du zen, et tellement plus

c’est une maison blanche, adossée à la colline … ceux qui vivent là ont jeté la clé

à Madère, il est prévu que je rencontre Antoine, alors on loue une voiture pour se rendre à Porto Da Cruz, au nord-est de l’île … nous prenons la route qui passe par Porto Moniz et je reste bouche bée tout du long, c’est la plus belle route que j’aie jamais vue, elle est bordée d’hortensias et passe dans des forêts d’eucalyptus, un véritable enchantement, je n’ai jamais vu autant d’hortensias de ma vie et pourtant j’en ai vu, j’adore les hortensias (et les pivoines) (et les lys) (mais surtout les coquelicots)

le nord de l’île n’a rien à voir avec le sud, c’est souvent le cas dans les îles, et ça l’a toujours été dans celles où je suis passée, on bascule de l’été à Calheta à un automne frais et venteux au nord, le contraste reste saisissant même quand on est avertie et que l’on en vaut deux

le capitaine me drive et heureusement parce que je suis une piètre conductrice, à vrai dire je ne conduis plus depuis des lustres, et c’est tant mieux pour l’avenir de ceux qui auraient la malchance de croiser ma route, je me contente de faire le copilote, encore que la confiance du capitaine soit également limitée à ce sujet et qu’il branche son GPS par précaution (il est ceinture et bretelles), nous arrivons à l’heure dite à mon rendez-vous dans ce lieu dont le nom m’intrigue : la maison ziazen, was ist das ?

c’est par là

Nous sommes accueillis avec une gentillesse confondante par Antoine et son épouse Cilene, la légère appréhension que je pouvais éprouver (on ne sait jamais dans des contrées somme toute reculées si on y pense) s’envole pour laisser place à une gratitude profonde envers la vie qui me fait ce genre de cadeau, la rencontre avec des êtres de cœur, de générosité, de simplicité et d’authenticité … Antoine a préparé des livres de plantes médicinales madériennes à mon attention, et pendant que Cilene nous sert une infusion de sauge-ananas de leur jardin, Antoine me fait des récits passionnants de l’histoire de Madère et de sa flore, il se révèle être un véritable guide et il partage sa passion avec les personnes qui viennent se ressourcer dans cette maison ziazen et randonner avec lui dans cette île aux fleurs dite aussi l’île aux mille couleurs … c’est le genre d’endroit qui nous imprègne, dans lequel tout prend une autre dimension, dans lequel on se pose même sans le vouloir parce que tout est fait pour que le temps prenne son temps, qu’il ralentisse, se suspende, que les énergies s’apaisent, le genre d’endroit où tout le monde devient gentil, où il n’y a plus de menace, plus de violence, plus de contrainte …

Antoine me raconte les lauriers de Madère, les hortensias, les dragonniers, il cueille des plantes de son jardin avec lesquelles il soigne des maux divers, notamment la consoude (nom familier) qu’il utilise en compresse pour les soulager les traumatismes, je prends des notes pour faire des recherches par la suite et il m’envoie par mail des données en Portugais pour m’y aider, ça me fait rire de devoir me mettre au Portugais que je ne connais tellement pas que je ne saurais même pas le différencier du Russe (en plus j’ai même pas honte) (je devrais)

Nous repartons après cette parenthèse enchantée, je suis excitée comme une puce d’avoir glané autant d’informations, alors bien sûr je suis à la recherche spécifique des plantes pour les femmes, mais comment ne pas s’intéresser (je minimise) au pouvoir des plantes ? J’ai tout de même des infos sur des plantes contre les douleurs de règles et une plante abortive, mais bon, les plantes abortives sont toxiques et en général dangereuses à utiliser … affaire à suivre ! j’ai du boulot en perspective !  

https://lamaisonziazen.com/

Sur la route du retour, la faim nous tenaillant et la nuit étant déjà là, nous nous arrêtons à São Vicente, pour de bon c’est bien parce qu’il n’y a rien d’autre que je dis d’accord au capitaine pour descendre à la Taberna, genre le dernier pub avant la fin du monde ou l’auberge rouge de Fernandel, bon … et bien on a mangé comme des rois pour pas cher, et tant que j’y suis, si vous passez par l’île de Porto Santos et que vous avez faim, il faut aller à Camacha, on y est vite puisque l’île est toute petite, pour manger au PXO Grill … de dehors on croit qu’on va devoir se taper une vieille saucisse sur un coin de table en plastique, et puis il faut entrer et quand on entre c’est immense, des tables avec des nappes blanches en tissu et tout le tralala des grands restos, avec le capitaine on a failli se barrer parce qu’on s’est cru débarqués à un mariage ou à une remise de prix, mais on nous a installé à table sans tiquer sur nos shorts et nos casques de scooter (c’est le jour où on avait loué un scoot électrique) et on s’est bien tapé la cloche, le meilleur octopuss de tous les octopuss que j’ai mangé depuis les quelques décennies où je suis sur terre, et c’est comme pour les hortensias, j’en ai vu un paquet

