2500 NM

en Inde ? en Chine ? à Maurice, aux Seychelles ?


Faites comme moi, prenez un compas, placez la pointe sur les Cocos, faites un rond de 2500 NM de rayon et devinez où on va partir …le capitaine, dans sa bonté, m’a mise au jus, pour l’instant j’en sais plus que vous.

On s’était dit que comme on passerait près des Chagos on s’y arrêterait, d’abord parce que ce n’est pas demain la veille que nous repasserons près des Chagos, mais aussi que ça nous ferait une halte sur la route comme on s’arrête dans un restoroute sur le chemin de retour, on a beau dire, un restoroute c’est encore les vacances, le capitaine avait écrit aux autorités des Chagos il y a plusieurs semaines pour leur demander l’autorisation de s’y arrêter mais on ne recevait pas de réponse, et justement il en a reçu une quand on était à Hmas (moi j’écrivais Xmas mais je l’ai vu écrit Hmas alors je m’aligne), alors cette réponse c’est qu’il fallait payer 100 £ en faisant un virement sur leur compte et que ça prendrait plusieurs semaines avant d’obtenir une réponse favorable ou non, on s’est regardé avec le capitaine, payer 100 £ et savoir qu’on aura le droit de s’y poser, passe encore, mais sans le savoir et en risquant de se faire déloger à coup de pied dans le cul, merci bien, on ne s’y arrêtera pas et c’est tout, à la limite si on a un problème on ira quand même et comme ce n’est pas habité, si on ne prévient pas et qu’on éteint l’AIS on devrait passer inaperçu, mais bon, l’idée c’est qu’on les dédaigne et qu’on se fait les 2515 NM jusqu’aux Seychelles (vous aviez trouvé la bonne réponse ?), soit 4657 kms d’une traite, ça fait une transat, si on fait du 7 nœuds de moyenne ça demandera 15 jours, ceci étant nous sommes sur l’océan indien et sa réputation n’est pas des plus tranquilles, le copain du capitaine qui a fait le tour du monde en 1 an avait commenté son passage ici de « front puissant, mer cassante », ce n’est pas engageant mais quoi, impossible de reculer, je télécharge fébrilement des GRIB qui tous nous donnent un vent d’Est ou d’Est-Sud-Est à 15/20 nœuds, j’aurais brûlé un cierge en faisant une prière qu’on n’aurait pas eu mieux , et de fait, cela fait deux jours que nous naviguons avec ce que le GRIB a prévu, on a bien quelques rafales à 25 mais ça ne fait rien car on est sous génois tangonné et au portant je me ris de 25 nœuds, mais à peine le vent faiblit il, un tant soit peu, un chouïa, que le capitaine parle de spier, je lui ai vertement répondu qu’on navigue peinard donc passerait si c’était pour 3 jours mais vu qu’on en a pour 2 semaines j’ai pas envie de me faire tabasser, et puis crotte quoi, on avance à 7,5 de moyenne, que demande le peuple, il a haussé les épaules,

– on ne se fait pas tabasser à 20 nœuds !

– ouais, pas sous génois tangonné mais sous spi le bateau ballotte dans tous les sens !

Et c’est vrai parce que le génois il est sur étai mais pas le spi, même le capitaine a dit que pour mettre le spi il faut que la mer soit plutôt calme (sinon le bateau roule et emporte le spi qui fait rouler encore plus et on fait culbutos et c’est la gerbe, peut-être que d’aucuns marins vous diraient que même pas mal mais bien sûr, ça serait de la frime et puis c’est tout) et je dois vous dire que bien que nous soyons au portant, la mer n’est pas rangée et on roule bien comme il faut, toujours est-il que pour l’instant on n’a pas mis le spi, et c’est moi qui ai installé le génois tangonné sous la supervision (aiguë) du capitaine, en général c’est lui qui installe et je l’aide en obtempérant à la vitesse de la lumière si j’entends ce qu’il me demande mais parfois il marmonne face au vent et je ne l’entends pas et ça l’énerve de me voir bailler aux corneilles , cette fois c’était le contraire et ça m’a bien plu, quand on reviendra je serai vraiment une équipière efficace, il m’aura fallu un tour du monde pour y arriver, encore heureux, parfois il me laisse aussi empanner la GV ou prendre un ris, la confiance s’établit petit à petit, je ne sais pas si ça vient de moi qui n’en inspire pas d’emblée ou si c’est lui qui ne fait pas confiance facilement en ce qui concerne son bateau, toujours est-il.

