Direction Cartagena de Indias

Marina de la baie de Carthagène

Moi je voudrais aller à Bogota, mais voilà, c’est à plus de 700 kilomètres de Santa Marta alors il faudrait que je prenne l’avion parce que pas question de trop s’attarder en Colombie en allant muser de-ci delà, j’ai moyennement confiance dans les compagnies Colombiennes et c’est peu dire, 12 accidents d’avions depuis 2000 ! … j’aimerais y aller d’une part pour voir Bogota sachant que je ne risque pas grand-chose car sa réputation de dangerosité est ancienne même s’il vaut mieux éviter de s’y balader nuitamment (c’est Medellin qui craint le plus et a été à une époque la ville la plus dangereuse du monde), mais de l’autre et surtout parce que je sais qu’il y existe un marché nocturne de plantes médicinales (nocturne car ils utilisent des plantes fraîches et qu’il fait trop chaud dans la journée pour qu’elles supportent) : le Samper Mendoza Market , qui a lieu les lundi et jeudi et où des producteurs viennent vendre des plantes médicinales utilisées en médecine traditionnelle pour guérir toutes sortes de maux mais aussi se prémunir contre le mauvais œil, attirer la chance, la fortune ou l’amour, ces derniers côtés m’intéressant uniquement pour le fun parce que je ne prescris rien pour ça, je crois qu’on attire plus la chance la fortune ou l’amour avec ses qualités et ses actes qu’avec des décoctions (cela n’engage que moi)

Donc direction Carthagène où je sais que je trouverai également un marché, certes pas nocturne, mais pour autant pittoresque et incontournable et dans lequel est vendu de tout, depuis des caleçons aux plantes médicinales en passant par du poisson et des bananes, on va bien voir ce qu’on verra …

Avant de partir pour Cartarrrrréna (le capitaine aime prendre l’accent du coin) il faut réparer l’hydro générateur, la dernière fois que nous l’avons utilisé il est remonté avec une hélice en moins, on ne sait pas contre quoi il a tapé, ou alors un requin a voulu y goûter ? le capitaine te répare ça en deux coups de cuillère à pot et on discute avec d’autres navigateurs de la manière d’aller à Carthagène …

Alors voilà, pour y aller en bateau il faut passer par un agent afin d’obtenir un zarpe et bien entendu il faut payer alors que nous avons déjà fait les formalités pour la Colombie, chacun veut sa part mais ça finit par faire beaucoup … et il vaut mieux le faire parce qu’une Hollandaise nous explique qu’ils y sont allés sans zarpe et que les agents du port leur sont tombés dessus et leur ont affligés une amende de 300 $, et pour couronner le tout le mouillage n’est pas sûr et les bateaux se font visiter et détrousser … forts de ces infos, nous décidons d’y aller par voie de terre, c’est à dire en bus, il n’y a pas de trains en Colombie, et de laisser Cap de Miol en sécurité à Santa Marta, je suis toute contente car cela va nous faire voir un peu de la Colombie !

En plus il y a un vent d’enfer et la mer qui va avec, on sera vraiment mieux sur terre, le vent apporte du sable et on en a plein le bateau

Debout à 5h1/2 après avoir très peu dormi à cause du boucan que fait le vent, impossible de fermer les capots du bateau sous peine de mourir desséchés comme de la morue portugaise, on aurait cru entendre le blizzard (cette idée m’avait rafraîchie un court instant) et après une course en taxi pour rejoindre le terminal de bus nous montons dans un bus tout moderne et climatisé, ce qui me soulage parce que j’ai des expériences de bus épouvantables notamment au Sénégal …

et là … stupeur

je découvre que la Colombie est une poubelle géante

Quelle terrible désolation ! le long de la route est un interminable dépotoir de sacs poubelles éventrés, de verres en carton et de bouteilles en plastique, de canettes … c’est épouvantable, je pensais que la conscience universelle avait intégré un minimum d’écologie mais c’est juste du rêve ! il n’en est rien !!! que faire contre ça, que faire ?!

