
Mais sur la route, on a encore Bora-Bora à voir, la Mecque des hôtels sur pilotis ! s’exclame le capitaine et ça, pour voir de l’hôtel sur pilotis, on va en voir !
Le mouillage est très réglementé à Bora-Bora et on est obligé de prendre une bouée payante, mais au moins comme ça les fonds sont protégés, par contre quand toutes les bouées sont prises, tintin pour mouiller, encore qu’il existe 2 zones dites libres, mais seulement 5 bateaux peuvent y mouiller sans y rester plus de 36 heures, ça limite, mais bon, nous on trouve une bouée dispo près de la baie de Faanui et c’est bien, et le soir le capitaine décide d’aller manger au yacht-club, on est juste en face et c’est trop la classe, je serais presque prête à leur acheter un teeshirt pour frimer quand j’irai traîner dans des petits ports de seconde zone, mais les teeshirts sont à l’aune du reste, tellement trop chers, je zonerai dans les petits ports avec un bête teeshirt et en prime je n’aurai pas l’air de la connasse consumériste qui se la pète

Et pourtant comme ça, il ne paie pas de mine le Bora-Bora Yacht-Club !

Comme Bora c’est grand (la véritable orthographe de Bora Bora est Pora Pora – première née en tahitien – parce que le B n’existe pas. On l’appelle aussi Mai te pora – créée par les dieux – tandis que Bora tout seul c’est la bora, un vent de terre du Nord Nord-Est, sec et froid, soufflant avec violence l’hiver sur les côtes de l’Adriatique, le capitaine il connaissait même ça dis donc, n’empêche qu’on dit souvent Bora point barre), on loue un scooter pour en faire le tour


Et puis randonnée, ce n’est pas en scoot qu’on voit les plantes, alors hop on part à l’assaut du mont Ohue qui culmine à 727 mètres, on a vu pire mais, et ce que je saurai après coup, le capitaine s’étant bien abstenu de m’en faire part, voilà ce qu’en disent les descriptifs :
« L’ascension du mont Ohue est difficile et très raide par endroits. Renseignez vous sur la météo et n’hésitez pas à contacter un guide en cas de doute… Certaines parties très raides peuvent être un peu dangereuses, soyez patients et vigilants… A la redescente, après la série de cordes, attention à bien longer de nouveau la falaise par la gauche sur environ 500m, sans prendre les premiers sentiers qui descendent dans la forêt sur votre droite »

Alors je confirme, c’est raide, glissant, humide, ça relève presque plus de l’escalade que de la rando, autant vous dire que je n’ai pas fait beaucoup de botanique ce jour là ! ils sont fous les bora-boriens !

Le capitaine connaissant du monde jusqu’à Bora-Bora, dont une monitrice de plongée qui travaille là, Christel (elle fait faire aux touristes des baptêmes en scaphandrier comme dans Le Trésor de Rackham le Rouge), nous passons une soirée ensemble au yacht-club où nous allons prendre des habitudes si ça continue, et avons droit à une soirée dite typique polynésienne avec des danseuses et un danseur du feu, je suis en joie à cette idée mais, pour tout dire, on est loin de la légende polynésienne avec ses filles de rêve au déhanché diabolique et ses garçons affûtés comme des indiens d’Hollywood …
On voit des bouts du capitaine, avec de la patience vous pourrez bientôt réaliser un puzzle, il se fiche comme d’une guigne des danseuses et parle de quoi, je vous le donne en mille … du programme !
… mais j’applaudis à tout rompre parce que je sais ce que c’est que de danser pour distraire le chaland, jadis je menais une troupe de pom-pom-girls et on faisait le show aussi bien pour le FC Metz à sa grande époque (bien révolue) que pour inaugurer la dernière Peugeot au garage du coin, ou encore émoustiller les flics à la fête de la gendarmerie, un sacerdoce