On file à 8 nœuds, pas besoin de spi quoi ! et on voit que ça bouge parce que je n’ai pas réussi à avoir une photo nette … et on voit aussi qu’on va quasi plein ouest et qu’il nous reste 2465 NM à tirer

De jour on est tout seul mais la nuit il y a des bateaux de pêcheurs un peu partout, des indonésiens, il y en a qui ont de la lumière mais pas pour la plupart, on les voit à l’AIS, quand on les appelle à la VHF ils ne répondent pas, on se demande avec déglutition s’il n’y en aurait pas qui n’auraient ni lumière ni AIS, on épie la mer à tour de rôle, on dort en pointillés, le jour suivant on voit aussi quelques cargos et pêcheurs, preuve qu’ils ne pêchent pas que la nuit comme j’aurais pu hâtivement le conclure, la nuit encore suivante, bien que nous surveillions presque assidûment (oui, presque, faut pas pousser), aucun bateau, en alerte pour rien donc, sinon y’a pas grand chose à raconter parce que le vent est stable et on file bien, pas besoin de manœuvrer, le capitaine a dit que je me démerde super bien pour la bouffe parce que je lui fais des plats nouveaux presqu’à chaque fois et que c’est toujours bon, maintenant il lui arrive de me demander avec un air gourmand ce que j’ai prévu alors qu’au tout début il se défendait de faire une croisière gastronomique et revendiquait vouloir une nourriture spartiate, un vrai dur, je ne fais rien de gastronomique mais je fais du bon manger parce que sinon ça serait d’un de ces tristes quand les seuls bons moments sont ceux des repas, pour tout dire il y en a certains autres des bons moments, par exemple euuuh … la douche tiens ! Ou quand je me fais un peu bronzer sur le pont pour ne pas être blanche comme un bidet (le bidet ! Quelle invention ! Passée de mode et pourtant, si je m’étais écoutée j’aurais fait un bouquin de photos des chiottes les plus remarquables dans lesquels j’ai eu l’honneur de déposer mon ADN, et dans cette très longue liste il y a les chiottes du Byblos à St Trop, avec 1 bidet à côté de chaque techio pour dame, la classe, dans le genre classe j’en ai utilisé de chouettes à Las Vegas, le luxe, mais celui qui tient le haut du pavé reste encore aujourd’hui un véritable autel dédié à la Vierge Marie, c’était quand même un peu chelou de pisser au milieu des cierges électriques) (un des pires c’est celui où tous les murs et le sol étaient en miroirs, l’horreur intégrale, ça donnait pas envie de pousser), vous vous posez peut-être la question de savoir s’il existe d’autres moments qui agrémentent joliment les grandes traversées, certes, et s’ils peuvent se dérouler par tous les temps comme le fait de manger, et bien oui, par tous les temps, et parfois je ne vous cache pas que c’est acrobatique, à propos d’acrobatique je précise que nous n’avons toujours pas ouvert le Scrabble, ce n’est jamais ça qui tente le capitaine, et puis aussi la gym que nous nous appliquons à faire régulièrement sinon on s’encroûte, avec tout ça les journées passent vite et on a bonne mine.

Mercredi 18 octobre, le vent a faibli et il y a encore une bonne mer alors on roule, le capitaine m’avertit quand il voit une grosse vague qui arrive, tiens toi isabelle ! conseil superfétatoire s’il en est, quand les voiles claquent ça le fait tiquer, parfois le vent remonte sous un nuage mais ça ne dure pas, le drapeau a encore perdu des plumes, il ne restera plus rien à me dédicacer si ça continue !

reconnaissez vous le drapeau français ?