Nous faisons notre entrée à Carthagène en mini taxi jaune et en désarroi il faut bien le dire …

… passons devant un improbable Sphinx, je ne sais pas ce qu’il fabrique là et n’ai trouvé aucune précision à ce sujet qui restera donc abscons (adj. difficile à comprendre et qui décourage la compréhension)

Nous y restons 2 jours et avons donc le temps de visiter le quartier branchouille de Getsemani et la vieille ville de Carthagène qui est propre, du moins autant que Paris, c’est dire tout de même parce que Paris laisse drôlement à désirer et contribue à entretenir cette réputation que les français sont sales

La vieille ville de Carthagène des Indes et son architecture coloniale

déclarée Patrimoine Culturel de l’Humanité par l’UNESCO en 1984

Getsemani et ses artistes, et ze place to bi à savoir le restaurant Di Silvio dans cette vieille maison de pierres

et aussi ses fameuses fresques murales

Un bon tuyau si vous y allez, c’est le restaurant italien Angelina, tenu par un véritable italien adorable dans le quartier de Getsemani, moins branché que Di Silvio … mais incomparablement meilleur, j’y ai goûté des vraies truffes glacées pour la première fois de ma vie 😋

Et puis au loin dans un passage, on voit une affiche de Barber Shop, et justement le capitaine a besoin d’une petite coupe (la dernière fois il a fini par céder à ma prière de lui couper les cheveux, il a eu du mal à me dire oui, et au bout du compte il a avoué que ça n’était pas si mal), alors il se lance et ne sera pas déçu, le barber sous son arbre est un vrai pro et prend l’équivalent de 8 US $ ce qui reste très raisonnable même si le capitaine trouve que c’est cher pour la Colombie (moi je pense qu’il faut bien payer les gens qui travaillent sinon quel intérêt de travailler s’il vous plaît)

Le capitaine sous son bol bleu dans la salle d’attente

Mais le marché dont je vous parlais plus haut alors ? quel est-il ? il s’agit du marché de Bazurto, lieu incontournable de la Colombie

Devant le marché, il y a du monde
et encore plus de monde dedans
des immondices qui empestent l’air
et des plantes et des herbes !
mais quel cirque pour s’y retrouver 😮!!!

Pour de bon, j’en ai pour toute une vie à étudier l’immensité des données sur les plantes médicinales, à trier le bon grain de l’ivraie, et à ce stade de mon voyage je suis de plus en plus encline à penser qu’il est vrai que c’est la Médecine Traditionnelle Chinoise qui recèle le plus de merveilles pour traiter les affaires de femmes, mais bon, j’ai tout de même des pistes éminemment remarquables à explorer et je ne vais pas m’en priver !

Nous retournons à Santa Marta comme nous sommes venus, en bus climatisé, la clim’ est tellement forte que le capitaine enfile une polaire judicieusement emportée et met un tour du cou en guise de bonnet ce qui le fait ressembler à madame Sarfati, étant moins prévoyante que lui je n’ai que mon joli petit pull bleu ciel qui me sied au teint à me mettre sur le dos et ça va me coûter cher …

Un peu de botanique maintenant !

La Colombie recèle un potentiel de milliers de plantes médicinales indigènes mais ce potentiel est laissé presqu’en chiffre, ce qui est un drame car une bonne partie du savoir traditionnel sur ces végétaux est détenue par des sages souvent âgés qui vont bientôt disparaître mais ne délivrent plus leur savoir, lassés d’être exploités sans contreparties, et ceci malgré les progrès accomplis contre la biopiraterie grâce à la Convention Internationale sur la Diversité Biologique de 1992 et le Protocole de Nagoya de 2010 (ratifié par la Colombie).

Le totumo, ou calebassier, Crescentia cujete, est un arbre qui donne des fruits utilisés pour certaines vertus, et outre ses utilisations médicinales, la calebasse, coupée et vidée de sa pulpe, sert de récipient en Inde et aux Antilles. La pulpe des fruits et les graines sont utilisées comme laxatifs et diurétiques dans la médecine populaire. Le jus, de goût amer, serait également un aphrodisiaque réputé. Le jus de feuilles pilées est efficace pour soigner les otites.