une fois repus, nous rentrons par la voie express, et je peux vous dire que Madère est, en résumé (c’est le mien et il n’engage que moi), l’île aux hortensias, aux eucalyptus, aux bananiers (il y a des bananeraies à foison), mais aussi l’île … des tunnels et des ronds-points ! Passer par la voie express prive totalement de découvrir Madère, mais permet de découvrir son urbanisme de pointe tout en se couchant à une heure raisonnable, surtout que demain on s’en va visiter le jardin botanique et de plantes médicinales, je vous mets quelques photos de ce que cela nous a réservé pour vous donner une idée … quelle richesse !

ayant fait ce que j’avais à faire, nous pourrions repartir, mais voilà, il y a trop de vent et trop de mer, comme dit le capitaine on ne va pas se faire brasser pour le plaisir, on se dit qu’on va attendre un peu (c’est lui qui décide) et partir à la découverte de Madère à pied

Madère c’est aussi l’île des randonnées, alors le capitaine me dit d’en choisir une, je choisis celle qui me tente le plus : la levada do Caldeirão Verde !

parce qu’il est dit qu’elle est bordée, entre autres, de Cèdres du Japon, de hêtres d’Europe, des fameux lauriers de Madère, si vous voulez savoir pourquoi toutes ces espèces d’arbres et de plantes vivent sur cette île, demandez à Antoine et il vous racontera cette passionnante partie de l’histoire de Madère

Bien que les guides préviennent que c’est abrupt, je n’y prends pas garde et le jour d’après nous reprenons la route parce que mon choix se trouve à l’autre bout de l’île, ce dont le capitaine me remercie vivement, sûr qu’il a bien envie de se coltiner encore des tunnels et des ronds-points, comme il m’en fait la remarque je pousse de hauts cris pour lui dire qu’on n’a qu’à changer de plan et trouver une rando plus proche, non, il se sacrifie, et nous arrivons à une heure déjà bien avancée à notre point de départ, mais j’ai emporté le reste de ce fameux gâteau madérien étouffe-chrétien et j’ai même acheté 2 sandouiches type SNCF (miam miam) à la station-service dans laquelle nous avons fait le plein, nous sommes parés…

je gambade sur le chemin comme un jeune chien qui découvre l’odeur de l’herbe pour la première fois, ivresse, le capitaine quant à lui avance à pas comptés, sobriété sobriété, un peu de tenue que diable, me prévient quand il y a une racine ou une flaque, je vois bien qu’il a peur que je m’explose une cheville et qu’il doive me porter sur son dos, je suis peut-être (c’est certain) zinzin mais pas encore folle, je ne compte absolument pas me casser quoi que ce soit … petite pause sandouiche le cul sur une pierre froide et les genoux jusqu’aux épaules (la pierre est basse ou mes jambes trop longues, espérance quand tu nous tiens), petit pipi derrière un tronc en priant pour que le capitaine regarde ailleurs (je déteste faire pipi derrière un arbre) (ou un buisson ou dans la nature tout court) et nous continuons notre chemin … qui commence à devenir plus … comment dire … pittoresque ? … nous longeons le canal d’irrigation et le chemin qui le longe est de plus en plus étroit, voire large comme une poutre entre le canal et … le vide

à gauche, le mur de roche, puis le canal d’irrigation, ensuite le « chemin » et à droite le vide, ici il y a des arbres, c’est tranquille … des fois y’en a pas

Il y a longtemps que je ne gambade plus et que j’évite de regarder les pentes abruptes évoquées par les guides touristiques mais ignorées de mon inconsciente personne, je me concentre sur le mur de roche et le canal, je suis sujette au vertige … c’est bizarre le vertige, le capitaine me dit qu’il n’y a rien à craindre mais ça ne sert à rien, la raison n’atteint pas le cerveau de la personne sujette au vertige en général ni le mien en particulier, encore moins le mien je dirais même, je suis comme droit-debout dans la bouche à feu d’un canon , quelqu’un va l’armer et je vais être propulsée dans le vide au loin telle la femme obus … je continue, j’avance, je serre les fesses encore plus que mes mâchoires et je suis le capitaine (du verbe suivre, jamais je n’aurais l’outrecuidance de penser que je peux être le capitaine, ni même de lui arriver à la cheville) … jusqu’au moment où cela devient insupportable, je suis face au mur de roche, je ferme les yeux, tétanisée, là je suis sûre de ne pas passer, si je tente de passer c’est clair que je vais sauter dans le vide comme une imbécile, je dis non au capitaine (lire impérativement un petit livre pour apprendre à dire non, ça aide à survivre) , il me tend la main et me dit de la tenir pour avancer et que ça va aller, mais je sais bien que je l’entraînerais dans ma chute, alors je dis non, alors il hausse le ton, arrête ton cinéma (si, il l’a dit, même s’il prétend le contraire) bon sang c’est toi qui a voulu venir ici alors tu vas jusqu’au bout ! c’est vrai que ce n’est pas le genre à avoir pitié mais je lui dis quand-même qu’il n’a qu’à continuer tout seul et m’abandonner, la neige est elle est trop molle pour moi (bravo à ceux qui auront reconnu), il hausse encore d’un ton et me dit que je n’ai qu’à marcher dans le canal … cet homme est définitivement un génie ! je ne me fais pas prier et saute dans le canal, le capitaine est tout surpris car il ne s’attendait pas à ce que je le fasse, j’ai de l’eau jusqu’aux genoux, elle est froide et ça me fouette le sang, là je me sens en sécurité et désormais à chaque fois qu’il y a des passages trop vertigineux, je marche dans le canal