Cette nuit à 3h, j’ai vu que notre cap était vraiment trop au sud, de 30 degrés par rapport à notre route (le pilote automatique est en mode vent donc si le vent tourne ça change notre cap) (je ne fais pas affront aux navigateurs qui me lisent, j’explique pour ceux qui ne savent pas), que faire, attendre pour voir si ça va revenir comme avant ? attendre le jour pour empanner ? … attendre me semble nuitamment la meilleure option afin de retourner dormir et laisser le capitaine faire de même, la petite voix du diablotin me siffle d’aller me recoucher, celle de l’angelot est outrée, se taire ! quel crime de lèse majesté isabelle ! 30 degrés du cap bon sang ! J’allume Navionics pour voir depuis combien de temps ça dure, et bien ça dure depuis trop longtemps c’est certain, je m’ébroue mentalement et vient m’asseoir près du capitaine pour le réveiller en douceur et lui partager ma pensée tandis que l’angelot fait la nique au diablotin (qui prendra sa revanche n’en doutons pas)

– capitaiiiiine ? chuchoté je sur le ton avec lequel on berce un enfant malade

le capitaine ouvre un œil qui se tourne aussitôt vers moi comme celui d’un caméléon, quoi ? prêt à dégainer son colt , je chuchote toujours en lui tapotant légèrement l’épaule

– on est trop sud, il faudrait empanner

Il se retourne d’un mouvement qui s’en fout en me demandant pourquoi je l’ai réveillé pour ça, plus tard ! voilà, c’est pour ça que je ne sais pas toujours quoi faire parce que les mêmes circonstances n’aboutissent pas toujours à une même conclusion, pour ne pas dire jamais, je me jette sur ma couchette le cœur en paix mais tintin pour me rendormir, j’étais trop prête à empanner, ce que nous faisons dès notre réveil et on en profite pour envoyer le spi, maintenant je me marre à chaque fois qu’on envoie le spi parce que je me rappelle d’une fois où je m’en étais occupée (sous la surveillance pénétrante du capitaine), il m’avait posé des questions au fur et à mesure de mon avancée, et maintenant tu fais quoi ? j’avais balayé d’un regard le tangon, la balancine, le hale-bas, le bras et l’écoute, tout étais mis en place, j’avais clamé

– je lance le spi !

Je m’étais mise à craindre qu’il aille jusqu’à vouloir que je le hisse toute seule alors qu’en général il est en pied de mât et moi au winch, mais non, avec une moue narquoise il avait fait le geste de balancer un truc par dessus bord

– comment ça tu « lances » le spi ?

pensant à une simple erreur de vocabulaire

– euuuuh … je l’envoie !

puis voyant sa tête accablée

– aaaah je monte le tangon déjà !

C’était la bonne chose à faire, maintenant à chaque fois qu’on envoie le spi, je le revois faire ce geste de balancer le spi en paquet dans la flotte et ça me fait marrer parce que je visualise la tête qu’il faisait

On a entre 15 et 20 nœuds plein cul, on avance entre 7 et 8, un peu de mer mais finalement on ne balance pas plus que sous génois tangonné, enfin guère plus, on a fait plus du tiers de la route, pourvu que le vent se maintienne, la nuit suivante le vent tombe à 12/14 et adonne, on se retrouve avec un cap trop nord, je me dis que ça va faire comme hier à savoir empanner dès le saut de la couchette, et puis non, le capitaine décrète qu’on prend d’abord le petit dèj et qu’on verra ensuite ce qu’on fait, de toutes façons comme on a le vent plein cul, on doit tirer des bords et on va ou trop nord ou trop sud, on prend le petit dèj et on attend de voir, le vent monte à 22, à 24, je la ramène

– on pourrait empanner et en profiter pour passer en génois tangonné ?

Le capitaine émet le son d’une vieille porte rouillée qui grince sur ses gonds,

– on ira moins vite (et tout le monde sait qu’il faut toujours aller plus vite) regarde il y a seulement 16 nœuds de vent maintenant !

– mais tu vois bien que ça monte progressivement, et puis le bateau zigzague de plus en plus, c’est désagréable

– ça fera pareil sous génois

Mensonge ! Oh le manipulateur qui essaie de m’embobiner !