La chisaca, Acmella oppositifolia : les genres Spilanthes et Acmella sont très importants dans toutes les médecines traditionnelles de la planète puisque l’on a répertorié une soixantaine de pathologies soulagées par ces espèces de la Famille des Astéracées. La décoction de la plante est utilisée dans le traitement des maladies du foie et des voies biliaires.

L’ amansatoros, Justicia pectoralis Jacq : la plante est utilisée en infusion et en teinture pour le traitement des maux de tête, des courbatures, des rhumes, des problèmes de prostate, des crampes menstruelles, de la toux, de la bronchite, de la fièvre, des crampes abdominales, des plaies, des ulcères, des maladies nerveuses et de l’insomnie.

Et pour finir aujourd’hui, je ne peux pas ne pas évoquer la coca, erythroxylum coca ! La Colombie reste le principal producteur de feuilles de coca et de cocaïne du monde, devant le Pérou et la Bolivie. Les Etats-Unis en sont le premier consommateur. La coca est une plante comme une autre. Connue pour ses vertus stimulantes et d’oxygénation du sang elle donne de l’énergie, mais traite aussi le mal des montagnes, a des vertus cicatrisantes, diurétiques, anesthésiques. La coca est également réputée pour sa fonction de coupe-faim, elle fut utilisée à cet effet dans certains corps de métiers où les ouvriers n’avaient pas le temps de déjeuner. On la consomme en mâchant les feuilles mais attention car en cas d’abus cela peut provoquer une hallucination ou encore des troubles psychiques. Plusieurs légendes en Amérique Latine rapportent que la Coca aurait été crée par les dieux dans le but d’éteindre la faim, d’étancher la soif, soigner les maladies, et surtout faire oublier la fatigue aux hommes, tout en leur donnant  force et vitalité. A la fin du XIX° siècle, l’américain John Pemberton mélange cette feuille andine avec du vin rouge français, inventant par là même l’ancêtre du Coca-Cola. Puis, le mélange de la feuille de coca avec la noix de kola a produit une boisson stimulante et énergisante. La Coca Cola Company achète quelques centaines de tonnes de feuilles de coca par an pour la confection du coca-cola. La coca est aussi et bien entendu la matière première de la cocaïne obtenue après séchage, macération et addition chimique aux feuilles.

Le petit plus inéluctable

  • Le réseau ferroviaire en Colombie est inexistant pour le transport des passagers mais il reste quelques trains touristiques. La Colombie possédait quelques lignes ferroviaires jusqu’à la fin des années 70. Malheureusement, le réseau fut vite abandonné faute d’entretien. Une erreur du passé que le pays paye encore
  • Selon un article paru dans le journal Ca m’intéresse, la légende internationale qui raconte que les français sentent mauvais et ne se lavent que très peu date du XVIème siècle, époque à laquelle les Parisiens se défaussaient de leurs déchets par les fenêtres, ne prévenant que très peu les passants. D’autre part, à la cour de Versailles l’hygiène était déplorable, et les nobles abusaient de parfums pour masquer les odeurs nauséabondes. De nos jours, cette rumeur persiste toujours et n’est pas infondée. En effet, les français consomment deux fois moins de savons que leurs confrères allemands ou anglais, et moins d’un français sur deux se lave quotidiennement …
  • Madame Sarfati était le personnage fétiche de l’humoriste Elie Kakou décédé il y a 20 ans


Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

11 commentaires sur « Direction Cartagena de Indias »

  1. Bonjour et merci pour ces reportages J’adore vous lire
    Je suis allée plusieurs fois en Colombie quand je vivais au Pérou
    Je vous recommande l’île de San Andres un paradis
    À bientôt pour de nouvelles aventures bon vent amitiés Catherine

    Aimé par 1 personne

  2. Bonjour Isabelle!

    D’îles en îles, du soleil, des plantes et des arbres, des maquilleuses et des barbiers sous les arbres, et puis des redevances pour éviter les amendes, (il faudra payer de toute façon) et encore des tas de détritus dans des décors parfois inattendus! Drôle d’animal que l’être humain, ce bipède qui ne cesse d’ajouter des règlements aux lois pour qui et pour quoi? Pour enfermer ceux qui ne les suivent pas dans des prisons protégées! …Pas drôle!