Le capitaine, jamais à court d’idée en général et de navigation en particulier, décide de changer de coin, nous voilà donc partis vers le motu Toopua où, paraît il, il est du dernier cri d’aller y plonger …

On ne nagera guère, pour ne pas dire pas du tout, la pluie tombant dru et serré ne nous y invitant guère, et puis il n’y aura pas de bouée de libre alors on reviendra mouiller devant le yacht-club, soulagés qu’il reste encore une bouée de libre, la nôtre (remarquez comme la nature humaine a tendance à s’approprier les choses) ayant été prise par un ostrogoth (nom masculin – qui ignore les bonnes manières et se comporte de manière grossière comme le ferait un barbare)
Aussi beau soit-ce, on ne s’attarde pas plus et allons faire notre clearance de sortie de la Polynésie Française à Vaitape, principale agglo de Bora, c’est vrai que ça existe les clearances ! on n’en a pas fait depuis les Gambier ! heureusement que le capitaine pense à tout (à tout !) parce que moi je serais partie le nez au vent et paraît il que c’est illégal de ne pas faire de clearance de sortie quand on part pour un autre pays, j’hoche la tête avec de grands mouvements approbateurs pour faire comprendre au capitaine que j’ai bien compris et qu’il peut se passer de me le répéter plusieurs fois en haussant le ton à chaque redite afin d’être certain que c’est rentré une fois pour toute dans ma caboche de linotte


Direction la gendarmerie où une affiche me fait rappeler ce que différents popas m’ont raconté à propos des violences d’ici, alors que les gens ont l’air adorables, les femmes battent les maris, les maris battent les femmes, les deux s’y mettent pour battre les enfants, les incestes sont légion, les viols aussi, je n’en reviens pas, le rêve polynésien fait plus que de fendiller, il se fracasse, où que l’on soit le monde est brutal, comme dit le capitaine quand il lit les nouvelles : on n’est pas sorti de l’auberge, ici on a eu facilement accès à internet donc aux infos et il s’y est collé plus que de raison, ça le rend pessimiste, moi j’évite, je préfère m’intéresser aux plantes, ça m’épargne un ulcère

Notre prochaine étape est donc la Niou Ziland (c’est bientôt fini de parler confortablement le français, va falloir se remettre à l’angliche) mais, avant de quitter définitivement la Polynésie Française, petite halte à Maupiti, c’est sur notre route et le temps nous permet d’entrer dans la passe, ce qui n’était pas le cas il y a deux jours, la pluie et le vent rendaient l’entrée impossible, les locaux nous ont dit que c’était un temps à se faire claquer sur le récif, on a évité, aujourd’hui ça bouge un peu mais c’est peanuts
je me sens malgré tout plus légère une fois passée la passe, on se demande pourquoi

