

alors on fait quoi pour Noël, demandé-je au capitaine, qui grommelle un truc inaudible mais pourtant fort compréhensible en langage non-verbal, Noël c’est pas son truc, ni les anniversaires, Pâques non plus je parierais (je ne parie que lorsque je suis certaine de gagner, c’est comme ça que j’avais gagné un beau billet de 10 francs avec papa sur le nombre de branches de l’étoile Juive, pourtant je n’avais que 11 ans, je m’en souviens j’étais en 6ème, et 100 francs avec grand-papa qui m’a bien eue car il m’avait donné 100 anciens francs pour solde de tout compte, j’avais été dégoûtée), pas plus que les fêtes en général, je ne sais pas pourquoi, encore que j’aie cru comprendre qu’il n’aime pas les repas interminables et les cadeaux sur commande, mon avis diffère, non que j’aime les repas interminables (le pire ce sont ceux des dimanches de communion), mais participer à une ambiance collective me plaît, savoir que partout dans le monde les humains fêtent un événement me plaît, j’aime la synergie de groupe, le partage, je préfère chanter en chorale que seule (hélas pour la chorale) et faire de la voile en compagnie que de la planche à voile en solitaire, vient-ce du fait que même dans le ventre de maman j’étais avec une jumelle, je suis encline à le penser mais nous ne sommes pas ici pour analyser ma psyché brinquebalante mais bel et bien pour vous parler de Noël, Noël, donc, que n’aime pas le capitaine, là aussi on peut se demander pourquoi, déception insurmontable à la révélation de la non-existence du père Noël, ce mensonge éhonté, rancune tenace à propos d’un cadeau espéré en vain ? … nous sommes si peu de choses, un rien nous détermine, ça fout les jetons quand on y pense …
Bref : Noël alors ?
le capitaine me dit que nous sommes conviés à participer à une grosse teuf organisée sur la plage proche du mouillage, autant dire que ça lui donne envie de lever les voiles dans l’heure pour fuir les tentacules de la déchéance, je n’ai pas mon mot à dire, je vois dans son œil qu’il me croit capable de m’amuser grave pendant qu’il regarderait péniblement s’égrener les heures, et il a bien raison, mais en même temps si j’ai le capitaine avec moi ça me suffit amplement comme Noël, vous me direz alors que c’est comme les autres jours de passer Noël juste avec le capitaine, c’est ça, ma vie c’est Noël tous les jours (j’espère qu’il lira ce passage-là s’il ouvre mon journal de bord au hasard d’un jour d’ennui)(ça n’arrivera jamais, il ne sait pas s’ennuyer)(du coup je peux raconter ce que je veux sur son dos arf arf arf)
Alors on se sauve de Ste Anne et on file mouiller à St Pierre avec notre enrouleur de génois réparé et tangonné comme au bon vieux temps, et on se prend des grains qui le lavent à grande eau tout autant qu’à la grande joie du capitaine parce qu’il était encore plein du sable de l’harmattan de Mindelo (le génois, pas le capitaine qui se lave sans attendre le prochain grain) puisqu’il a passé une grande partie de notre traversée enroulé et n’a pas eu le loisir d’être rincé, je le suis tout autant que lui, mais on arrive à St Pierre devant la montagne pelée sous un beau soleil