    Mais quelle vision globale vous apportez dans ce blog! Il faut dire que celui-là était bien enraciné sur Gaïa. Et je me demande si ce repas italien avec ses truffes glacées ont eu l’heur de vous mettre plus en joie. Je pense aussi à cet orteil; vous n’en parlez plus, mais je crois que peut-être vous pourriez essayer ces danses caribéennes où les hanches et les fesses bougent comme les flots, de droite à gauche alors que les pieds demeurent bien à plat.

    Et moi je choisis pou vous répondre une de ces journées pluvieuses , nettoyage printanier, qui devrait chasser la morosité et permettre enfin l’éclosion des bourgeons! Enfin, dimanche dernier j’ai vu en me promenant les premiers crocus et jonquilles! 2022!!! Il faut s’accrocher fort à ses valeurs optimistes pour ne pas courir chez les herboristes pour quelques brins de millepertuis ou autres brins d’herbes

    Bien sûr il y a le bleu du ciel, ses étoiles et la tienne; les flots bleu-vert qui bercent Cap de Miol tout doucement…de temps en temps! Au moment où je t’écris je me demande si vous n’êtes pas déjà arrivés sur les îles hawaïennes après avoir franchi le canal de Panama! J’aimerais ça que tu nous parles de ce passage. Tes écrits me fascinent! La navigatrice nomade! Pour qui la navigation n’a sûrement plus de secrets…et qui va de surprises en surprises; je pense à cette hélice brisée! Ce n’est pourtant pas du plastique! Bizarre!

    Chère Isabelle, que d’apprentissages vous devez faire à chaque instant! Quelle belle ouverture à la Vie! Que de richesses intérieures vous devez embrasser!

    Je pense me racheter une imprimante, (la mienne est fâchée avec le wifi) juste pour imprimer chacun de vos épisodes avant de lire tous les livres que vous publierez sous peu. J’ai d’ailleurs ré-ouvert ces feuilles, imprimées il y a bien des lunes, et sous-titrées « Communauté des femmes qui ont une fille du soleil dans le coeur » . Je vous redonne votre propre recette: « Regarder le ciel, les oiseaux, respirer à pleins poumons la joie d’être en vie »! Mais bien sûr vous l’avez écrit et vous le faites! et pour moi, c’est ma gratitude pour le plaisir de vous lire, d’avoir régulièrement de vos nouvelles qui m’apportent de la joie! Merci Isabelle! Bisous bisous, Marithé

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  3. Merci pour ce voyage partagé. Je suis pleine d admiration pour votre parcours de vie Isabelle.
    J ai hâte de pouvoir venir vous voir à votre retour pour une consultation et rencontrer la belle personne que vous êtes.
    Bonne poursuite pour votre aventure hors du commun.
    Veronique poulain

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  4. Bonjour, merci de nous faire partager vos connaissances. Bon voyage. Me Dominique Castillon. Thérapeute MTC et Esthéticienne pour les femmes.

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  5. Coucou
    Le Pérou est un pays magnifique et la vie y est très agréable les péruviens sont adorables et tellement d’Histoire
    Plein de bonnes choses pour la suite de vos aventures besos Catherine

    Aimé par 1 personne

  6. oui, j’imagine, je pense que j’irai plus tard par la voie des airs, pour avoir le temps de m’imprégner, parce que mine de rien nous ne restons jamais plus de quelques jours aux endroits auxquels nous passons et ça limite forcément ce que j’apprends, encore qu’il y a tellement d’informations à prendre que j’en ai mon content 😊 des bises Catherine, et merci à toi 🤗

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  7. quel plaisir de te lire Marithé, et oui le récit de la suite va arriver bientôt 😊
    je crois que tout me met en joie, les truffes glacées mais aussi une salade de pommes de terre que je prépare dans le bateau, et puis chaque coucher de soleil, et tous ces nuages qui habillent le ciel, la pluie que je vois au loin parce que rien n’arrête mon regard sur l’océan, la pluie qui pleut sur nous parce qu’elle lave, la quasi solitude en mer et les gens rencontrés à terre … tout est prétexte à la joie, comme ton message si généreux ❤️je t’embrasse Marithé, prends bien soin de toi, des crocus et des jonquilles 😘😘😘

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