Le capitaine m’apprend (que ne m’apprend il pas) qu’ici c’est plein de raies et que c’est le jour où jamais si je veux en voir, banco, nous voilà partis en annexe avec palmes, masques et tubas, on balance l’ancre de l’annexe par deux mètres de fond entre les coraux, je m’apprête à me laisser glisser dans l’eau quand le capitaine me stoppe d’un geste vigoureux et m’invite à (me somme de) faire comme les plongeurs pro : partir de la position assise sur le boudin de l’annexe et me laisser basculer en arrière dans l’eau … je pouffe, lève les yeux au ciel et descend vaille que vaille dans l’eau en m’accrochant des deux bras au boudin de l’annexe, autant dire que je l’envoie sur les roses lui et son idée saugrenue, en même temps il continue de croire en moi, c’est dingue, on fait un petit tour dans le coin, voyons quelques coraux et leurs poissons colorés mais point de raie, nous revenons à l’annexe et je me hisse dedans à la manière d’une otarie avec mes palmes en guise de nageoires, honk honk honk, le capitaine a de la peine pour moi mais je m’en fous comme de ma première trottinette que je n’ai jamais eue, dépités nous filons vers un autre motu avec pour projet d’en faire le tour à pied, nous y voilà et on se balade gentiment en tirant l’annexe derrière nous, de l’eau jusqu’aux genoux, et soudain … une raie passe à quelques mètres de nous … je saute sans bruit sur mon masque et mon tuba, m’allonge dans l’eau et commence à brasser dans sa direction, je n’ai pas eu le temps de remettre mes palmes et ça me fait l’impression d’avoir les jambes coupées sous le genou, je rattrape tout de même la raie et nous nageons côte à côte pendant quelques minutes, à ras du sol, et puis elle se lasse, fait un angle à 90 degrés et file, je reviens à l’annexe et bondis de joie devant le capitaine qui me montre une autre raie, là ! une autre ! je repasse aussitôt dans l’eau en douceur, la raie s’avance vers moi et nous nous retrouvons face à face, elle s’arrête et me regarde, les yeux dans les yeux, j’en ai le souffle coupé, je fais ooooh dans mon tuba, lentement elle commence à se déplacer, une soucoupe volante, je pars avec elle, à un moment elle s’arrête et s’enfonce dans le sable, immobile, je patiente, immobile autant qu’elle, et puis elle s’ébroue et nous repartons de concert, je la laisse continuer sa balade et vais retrouver le capitaine, passe le reste de la journée à m’exclamer sur le sujet, seul un léger tic au coin de sa paupière montre qu’il ne supportera plus longtemps mon allégresse, je me le tiens pour dit (c’est bizarre tout de même parce qu’en parlant avec des gens qui sont allés à Maupiti, ils ont vu des tas et des tas de raies, le capitaine et moi restons cois en nous interrogeant mutuellement du coin de l’œil pour ne pas passer pour des brèles)
Il n’est pas tard, nous avons encore le temps de louer des vélos pour faire le tour de l’île qui se fait en deux heures à tout casser, on ne compte pas s’éterniser ici car y’a d’la route jusqu’en NZ alors hop au trot




On passe devant le palais de corail d’Akhy ou Ah Ky mais c’est fermé, Ah Ky Firuu est un chanteur polynésien connu (vous connaissez ?) qui a commencé à construire son palais il y a une vingtaine d’années et ne l’a toujours pas fini. Il cherche à reproduire l’ambiance d’un fond marin à l’intérieur de sa maison, déjà vu de sa barrière c’est quelque chose :

Et rando le lendemain, inévitablement, le Mont Teurafaatiu qui ne culmine qu’à 372 mètres, de la gnognote me dis-je, pourtant je sais qu’il n’est jamais bon de préjuger, je le sais mais il m’arrive encore de préjuger, on va bien s’amuser, ça va être beau, ma recette sera réussie, et j’en passe, au début ça m’amuse d’escalader des rochers de plus en plus hauts, mais plus ça monte plus c’est haut, et la vue a beau être épatante …

… c’est dur … arrivés presqu’en haut, haletante comme un chien par 50 degrés à l’ombre, nous tombons au pied d’un mur encore plus haut, et bien qu’il y ait une corde pour se tenir, je ne veux plus continuer, je me mets à pleurnicher cramponnée au rocher, je sais que je peux monter, mais ensuite il faudra redescendre et mon problème c’est la descente, je ne sais pas où poser le pied, je vois le vide, si je lâche je m’écrase comme une merde, j’ai peur,
– j’ai peur je te dis !
– mais non ! tu peux le faire ! je sais que tu peux le faire !
Son discours racoleur de coach à la con me laisse de glace et je le laisse aller seul jusqu’au sommet, continuant de sangloter, toute honte bue, assise au pied du mur