Finalement le vent s’établit à 20 plutôt qu’à 16, on empanne et génois tangonné, pamdampatchi 🥁

Sinon j’ai ouvert une de ces fameuses boîtes de bœuf cuisiné à la casserole achetées aux Cocos, slurp me régalai je par avance … dé-gueu-lasse, une espèce de gélatine immonde avec exactement 8 petits dés d’une viande vraiment coriace sous la dent alors qu’en ayant trempé si longtemps dans sa boîte elle aurait dû se ramollir un minimum quoi, 3 petits pois et 4 cubes de carottes beaucoup trop ramollis pour le coup, imbouffable

– moi j’aurais pas acheté ça ! (la remarque empathique par excellence)

Et moi j’avais confiance en l’étiquette, c’est pourtant pas compliqué de faire une bonne daube de bœuf et de la mettre en boîte, pourquoi inventer une recette aussi dègue ?! (pour faire du fric isabelle), j’ai posé sur chaque bol de riz 4 petits dés de viande sans la sauce (de merde) et balancé les 98% de la boîte à la mer, j’aurais bien voulu voir la tronche des poissons qui l’ont goûté, à propos de poissons il y a plein de poissons volants ici, on trouve plein de bébés minuscules sur le pont, 5 millimètres voire moins, hier il y en a un qui a atterri à mes pieds et je me suis empressée de le renvoyer à l’eau, il a dû avoir la trouille de sa vie.

Le temps passe, les jours avec lui, on alterne spi et génois tangonné, surprenamment la mer est plus forte que le vent, croisée qui plus est, on est ballotés, mais au bout de quelques jours de mer, ballotés ou non c’est kif-kif, on le remarque à peine, sauf quand c’est vraiment une grosse vague, enfin résultat à un moment le capitaine me crie d’en bas regarde le spi ! quelle idée, bon, je suspends la lecture de mon polar pour regarder le spi, bin mince alors, il est tout entortillé autour de l’étai de génois

– bin mince alors ! il est tout entortillé autour de l’étai de génois !

Le bateau est parti à l’abattée avec une grosse vague, la GV a déventé le spi tandis que le bateau roulait sur l’autre bord et avec ce mouvement de balancier le spi est allé s’enrouler autour de l’étai.

– mais tu l’avais pas senti ?!

– bin non, j’avais bien senti qu’on ralentissait mais comme il y a moins de vent …

– choque l’écoute ! me crie t’il depuis les cabinets, il doit s’en remettre à moi qui, certes, veux bien choquer l’écoute mais dans quel but ? j’arrive en titubant devant le winch (ça roule) et voit le capitaine qui déboule en remontant son short quitte à trébucher, il fonce à l’avant du bateau regarder les dégâts et m’engage en criant à choquer en grand, je m’exécute mais ça n’a pas du tout l’air d’arranger nos affaires, je reborde aussitôt pour éviter que ça n’empire, il revient en aboyant qu’il aurait fallu faire quelque chose tout de suite, je le calme d’un ce n’est pas de ma faute olympien tandis que je débrasse et qu’il reprend le hale-bas, si ça ne marche pas d’un côté on tente de l’autre, c’est de la mienne ! qu’il me balance comme un môme en manque de repartie un peu finaude, m’enfin c’est à cause du vent et des vagues, je me retiens de lui signaler qu’à tout prendre il aurait mieux valu affaler le spi avant que le vent ne monte à 20 et plus mais qui c’est qui garde le spi le plus longtemps possible, bref, on réussit à le détortiller et à l’affaler sans le déchirer, on est seulement en train de le plier dans le cockpit que le capitaine relève le nez comme un chien aux aguets

– y’a plus d’air !

– comment ça y’a plus d’air ? il y a 17 nœuds !

