petite sieste, il n’a pas le temps de s’allonger que BANG !!! et que j’appelle le bras de spi a lâché ! Le bras de spi a lâché !
on le récupère bien plus facilement que l’autre fois car il n’a pas chaluté, mais même si 18 nœuds de vent c’est pas assez pour aller à plus de 7 nœuds, c’est bien suffisant pour faire gonfler et voler le spi tandis qu’on s’acharne à l’affaler sur le pont du bateau, après ça le capitaine a bien envie d’envoyer l’autre spi plus petit et plus plat, il pense à sa moyenne, moi je pense à ma tranquillité, au jour qui descend et à la nuit prochaine que je n’ai pas envie de passer à récupérer encore un spi, j’avance mes arguments car, que je sache, la houle ne s’est pas envolée, lui montre que l’écoute de spi de l’autre côté était super entamée et aurait lâché sous peu, il cède (avec un sourire condescendant)
On a fait la moitié du chemin en exactement 139 heures et demie, soit 5 jours et 19h1/2


C’est ce genre de compte qui fait que le sang du capitaine bout dans ses veines pour aller au-delà, toujours se dépasser, se faire mal pour se faire du bien, c’est tellement judéo-chrétien (je le lui ai déjà expliqué le concept mais il est tenace dans ses convictions)
Dans le déroulement infini de sa lame
Charles Baudelaire
Dans la série s’enrichir au quotidien, voici de quoi (réjouissons nous !) :
- Le guindeau est un treuil à axe horizontal utilisé sur les navires pour relever ou descendre l’ancre
- Mulet : ou plus justement vit-de-mulet, vits-de-mulet = ferrure articulée qui relie au mât la bôme d’un bateau à voiles, et permet à celle-ci de s’orienter horizontalement et verticalement
- A contre : placement d’une voile dans le sens opposé à une marche normale
- Pourquoi l’eau des mers est salée : il y a quelque 49 millions de milliards de tonnes de sel dissous dans les mers, l’équivalent d’une couche globale de 45 mètres d’épaisseur. Pourquoi ? A cause des conditions initiales de la formation de la Terre…Il y a 4 milliards d’années, notre planète était couverte de volcans qui libéraient dans l’atmosphère primitive de la vapeur d’eau et des gaz, dont du chlore et du soufre. Quelques centaines de millions d’années plus tard, lors de la formation des océans en partie par condensation d’une partie de la vapeur d’eau générée par la formation de notre planète, ces gaz se sont dissous dans les océans sous forme de sulfate pour le soufre et de chlore. Ainsi, la mer devint-elle salée, à 78 % tout du moins. Quant aux 22 % d’autres ions – sodium, calcium, potassium et magnésium -, ils ont au fil du temps été apportés par l’érosion – sous l’action des pluies et des eaux de ruissellement – des roches silicatées de la croûte continentale (merci Science & Vie)
- Pourquoi la perception est différente quand le vent vient de dos ou de face ? je l’avais expliqué avec le vent-vitesse, le vent-apparent et le vent réel, mais je donne à nouveau une explication : prenons un vent à 20 nœuds, avec un bateau qui avance à 10 nœuds, si le vent vient de derrière, on doit retirer la vitesse du bateau à la vitesse du vent, on a donc une impression de vent à 10 nœuds et c’est cool, par contre si le vent vient de face, on additionne la vitesse du vent à celle du bateau, on arrive donc à une impression de vent à 30 nœuds, et c’est moins cool, pourtant le vent réel va toujours à 20 nœuds, mais le vent-vitesse du bateau donne un vent apparent qui est la véritable perception que l’on a
- le chandelier est une tige métallique fixée verticalement sur le pont qui supporte la filière destinée à empêcher une chute à la mer
- NM : mille nautique = 1.852 kilomètres
- On va les pourrir : référence ô combien bédéphile, expression chère à Joe Bar

Vous avez tout bon les amis !