Je finis par manger le chocolat que j’ai dans mon sac et me laisser distraire par ce joli lézard jaune (sûrement celui qui a donné son nom à Moorea), si je suis toujours en larmes de dévastation jusqu’au trognon quand le capitaine redescendra il ne comprendra pas, je ne sais pas si c’est l’homme en général ou le capitaine en particulier qui n’est pas apte à comprendre ce genre de truc, et puis j’entends sa voix
– isa ?! t’es là isa ?!
à son ton, on dirait même qu’il a peur pour moi, ou alors que je me sois barrée, dégoûtée de la vie, je me mets debout, lui fais signe et on redescend tous les deux, je suis au bout de ma vie que je lui dis, il ne me croit pas allons allons isabelle ! alors nous allons allons

Le lendemain on s’en va, bien qu’un coup de vent soit annoncé pour dans deux jours, mais le capitaine m’explique qu’on s’arrêtera à Maupihaa (qui s’appelle aussi Mopelia pour simplifier les choses), le temps de laisser passer ce coup de vent, à savoir que la passe de Maupihaa est bien plus étroite que celle de Maupiti et que si ça se trouve on ne pourra pas y entrer, advienne que pourra, de toutes façons on est partis
Quand on navigue près des îles ou des atolls, on fait des vrais quarts, il y a risque de croiser des pêcheurs ou des plaisanciers, guère de cargos dans le coin mais sait-on jamais, le soir venu je prends donc le 1er quart et laisse le capitaine dormir jusqu’à 1 heure, à son réveil on manœuvre, je me couche il est déjà 2h, m’endort probablement pas avant 3, debout 6h30 pour entrer dans la passe, je baille à m’en décrocher la mâchoire, plus on approche, plus ça remue … on se regarde avec le capitaine
– ce qu’il y a c’est qu’on ne peut pas faire demi-tour une fois dans la passe, elle est trop étroite
– c’est ce que je pensais justement … on fait quoi alors si une fois dans la passe on n’arrive pas à avancer ?
– biiiiiiiinnnnn …
On n’en sait fichtre rien … on se regarde à nouveau
– on continue ?
– ouais, on continue
On pourra toujours s’arrêter à Palmerston, mais déjà on se prend un bon 30 nœuds, 30 nœuds c’est que dalle quand on est au portant, mais pour l’heure on est au travers et c’est plus rock’n roll, sur le coup de 13 heures on prend un second ris, on enroule le génois et on met la trinquette, on n’avance plus qu’à 7.5 nœuds et le capitaine trouve qu’on se traine, mais c’est plus cool et le bateau gîte moins, la nuit finit par tomber comme elle sait faire, le vent forcit et la mer avec lui, je me couche avec le plexus tendu comme la corde d’une guitare de gitan, le capitaine veille sans bruit, je l’entends se taire et attendre, on est en plein dans le coup de vent prévu, le bateau gîte, vibre comme un poisson hors de l’eau, je suis recroquevillée les yeux fermés sur ma couchette et mes cuisses tremblent, j’ai envie de faire pipi mais pas de me lever, je ne veux rien savoir, rien voir, juste attendre que ça passe, finalement qu’est-ce qui était prévu ? on a combien de vent ? ça va monter jusqu’où ? le capitaine a pris un 3ème ris et laissé juste un bout de trinquette, il faut avancer parce que sinon les vagues nous rattrapent et déferlent dans le bateau, alors on avance, secoués par les vagues et ce vent, et le bruit, le bruit ! j’essaie de distraire mon esprit mais à chaque vague qui s’éclate sur le bateau, à chaque mouvement intempestif et violent, à chaque vibration encore plus intense, mon estomac se tord et me ramène au sujet du moment ou comment vivre l’instant présent, faudra que j’aie une petite discussion avec le Dalaï Lama … au petit matin ça redevient plus calme, 25 nœuds de vent, de la petite bière, je suis encore livide de la fatigue de la nuit, je demande au capitaine combien on a eu de vent
– 45 nœuds
– c’est tout ?! j’aurais bien dit 50 … 60 !
– ouais mais on était bon plein
– et tu as déjà eu du vent de 60 nœuds ? ou 70 ?
– nan … et j’espère ne jamais en avoir