Il serait prêt à renvoyer le spi, dès qu’on descend en dessous de 8 nœuds de moyenne maintenant, il se plaint qu’on se rabale et qu’on navigue comme des vieux, qu’est-ce qui faut pas entendre. En parlant de spi, je lui ai posé des questions sur la taille et le grammage des spis, il en a plusieurs mais il en voudrait un supplémentaire, taillé plus petit pour qu’il gonfle moins en haut afin de tenir jusqu’à 25 nœuds tranquille, bin voyons, ça voudrait dire qu’il garderait le spi jusqu’à 30, brûlons un cierge pour que cette idée soit définitivement éradiquée de sa cervelle monomaniaque.

Et chaque jour apporte son lot de cargos, des machins de 390 mètres de long et 65 de large, certains passent au loin, d’autres bien proches, nuit et jour il faut veiller, en tous cas on est à mi-chemin

Hier c’était pépouze, vent 14/15, GV et génois tangonné, un vrai dimanche, cette nuit sur le coup de 5h, heure des Cocos Keeling, vent à 12 qui est passé à l’Est, notre cap est à 40 degrés trop sud, on empanne et on voit le soleil se lever, avec toujours cette étoile scintillante qui nous indique l’Est tout au long de la nuit, je me demande si c’est Canopus parce que Canopus est la 3ème étoile la plus brillante après le Soleil et Sirius, et comme elle est située à environ 310 millions d’années-lumière du soleil, de loin on ne doit pas la voir bouger des masses …je me suis d’abord demandé si c’était Vénus parce qu’on peut la voir aussi dans l’hémisphère Sud, mais Vénus elle se lève à l’ouest et elle se couche à l’est, donc elle transite durant la nuit, ce qui prouve que ce n’est pas cette fameuse étoile … on en parle avec le capitaine pendant le dîner sur nos genoux dans le cockpit, il éteint sa lampe frontale après le café et on regarde le ciel, on est aux premières loges pour profiter du spectacle.

là c’est la lune à l’ouest, dernier tiers de la nuit, vous savez à quoi on le voit ?

Spi quand on veut avancer parce qu’on se traîne, mer croisée, chahutation, c’est pas le fun, ce qui est fun par contre c’est qu’à force je n’ai plus peur du spi, du moins quand on a ce temps et qu’on ne voit pas de grain à l’horizon. Empannage plus tard, le soir on affale pour passer la nuit tranquille, le lendemain matin le vent est acceptable, on laisse le génois tangonné, le capitaine se recouche après le petit dèj, je m’allonge sur le pont à tribord afin de continuer cette entreprise de brunissage de ma peau, ca ne fait pas 10 minutes que j’en profite quand j’entends ISA ?!

– j’suis là
Bon, flûte, je n’arriverai jamais à bronzer.

ISAAAA ?!?!?!

– JSUIS LÀ !!

Le capitaine surgit dans le cockpit, l’air tout affolé

– je ne te voyais pas ! j’ai regardé partout et je ne t’ai pas vue ! … dis donc ça fait quelque chose !

Je vois très bien ce que ça fait, ça m’est déjà arrivé de croire qu’il était tombé à l’eau !

Arrive midi, l’heure du crime, une claque porte (spéciale dédicace à mes cousins) (midi, et alors, je prends des libertés, l’écrivain fait ce qu’il veut), le capitaine et moi sommes affairés à une occupation qui nous distrait, le temps requis, de notre environnement, quand soudain KLOOONGGGggg, un sacré grand bruit, toutes affaires cessantes, le capitaine se dresse dans le cockpit, MEEEERDE PUTAIIIIN !!! hausse vertigineuse de mon taux d’adrénaline, je relève la tête, quoi quoi quoi ? on a empanné ! Comment Dieu est-ce possible sous pilote, génois tangonné et frein de bôme qui est un bloqueur de bôme vu comme le capitaine s’en sert, ce qui fait que la bôme n’a pas bougé et est toujours sur tribord, est-ce possible d’empanner rainsi ? C’est.
D’ailleurs on le voit avec le génois gonflé à contre (le capitaine me dira plus tard qu’il n’était pas gonflé à contre, et moi je vous dis que je n’ai pas la berlue) je bondis dans la descente pour attraper la commande du pilote tandis que le capitaine a sauté sur la barre en me criant d’appuyer sur stop, je n’ai pas mes lunettes alors je ne vois pas bien le bouton stop et puis si, stop, le capitaine a pris le pouvoir sur les éléments et braille que j’aurais dû appuyer sur le stop dans le cockpit au lieu d’aller chercher la télécommande, comme si j’avais la tête à ça extraite brutalement de ce qu’il me faisait subir, il est magnifique à poil à tenir la barre mais ce n’est pas le sujet, il m’ordonne, j’obéis, relâche le frein de bôme pour aider à passer la voile du bon côté, ok mais le génois est toujours à contre, j’invente pas, on est à la cape ! m’informe le capitaine, ce qui me fait une belle jambe (et prouve que le génois est à contre), je ne sais pas ce qu’il veut faire mais je sais qu’il va falloir faire alors je file fermer les écoutilles pour éviter de foutre des cordages dedans pendant la manœuvre (toujours cette sensation d’être une hôtesse de l’air qui déambule pour vérifier la fermeture des portes avant le décollage) (j’ai peut-être été une hôtesse de l’air dans une autre vie), au passage je cherche désespérément mon short et mon teeshirt des yeux, doux Jésus où est-ce que j’ai bien pu les balancer, ah ! les voilà ! je saute dedans à cloche-pied autant qu’à la hâte,