et le lendemain le capitaine décrète qu’on lève les voiles pour La Dominique dès ce soir, veille de Noël, bon, tintin pour le réveillon, que vais-je faire de mon filet mignon de porc acheté pour l’occasion pour la modique somme de 5.60 €, une affaire (en même temps il est tout petit, ça devait être un tout petit porc) , il faut que je change d’idée de recette parce qu’on va manger assis dans le cockpit dans un bol sur les genoux, manger sur la table dans le carré n’est même pas pensable en nav’, me voilà toute absorbée par ce challenge, le capitaine me demande à quoi je pense et je réponds à rien parce qu’il refuse jusqu’à l’idée même d’un possible réveillon, mais ça serait mal me connaître que de croire que je vais faire semblant d’ignorer que c’est Noël pour faire comme le capitaine, de toutes façons Noël c’est dans nos cœurs avant nos assiettes, et moi j’aime bien mettre mon cœur dans les assiettes que je prépare pour ceux que j’aime (oops, on va finir par croire que je suis amoureuse du capitaine, chuuuuuut)
mais avant que de partir pour la Dominique, il m’emmène visiter le musée de la catastrophe de l’éruption de la montagne pelée et le zoo de la Martinique (on a juste croisé une famille sinon on a eu le parc magnifique pour nous seuls, mieux que Mickael Jackson qui privatisait Eurodisney), alors ne le croyez pas quand il dit qu’il ne marque pas le coup, bin voyons, un musée et un zoo dans la même journée, qui fait ça un jour normal, mais du coup le soir on est claqués donc changement de programme, le capitaine dit qu’on reste là et qu’on se lèvera aux zaurores pour partir, je me mets aux fourneaux pour préparer le réveillon (victoire) à savoir filet mignon à la crème et à la moutarde avec des patates douces et du riz s’il vous plaît, et puis je n’ai pas de bûche alors je mets au four un sachet de gâteau au chocolat qui fait partie de la réserve en cas de disette, on n’a rien à faire qu’à verser le sachet et cuire ça 20 minutes, la partie saine de ma personne s’effare et n’ose lire l’étiquette du sachet, mais finalement ça n’est pas si mauvais (je n’ai pas dit que c’était bon, ça serait faire affront même au pire des chocolatiers), ce n’est que du succédané de chocolat pour Noël, mais dans succédané de chocolat il y a chocolat, sans chocolat la fête serait trop triste, et le capitaine trouve ça bien bon au final, ça le change des bananes (il aime les bananes)








et le 25 au petit matin, on lève les voiles pour 60 miles à faire au travers avec 25/28 nœuds de vent et la houle de travers aussi, ça chahute mais on trace et vous savez quoi, je préfère tracer avec le bateau qui chahute que de traînasser en se demandant si on va finir par mettre le moteur, même en passant sous le vent de La Dominique ça souffle fort …


le capitaine regarde sa montre, il est 14 heures, et on sait que pour débarquer en Dominique il faut faire un test PCR que nous n’avons pas fait, et ça m’étonnerait qu’on trouve à le faire un 25 décembre au moment du fromage … on a le choix : contrevenir aux exigences dominicaines et débarquer à terre en espérant que la maréchaussée sera occupée à fêter l’avènement, aller dans un mouillage sauvage et rejoindre le rivage à la nage (plutôt crever), ou continuer notre route jusqu’aux Saintes éloignées de seulement 20 miles pour y arriver avant la nuit, je vote pour la troisième motion et nous filons jusqu’à Terre de Bas, à la baie des Pélicans …

wouah, just wouah … d’une beauté à couper le souffle …

on jette l’ancre, la nuit tombe … on a passé un rudement beau Noël ❤
Un peu de culture gé ne nuit pas
- 100 anciens francs = 1 nouveau franc = 0.15 € (qui parierait cette somme ridicule, encore qu’avec l’inflation depuis 1970, je toucherais aujourd’hui la somme royale d’1.12 €, j’ai calculé sur un site de l’INSEE, bref j’ai touché 1 balle au lieu de 100 balles)
- De l’existence du père Noël : je pense que le mensonge éhonté n’est pas le fait que l’on fasse croire aux enfants qu’il existe, mais bel et bien que l’on nous raconte un beau jour qu’il n’existe pas, car si le père Noël n’existe pas, pourquoi en parle t’on autant ? ce qui lance le sujet du débat : qu’est-ce que l’existence ?
- L’éruption de la montagne Pelée en 1902 est une éruption volcanique, la plus meurtrière du 20ème siècle. Sa nuée ardente (ou nuage pyroclastique) du 8 mai 1902 reste célèbre pour avoir, en quelques minutes, entièrement détruit ce qui était alors la plus grande ville de l’île française de la Martinique, St Pierre, décimé ses habitants — plus de 30 000 personnes soit 1/5e de la population de l’île, seulement trois rescapés certifiés — et coulé une vingtaine de navires marchands.