On arrive à Palmerston 3 jours après, 3 jours à 20/25 nœuds de vent en moyenne, toujours de travers, avec deux houles croisées pour pimenter le plaisir, on compte bien s’y arrêter pour éviter le prochain coup de vent prévu, on sait que Palmerston est toujours fermé aux navigateurs pour cause de covid (faudrait aussi les prévenir que la dernière guerre mondiale est terminée) mais on espère qu’il y aura une bouée de prévue pour les marins de passage qui restent à leur bord … à voir, donc … on s’en approche comme de la Terre Promise, honnêtement ça ferait du bien de se poser une nuit quoi

On s’approche … pas l’ombre d’un souffle de vie … finalement on voit une bouée mais rien n’est engageant, mon dieu comme ce n’est pas engageant ! on se regarde avec le capitaine, l’un comme l’autre se demandant ce qu’il y a de mieux (ou de pire) : rester là ou se taper un autre coup de vent

– on fait quoi ? on continue ?
– ouais, on continue

45 nœuds, c’est fait, je sais que ça secoue mais le bateau passe fingers in ze noze, alors go quoi, à l’abri de cet atoll le vent est tombé à 17 nœuds, en s’en éloignant le capitaine râle y’a pas d’air ! et tente de me persuader de le laisser envoyer le pépin, je m’y oppose farouchement, dès qu’on sera éloignés de Palmerston on va retrouver le vent d’avant y arriver, logique, et ça ne loupe pas, 30 minutes plus tard on file, poussés par un vent de 25 nœuds … qui monte progressivement, le lendemain matin on a 28/30 nœuds, mais on a le vent à 130 degrés maintenant, c’est moins brutal quand ça vient de 3/4 arrière
… qui passe rapidement à 35 nœuds, mais comme je me ris de ce petit 35 nœuds désormais, que, de plus, cela fait plusieurs jours qu’on navigue et que, de loin et de surcroît c’est ce qu’on a eu de plus mouvementé jusqu’ici, je décrète qu’on a bien droit à un peu de réconfort et me lance dans la confection d’une bonne pâte à crêpes pour en faire un gros tas pour 3 jours tant qu’à faire, 8 œufs, 500 grammes de farine, 900 ml de lait, 50 gr de beurre fondu, un peu de sucre vanillé, un peu de sucre et un peu de rhum, miam miam, je mets la première crêpe à cuire quand le capitaine me demande si je vois quelqu’un sur l’AIS, je vais y jeter un œil juste quand une vague plus grosse que les autres colle une grosse claque au bateau … mon plat de pâte à crêpes s’élève dans les airs, je bondis au ralenti en hurlant les mains tendues en avant pour rattraper le plat, on croirait qu’on égorge le cochon, et puis tout s’accélère le plat tombe au sol, rebondit et roule, la pâte à crêpes s’éclate, se répand, éclabousse les cloisons, dessine de grands jets tel un artiste déchaîné, je hurle de plus belle, déverse un chapelet d’insultes à mon encontre, connasse ! connasse ! non mais quelle connasse ! du fond de sa couchette le capitaine tente un c’est de ma faute parce que je t’ai dit d’aller … que je coupe d’un péremptoire mais non c’est de la mienne qui ne me soulage en rien (je ne vais pas non plus le condamner injustement en pensant échapper à des réprimandes dont il a l‘à-propos de m’épargner), j’attrape frénétiquement des éponges et me jette à 4 pattes pour ramasser le plus vite possible cette pâte visqueuse et collante qui s’infiltre dans les planchers et va tout me pourrir, le bateau roule, la pâte s’étale de bâbord à tribord et de tribord à bâbord tandis que je glisse d’un côté à l’autre comme une catcheuse dans un combat de boue …