– mais qu’est-ce que tu fabriques ?!

– je m’habille !

Il ne sera pas dit que je vais aller courir sur le pont les miches à l’air, je ne pense pas que cela me mette à mon avantage bien que je sois consciente qu’autrui puisse être émoustillé par des trucs qui me dépassent (j’ai lu des choses), hop mes shoes et mes lunettes, hop je surgis dans le cockpit, prête à affronter les éléments, on réempanne du bon côté, on sécurise le tout, le capitaine s’approche de moi avec un sourire, qu’est-ce qu’on disait rappelle moi ? il n’est pas dit qu’il ne finira pas une tâche entamée avec tant d’ardeur alors il l’achève ardemment.

Plus tard on prend un ris, le vent est monté, on trouve qu’ici la mer est bien plus forte que ce qui devrait être avec ce vent, peut-être à cause des courants ? Peut-être pour coller à la réputation de l’océan Indien ?
Pour ne pas déranger le capitaine pendant qu’il mange, j’attends la fin du déjeuner pour lui demander

– Comment ça se fait que le bateau n’a pas réempanné tout seul dans la foulée ?

Il me sort son fameux regard qui se demande d’où je sors pour poser ce genre de questions :

– Bin … parce que la grand-voile n’était pas du bon côté !

– Aaaaaah !

Comme tout est simple quand on sait, et donc, pendant que je me rhabillais, il avait passé le chariot à bâbord ce qui avait permis de réempanner ensuite fingers in the nose, on n’a rien cassé et je peux vous dire que le frein de bôme a fait son office, la bôme est restée en place, et je peux vous dire aussi que ça fait bizarre d’être tribord amure avec la bôme à tribord, l’impression que le bateau est hors de contrôle, du moins du mien, le capitaine a tout de suite capté ce qui se passait et fait ce qu’il fallait, j’apprends encore et encore.

Le vent monte et on a du courant de face, la mer est hachurée et bien agitée, c’est pour ça qu’on bouchonne dit le capitaine, et il y a de gros nuages dans le ciel, en même temps où pourraient ils être, le soir en cuisinant capots ouverts, un gros poisson volant atterrit dans le bateau et se met à frétiller comme un fou sur le plancher, à un poil près il tombait dans la poêle et cuisait direct, tout de suite il empuantit le bateau, c’est fou ce que ça peut puer les flying fishes, le capitaine, n’écoutant que son courage et son bon cœur, attrape un bout de PQ pour éviter d’avoir les doigts qui schlinguent toute la nuit, saisit l’animal par la queue et le renvoie d’où il est venu, je ne sais pas s’il est indemne de son saut de l’ange mais encore un qui n’a pas dû comprendre ce qui lui arrivait.

le capitaine prend la température

Aujourd’hui le vent est encore monté, 25/28 établi, et on a eu des grains avec 33 nœuds, finalement on a pris 1 ris1/2 dans le génois et un 2nd dans la GV, on navigue comme des sexas s’est plaint le capitaine, n’empêche que depuis le bateau est nettement moins secoué et j’ai même pris ma douche sur la jupe. Et puisqu’il se plaint qu’on ne va pas assez vite :

– Pourquoi tu as voulu prendre un 2nd ris dans la GV après en avoir pris 1 dans le génois ?