On avait bien rigolé entre frère et sœurs avec le jure d’orange, et hop : toile de jute envoyé le soir dans l’une de nos chambres, morts de rire et mal d’abdominaux consécutif 🤣🤣🤣
Et cela me rappelle, désolations, mes 4 ans et mon œil pile à hauteur de serrure et la punition qui s’ensuivit… ne prêtons pas aux enfants nos idées déplacées d’adultes , les dieux nous en préservent !
Heureuse de t’avoir eue au téléphone, c’était cadeau 💝
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour Isabelle! Nouvel épisode de ma série préférée! Merci!
Je dois vous dire, à bâbord ou à tribord, vous êtes très belle. Et votre capitaine que tranquillement vous nous dévoilez ( photo du bras et de la cuisse) est lui aussi très beau, même vu de dos et dans l’action! J’ai tellement ri quand la caméra a pivoté de 180 degrés juste au moment où il allait se retrouver de face et où vous lâchez ce ouiiii là; j’ai regardé cette vidéo à deux fois, ou trois peut-être. Ça me rappelle ce capitaine Troy, qu’adolescentes, moi et mes copines, totalement ébahies, regardions à la television (1960) : aventures dans les îles ou quelque chose comme ça!
Que Votre Voyage se poursuive dans ce miroir d’un bleu intense. Que « toute cette eau, tout ce ciel, toutes ces étoiles », celles qui brillent dans les cieux comme dans vos yeux, celles qui vibrent dans vos coeurs, ne fassent qu’une! Qu’elle soit Votre bonne étoile💫
J’aimeAimé par 1 personne
Magnifiques ces petites vidéos, tellement parlantes. Je crois que je serais malade également. Donc dans 15 jours rendez-vous aux Antilles. Bises
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour et merci de nous raconter votre périple avec autant d’humour, c’est tellement vivant !
Sans doute pas si facile le duo dans une surface aussi petite qu’un bateau, même si l’humour fait souvent des merveilles !
Les fêtes de fin d’année arrivent à grands pas et je ne connais pas les codes de ces fêtes en mer, vous nous raconterez ? Je vous souhaite, à tous les deux, de passer de bonne fêtes et j’espère en toute sérénité.
J’aimeAimé par 1 personne
Toujours un réel plaisir de te lire
Bises et bon vent
Yves et Sandrine Tchao 2 Ponton D Le Cap
J’aimeAimé par 1 personne
merci Yves et Sandrine, passez de belles fêtes de Noël ! je transmets les bises et le vœu de bon vent au capitaine 😉
J’aimeJ’aime
merci Caroline, et oui, je vous raconterai, même si je suppute qu’il n’y aura pas grand chose à raconter en fait, le capitaine n’est pas porté sur la fête 😀
J’aimeJ’aime
yes ! bien des bises Murielle 🙂
J’aimeJ’aime
oui Marithé, je trouve le capitaine très beau, mais il ne me croit pas une seule seconde, je lui ai dit plusieurs fois que j’aimerais qu’il se voie avec mon regard, mais à moins d’un miracle … bon, je crois aux miracles, alors on verra bien 🙂 je vous embrasse, vous êtes une véritable fée ❤
J’aimeJ’aime
arf arf arf je ne me souvenais plus de la toile de jute (MDR comme on dit quand on ne sait pas mettre les smileys sur wordpress !)
et oui je me souviens que tu m’avais raconté cette histoire de serrure 😀 ! je t’embrasse, je t’aime ❤
J’aimeJ’aime
Bonne continuation et merci pour ces récits très intéressants et pleins d’humour.. x
Bonnes Fetes de fin d’Annee et rdv en 2022 Isabelle !
J’aimeAimé par 1 personne
merci Michel, c’est adorable ! je vous souhaite également de très belles fêtes, entouré des vôtres et de beaucoup d’amour, et rendez-vous en 2022, avec plaisir 🙂
J’aimeJ’aime