Une fois tout nettoyé (plus d’une heure), j’apporte victorieusement au capitaine la seule crêpe rescapée mais trop cuite puis, rassasié (ironie) le capitaine prend un 3ème ris, voilà notre coup de vent qui arrive, du 38 à 43 nœuds, on maîtrise on maîtrise (quand je dis on, c’est le capitaine qui maîtrise le bateau et moi qui maîtrise ma trouille), j’ai quand même bien fait de ne pas trop manger, de toutes façons ça coinçait un peu, ça nous dure quelques heures, on reste à l’intérieur …
Quand ça retombe à 25 nœuds, ça paraît tout calme, il faut remettre du torchon annonce le capitaine, on lâche les ris, désormais c’est à Niue qu’on espère arriver demain et se poser pour une nuit, mais comme pour Palmerston, c’est toujours fermé aux navigateurs …
Et c’est par ici que ça continue de se passer 👇!
- Le Popa, plus justement Popa’a c’est l’étranger de race blanche, le « grillé ». Il est individualiste, le Polynésien est communautaire, il ne comprend pas les nuances de ce monde insulaire. Le Popa’a veut tout expliquer, il fait des histoires ; mais le Maohi, du moins son élite, veut apprendre la langue du Popa’a et aller à l’école du Popa’a, l’éducation par l’école et la langue internationale permettant seule l’accès au développement tant mental qu’économique.
- La chanson Jolie Polynésienne de Ah Ky Firuu : https://youtu.be/emteyLtQ0N0
- Palmerston est un atoll composé de 35 motu, sa superficie totale est de 2,1 km². Son lagon peu profond s’étend du Nord au Sud sur 10 kilomètres et d’Est en Ouest sur 7 kilomètres. Il n’existe pas de traditions polynésiennes sur l’île, il est probable qu’elle fut peuplée temporairement à l’époque pré-européenne, des anciennes tombes et des outils lithiques y ayant été découverts. L’atoll alors inhabité fut pour la première fois visité par James Cook le 16 juin 1774. Il la baptisa Palmerston en l’honneur de Lord Palmerston, alors à la tête de l’Amirauté britannique. Vers 1850 le Capitaine Bowles, un marchand britannique basé à Tahiti, fit escale sur l’île et découvrit quatre Européens affamés, à la tête desquels se trouvait un certain Jeffrey Strickland qui s’était autoproclamé roi de l’île, celui ci abandonna ses droits à Bowles en échange de leur rapatriement sur Rarotonga (la plus grande des îles Cook). Bowles vendit par la suite Palmerston à un planteur basé à Tahiti et d’origine écossaise, un certain John Brander. Ce dernier y plaça au début des années 1860 William Marsters, un jeune aventurier accompagné de ses trois épouses qui fondèrent une micro colonie métisse. À son décès le 22 mai 1899, l’île était peuplée de plus de 100 habitants. L’atoll est aujourd’hui peuplé de 63 personnes qui descendent toutes d’une des trois épouses de William Marsters, ayant donné lieu à trois branches familiales. Pour limiter la consanguinité, les mariages à l’intérieur de chacune de ces branches sont aujourd’hui interdits. Palmerston fut officiellement annexé par le Commandant C.L. Kingmill le 23 mai 1891, avant de passer comme le reste des îles Cook sous contrôle néo-zélandais en 1901.
- Niue est un État libre associé avec la Nouvelle-Zélande. Cette île est située dans le sud de l’océan Pacifique, à l’est de Tonga et à l’ouest des îles Cook. C’est une île de corail couvrant une superficie de 258 km², ce qui en fait l’un des plus petits États au monde avec Saint-Kitts-et-Nevis (261 km²), les îles Marshall (181 km²) et le Liechtenstein (160 km²). La plupart des habitants de l’île Niué descendent de colons polynésiens venus par canoë de Tonga, des Samoa et des Fiji, il y a environ 1000 ans. Elle ne fut découverte par James Cook qu’en 1774, qui la baptisa Savage Island en raison de l’hostilité avec laquelle il y avait été reçu. Les premiers missionnaires britanniques arrivèrent après l’expédition de Cook, mais le christianisme ne fut définitivement implanté qu’en 1846. L’île fut alors administrée par la London Missionary Society jusqu’en 1900 où elle devint officiellement un protectorat britannique en même temps que les îles Cook. les îles Cook furent officiellement annexées le 7 octobre 1900 par la Nouvelle-Zélande. L’année suivante, l’île Niué subit le même sort, bien que traditionnellement les îles Cook et l’île Niué avaient toujours été associées aux Samoa et à Tonga. En 1974, la Nouvelle-Zélande accorda l’autonomie politique à l’île Niué en libre association avec la Nouvelle-Zélande. Ce statut d’État libre associé à la Nouvelle-Zélande permettait aux Niuéens de conserver leur citoyenneté néo-zélandaise tout en maintenant l’autonomie dans leur propre pays. Néanmoins, l’île Niué dépend tellement totalement des subventions de la Nouvelle Zélande (six millions de dollars US annuellement pour 2000 habitants). Depuis 1990, la Nouvelle-Zélande envisage de déplacer toute la population en raison du manque de ressources et des risques imminents que l’océan submerge l’île en raison de l’augmentation du niveau de la mer. En janvier 2004, l’île a été dévastée par le cyclone Heta.