… on arrive au bout, le capitaine est content mais moi pas tant que ça, j’aimerais bien être plus valeureuse, même téméraire, pas trop mais un peu, chevalier sans peur et sans reproche, ralliez-vous à mon panache blanc toussa toussa … mais voilà, je dois juste faire avec moi et c’est pas si simple …

Pendant tout ça le vent s’est calmé, la mer pas encore, mais il était temps de quitter Madère, on a refait le plein d’eau, lavé le bateau, pris des fruits et des légumes, on a téléchargé un GRIB et conclu que quoi que disent le vent et la houle, et bien on n’allait pas rester plantés là …

eyeful I tell you

Mais qui y’a t’il à savoir de plus ?

  • Besoin de vous ressourcer au plus près de la nature et de la générosité humaine : faites une retraite chez Antoine et Cilene qui, elle, vous donnera des cours de Yoga et de massages – https://lamaisonziazen.com/
  • Les levadas sont des canaux d’irrigation dont l’origine remonte au XVIe siècle. Conçues pour acheminer l’eau du nord-ouest (plus humide) vers le sud-est (plus sec) plus propice à l’agriculture, notamment aux plantations de cannes à sucre. La plupart des levadas sinuent à flanc de montagne, mais à certains endroits elles traversent des tunnels creusés sous les massifs (c’est vrai, on en a passé et le capitaine s’est explosé la tête parce qu’il ne marchait pas assez courbé)
  • Les fichiers GRIB sont des fichiers numériques compilant des données météorologiques telles que la pression atmosphérique, le vent, les températures, les vagues …
  • Vous avez vu une photo de canne à sucre dans les photos de plantes médicinales, on peut s’en étonner, mais non ! le sucre de canne intégral est utilisé pour ses vertus en Médecine Traditionnelle Chinoise, notamment et entre autres parce qu’il « nourrit le sang » (cependant il ne faut pas en abuser)
  • Les dragonniers : à lire cet article fabuleux, j’y suis sensible car c’est un fruit qu’on consomme beaucoup en Chine : https://www.madeiraallyear.com/fr/madere-et-ses-dragonniers-nos-larmes-de-dragon-a-nous/
fruit du dragon à chair rouge
fruit du dragon à chair blanche (celui qu’on trouve en Chine)

Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

8 commentaires sur « du zen, et tellement plus »

  1. Bonjour, Bonjour,
    Superbes photos, merci pour ce voyage sans vertiges!!! à Nancy la froidure et le brouillard ce matin, s’il se lève il y aura un magnifique soleil
    Belle continuation et au prochain message
    merci tout plein,
    Françoise

    Aimé par 1 personne

  2. Ah comme je te comprends, toi le vertige et moi claustrophobe je refuse l’IRM et pour le reste j’essaie de respirer calmement. Merci pour ton joli reportage. Tu me fais rêver … Bisous

    Aimé par 1 personne

  3. Moi, je aime les dragons, ceux de la mythologie et des contes, des images et des films , mais je n’en ai jamais vus en vrai .
    quant au vertige, no worries, it’s in the family but for a few exceptions…
    Bisous bisous à vous 😀🥰🥰

    Aimé par 1 personne

  4. Chère Isabelle,
    Merci de partager avec nous vos péripéties ! (va falloir en faire un bouquin quand vous serez revenue, un jour ?)
    J’adore votre humour et les tunnels de Madère, d’une beauté à couper le souffle….!
    Quelle nature luxuriante sur cette île et comme vos hôtes sont sympathiques !
    Si un jour vous venez en Suisse (oui, d’accord, ce n’est pas à côté de la mer…), que les canaux d’irrigation et le vertige de Madère vous manquent, vous pourrez faire connaissance des bisses (c’est comme ça que l’on appelle les canaux d’irrigation en Valais) à flan de montagne !
    Prenez bien soin de vous, je vous embrasse,
    Catherine

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