Louis-Auguste Cyparis travaille au Prêcheur comme marin et cultivateur. Condamné à un mois de rétention à la prison de St Pierre pour une rixe d’ivrogne où il blesse un homme d’un coup de couteau, il s’échappe près du terme de sa peine et écope de huit jours au cachot. Protégé par les épais murs de celui-ci, il est secouru trois jours après l’éruption de la montagne Pelée le 11 mai 1902 par des hommes du Morne- Rouge qui entendent ses plaintes. Souffrant de nombreuses brûlures, il est soigné à l’hôpital de Morne-Rouge où, comble de malchance, il subit le passage d’une seconde nuée ardente, Après son sauvetage, certains mettront en doute son histoire, jusqu’à ce que le président de la cour d’appel de Fort-de-France confirme son incarcération à la date de l’éruption. Gracié, il est engagé par le cirque Barnum aux États-Unis l où il exhibe ses brûlures et où on le présente faussement comme le seul rescapé de la catastrophe sous le slogan « Le seul objet vivant qui survécut dans la cité silencieuse de la mort ! ». Il meurt en 1929 à Panama dans le plus grand dénuement, totalement oublié.
SUPER ET SUPER LES PHOTOS
LA CHANCE !!!
BISOUSSSSSSSSSSSSSSSS
SISSI
Envoyé à partir de Courrier pour Windows
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Comme d’habitude, un récit qui nous tient en haleine et avec ses pointes d’humour…
Joyeux Noël et bonne année Isabelle
🍾🥂🎉😘
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Merci pour ces textes qui nous font vivre votre beau voyage.
Bonne année et bonne continuation.
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WAOU jolies photos merci beaucoup. Bonne et heureuse année à vous deux et bonne route. Bises
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Merci Isabelle pur tes récits toujours pleins d’humour, et pour tes belles photos et vidéos ! J’adore les Saintes ! Bonne continuation et très belle année 2022 !
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Toujours aussi passionnant !
Merci pour tous vos partages qui nous font voyager. Belle année 2022 b
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Toujours aussi passionnant !
Merci pour tous ces partages qui nous font voyager.
Belle année 2022 !
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merci beaucoup Michel, très belle et heureuse année à vous et à ceux que vous aimez (je ne sais pas comment mettre des smileys sur ce site wordpress, mais ne doutez pas que si je savais, je vous en aurais mis une tripotée)
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merci merci Ghislaine, je prendrai soin de vous raconter la suite, que j’espère de plus en plus chouette 🙂 !
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merci Murielle, et bien des bises de nous deux 🙂 !
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merci Patricia, j’espère que tu vas bien et que tu avances sur ce que tu dois réaliser, et moi aussi j’adore les Saintes 😉 !
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merci cher (chère ?) Lefranc, très belle et heureuse à vous et à vos proches, je continuerai à vous faire voyager avec bonheur !
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Coucou Isabelle! C’est toujours un plaisir de te suivre entre ciel, terre et mer! Tes émerveillements devant toute cette beauté te nourrit. Tes partages me nourrissent! Ton repas de Noël…hum…humour! Mais tu as tellement raison! Tout est dans la façon de voir les choses, de choisir le plus possible les pensées positives, même si les activités sociales te manquent. J’espère que tu auras su pagayer à ton avantage pour débuter l’année en dansant et en chantant…pas toute seule!
À Montréal le couvre-feu de 22:00 à5:00 a été lancé le jour de la St-Sylvestre, annulant même les feux d’artifices traditionnels!
Chère Isabelle« que l’univers te comble de ses bienfaits! Qu’il écoute tes demandes! C’est mon voeu pour toi!
✨🌟✨et que brille ton étoile 💫 🌟 💫
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Bonjour.
Merci pour ce récit plein d’humour et d’authenticité.
Ça fait plaisir.
Et je ne parle pas de vos photos toujours aussi réussies.
Bonne route ou plutôt bon vent à vous deux.
Laura
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Oups: j’ai oublié, mais le ❤y est ,de vous transmettre tous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2022…année des heureux..pour la rime. LOL!
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merci très chère Marithé pour ton vœu qui me permettra de faire tout ce que je veux si l’Univers répond à mes demandes 🙂
je te souhaiterais bien de devenir le meilleur de toi-même, mais tu me donnes l’impression d’y être déjà arrivée, ou alors tu es drôlement avancée sur ce chemin … je te souhaite de suivre ta route de la plus belle des façons possibles, en étant accompagnée de tout et de tous ceux que tu aimes ❤
je pensais que ça s'arrangeait au Québec, mais visiblement il y a de nouvelles restrictions, je ne sais pas si les faire tomber le 31 décembre était une bonne idée, la frustration ayant des effets délétères certains … mais bon, je ne sais vraiment pas ce que je ferais si j'étais à la tête d'un gouvernement … la qualité d'adaptation est fort utile actuellement
je t'embrasse de tout mon cœur, isabelle
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merci Laura, très belle et heureuse année à vous et à vos amis et à vos amours !
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