- Légende du lézard jaune qui donna son nom à l’île de Moorea : autrefois, Temaiatea et son épouse demeuraient dans l’île de Tupuai-Manu qui s’appelle désormais Maiao. La jeune femme tomba enceinte et accoucha d’un œuf. L’époux prit l’œuf et le porta dans une petite grotte près du rivage nommée Vaionini où il le déposa. Une nuit, Temaiatea vahine eut une vision dans son sommeil. Elle vit qu’elle avait mis au monde un garçon à la peau jaunâtre. Elle se réveilla et raconta ce songe à son époux. Quand le jour se leva, l’homme partit observer œuf qu’il avait laissé dans la grotte. Il constata que l’œuf avait éclos : c’était un bébé lézard de la même teinte que dans le rêve de sa femme. Temaiatea donna à ce lézard le nom de lézardjaune, Moo-rea. Lui et sa femme nourrirent Moo-rea dans cette petite grotte jusqu’à ce qu’il soit grand. Lorsqu’il devint énorme, la femme prit peur et dit à son époux : « Il nous faut abandonner Moo-rea , sinon, bientôt, il nous mangera. » Le mari refusa en lui disant : «C’est tout de même notre enfant aimé auquel nous avons donné le nom de Moo-rea » Mais comme la femme insistait, l’homme céda à ses instances. Il construisit une pirogue, pour fuir l’île. Quand elle fut terminé le couple quitta Maiao et en se dirigeant du coté du soleil levant. Ils abordèrent Tahiti par la passe de taapuna et trouvèrent refuge sur un pic montagneux. Le petit lézard jaune, Moo-rea, ne cessait de penser à ses parents qui l’avaient élevé et nourri avec tant d’affection. Mais comme cela faisait longtemps que l’on ne lui avait pas apporté à manger, il réalisa que ses parents l’avaient abandonné. De désespoir, il se jeta à la mer et nagea vers le levant. Lorsque Moo-rea eut perdu la terre de vue, il affronta le courant Teara-Veri (scolopendre ou cent-pieds), puis en sortit. Ce courant n’est pas hérissé de vaguelettes mais sa course est comme celle du scolopendre. Moo-rea fit face à un second courant que l’on appelle Tefara (Le Pandanus) car c’est un courant « épineux » comme le Pandanus. Moo-rea réussit à se dégager de ce courant, mais il était épuisé. Il affronta un troisième courant nommé Tepua (Le savon) car c’est un courant puissant. L’écume de la mer est comme de la mousse de savon. Epuisé par sa lutte contre ces trois phénomènes de la nature, il se noya. Son corps dériva et alla s’échouer sur le rivage de Vai Anae à Aimeho à (ancien nom de l’île de Moorea). Au petit matin, deux hommes partirent à la pêche. Lorsqu’ils parvinrent à la plage de Vai Anae, ils virent cette énorme chose gisant sur le sable et coururent avertir les gens de l’île en criant : « C’est un lézard jaune ! E moo re’a ! ». Depuis ce jour on nomme Aimeho : Moo-rea, c’est à dire Moorea.