– Pour équilibrer

Certes, mais encore ?

– sinon on lofe

– Ah ouais ? …. (neurones en action) Pourquoi ça fait lofer ?

– le génois il fait abattre le bateau parce qu’il est en avant du plan antidérive et la GV elle le fait lofer puisqu’elle est à l’arrière

– aaaaah ouaaaaaiiiiis

– Je te l’ai déjà dit isabelle

– ah ouais ? … moi j’ai besoin de plusieurs couches pour retenir… et toi tu retiens tout quand on te l’a dit une fois ?

– nan, moi je retiens rien
De cette belle nuance qui est sienne

Alors que revoilà la sous-préfète … (pour nos amis cinéphiles)

Jeudi 26 octobre, depuis hier les grains se succèdent à un rythme lent, ça lave le bateau, on n’a plus qu’un seul ris à la GV, mer toujours confuse et agitée alors sommeil encore en pointillés, plus tard on lâche le dernier ris, on a encore 16 à 20 nœuds

Vendredi 27, le vent est tombé à 10/12 au petit matin, avec la houle et les vagues décousues les voiles et la bôme claquent, après le petit dej on empanne et on envoie le spi, ça bouge toujours autant et la GV claque, on l’affale pour être seulement sous spi, on avance à 4,5, pour couronner le tout on a un courant de 0,8 de face, le bateau bouchonne toujours autant et c’est encore plus désagréable quand on n’avance pas, c’est double peine, on est à peine posés que le vent a tourné, il faut empanner donc affaler le spi, le capitaine constate

– on va se retrouver sans voile …

– on n’a qu’à mettre le génois pendant qu’on change tout de côté ? (je trouve toujours quelque chose à répondre)

– mouaifff ….

– ou alors on met le moteur le temps de renvoyer le spi ?

– mfffff

Bon, on affale, le spi danse et on en mouille une partie dans la manœuvre, je déroule le génois pendant que le capitaine récupère écoute et bras, le génois ne tient pas et claque dans tous les sens, les écoutes se balancent comme des fouets furieux à côté du capitaine, attention à toi ! aussitôt je l’enroule car il ne sert à rien et on met le moteur, on va voir ce que ça donne, on a bien fait, après le vent fait n’imp, passe de 5 à 10 et redescend, passe de 160 à 50 degrés et remonte, 3 jours comme ça soupire le capitaine avec une moue désabusée.

le GRIB n’est pas optimiste quant à la remontée du vent …

Hier en fin d’après-midi, très gros grain qui lave le bateau, comme on a tout fermé c’est une véritable étuve à l’intérieur, faire pipi en est angoissant parce qu’on ne sait pas si on ne sera pas évanoui de chaud avant d’avoir réussi à vider sa vessie, on passe la nuit au moteur et on essuie plusieurs grains, dès qu’il arrête de pleuvoir on ouvre en grand pour ne pas mourir cuits à la vapeur comme des raviolis chinois, ce matin pendant le petit dej le vent remonte à 12/14 de travers, on se doute que c’est l’effet d’un des gros nuages, mais finalement ça dure, la dernière bouchée avalée on déroule le génois puis on monte la GV, alors tenez vous bien : SANS SE METTRE FACE AU VENT 😵, comme il y a toujours de la houle et pas bézèf de vent, le capitaine a un peu lofé, laissé la bôme désaxée pour qu’elle soit grosso modo face au vent, et il l’a hissée là, sous mon ébahissement, c’est super pratique de faire comme ça ! que je me suis dit, me rappelant de certains hissages de GV face au vent avec une mer agitée qui me faisaient regretter d’avoir un estomac, le temps de le faire le vent est déjà retombé à 8, mais il est de travers alors on avance, et puis ça retombe comme c’était monté, le capitaine me dit qu’allez hop on affale et pendant que je remonte le charriot au milieu il lofe, il m’envoie relâcher le frein de bôme et passe le chariot de l’autre côté, je n’y comprends rien, il vire, bon, et puis on se remet au cap sur l’autre amure

– bin ?! on ne devait pas affaler ?