Woaw…vous êtes très loin 😊🙏🌊⛵️⚓️🌊⛱️🌞 Bons vents et meilleurs voeux. ❤️Gros bisous Isabelle et mes Amitiés à « l’Amiral » 😉😘😘
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Comme il doit être difficile de rester debout quand une crêpe party dérape , que le navire est une gigantesque crêpière à l’envers , qu’il faut envoyer le torchon, qu’on louche sur l’AIS, et qu’on a un petit creux de plusieurs mètres ….confiture ou nutella ?
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De vrais aventuriers !!! sans moi j’aurais trop peur et malade sans aucun doute. Merci pour ces magnifiques photos. Bonne route à vous deux. Bises
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Merci Isabelle pour ce beau récit épique et toujours humoristique, ces belles photos, et merci de me remémorer les légendes polynésiennes qui me ramènent à mon adolescence…
Pour ce qui est des violences de la vie polynésienne qui ont pour toi dégradé le mythe, elles ne sont pas typiques de la polynésie, cela existe aussi pas mal aux Antilles, et même si c’est plus caché en métropole, ça n’en est pas moins présent, malheureusement…
Il faut conserver sa capacité d’émerveillement pour la magie qui perdure ici et là…
Très belle année 2023 à toi, tes proches,… et au capitaine ! Des bisous !
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Bon vent ! Semble-t-il vous il n’en manque pas. Bravo de faire face à sa peur et bonne route.
Tous mes vœux pour cette nouvelle année, qui sera sans doute le théâtre de nouvelles aventures maritimes ?
Cordialement
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De magnifiques récits qui me font toujours autant rêver … Très bonne année à vous belle Isabelle et au fameux capitaine
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Tous mes vœux pour cette nouvelle année .
Merci de prendre le temps de l ecriture et des photos!
Ahhhh l épisode crêpe! C est pas rigolo…
Cordialement
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Merci beaucoup….. j’ai le mal de mer ;)…. et ces bonnes crêpes … c’est toujours un plaisir de suivre vos aventures, merci
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Toujours aussi sympa tes commentaires..continue Isabelle et continue encore
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coucou Patricia, merci pour ton message 😊
Alors bien entendu que la violence n’est pas inhérente à la Polynésie, il y en a partout, mais en Polynésie les gens sont tellement plus gentils qu’ailleurs qu’on ne s’y attend pas … ça fait un sacré décalage quoi !
moi aussi je te souhaite une magnifique année qui a l’air d’avoir bien démarrée quand je vois passer certaines photos sur Facebook 😉et le capitaine se joint à moi, gros bisous 😘😘😘!
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merci Annie, très belle année à vous et à ceux que vous aimez et qui vous aiment, de ma part et de celle du fameux capitaine 🌞🌈❤️!
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merci Patrick, le prochain article est sous presse 😉!
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merci Emmanuel 😊🌈✨!
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merci Anne Marie ! très belle année à vous et à vos proches 😊🌈✨!
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merci Caroline, très belle année à vous et à vos proches, et oui, cette année nous verra encore sur l’eau, la route est longue , malgré l’impression de vitesse quand on est sur le bateau, ça ne va pas bien vite quand même 😉🌞🌈✨!
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c’est vrai, la vie n’est pas facile 😉… nutella ! j’en avais acheté un pot pour les heures difficiles et j’ai bien fait 😂!
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merci Yves, très belle année à toi et à ton nounours (et à tes femme et filles aussi 😉et grooooos bisouXXXX de ma part … et de celle de l’Amiral 😄😘❤️!
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