– si mais le vent est remonté quand j’ai manœuvré, et il est passé de 130 à tribord à 120 à bâbord

Ouais, vous vous doutez bien qu’en étant aussi versatile et avec ce ciel rien ne va durer, effectivement le vent retombe doucement

– aaaah là il faudrait mettre le gennaker
Il ne va pas me faire le coup j’espère !

– mais bon, pas la peine, sinon on ne va pas arrêter de manœuvrer
Je ne vous le fais pas dire.
De nouveau plus de vent, de nouveau on affale et moteur, au moins ça occupe, je me demande à voix haute si le fait de faire ce genre de manœuvre ne nous fait pas tomber la moyenne finalement, tut tut tut qu’il me fait avec sa langue en secouant la tête de gauche à droite (ça veut dire non), je n’en suis pas si sûre …
Nous sommes en gros à 5 degrés de latitude Sud,

– ce temps là c’est celui du pot au noir ! s’exclame t’il debout sur le pont, le nez levé vers ce ciel dans les camaïeux de gris
Tiens, je l’avais oublié celui là, il nous reste 230 miles à faire, on mettra un jour de plus que prévu, au moins on n’a plus 1 nœud de courant dans la gueule comme depuis 2 jours, du coup on avance à 5 nœuds au lieu de 4.

Des fois on met le génois, il balance sur son étai comme une grenouillère sur un fil à linge, on l’enroule, une couche nuageuse nous protège de la chaleur cuisante du soleil, c’est bien, finalement le capitaine dit que bon an mal an on avance ! il n’est plus dans la compète, il a juste envie d’arriver un jour.

Dimanche 29
Hier soir la lune était pleine, lumineuse au point que sont reflet sur l’eau était or, on a bien passé deux heures à simplement l’admirer, bien que je rompisse régulièrement le silence …

– Je me demande qui a appelé la lune « lune » … qui a compris pourquoi elle changeait d’apparence chaque jour et que ça formait des cycles et que ça recommençait… et idem pour le soleil … et tous les mots d’ailleurs, c’est fou ce que le langage peut exprimer, des choses, des émotions, des concepts … ça me ramène toujours à la même question, pourquoi tout ça, pourquoi nous, toute cette intelligence, plutôt que rien ?

Avec toutes les questions que je pose au capitaine quand on regarde le ciel, il me dit que je devrais acheter l’astronomie pour les nuls (du coup je viens de le faire en format Kindle, c’est moins encombrant dans le bateau). Pour les autres émanations de mon esprit, il ne pipe mot, il s’en fout pas mal.

Sinon, on est toujours au moteur, peu de vent mais de la houle courte qui fait rouler le bateau, ciel gris, grains, quand on met le génois il bat de l’aile comme un oiseau blessé, le capitaine décide de le tenter tangonné mais problème : quand on a la GV on tangonne au vent, alors là sans GV, on tangonne au vent ou sous le vent ? Je lui donne mon avis puisqu’il me pose la question

– je dirais sous le vent … mais c’est toi le spécialiste et tu as un raisonnement plus élaboré que le mien (tant qu’on parle de voile entendons nous bien, sinon je commence émettre des doutes) (j’en profite pour rappeler que j’ai de l’humour)

– … (front plissé de réflexion) … ouais … je dirais ça aussi … parce que ça sera mieux que ça soit le guindant qui reçoive le vent plutôt que la chute …
Voilà, chez moi c’est intuitif, chez lui élaboré.

On s’exécute, bon, on doit quand même prendre un ris pour qu’il batte moins, le tangon est à tribord, on est quasi plein cul bâbord amure, quand la houle (qui vient de 3/4, bâbord arrière) arrive, on gîte à tribord et hop le génois se gonfle, la houle passe et hop on gîte à bâbord et hop le génois claque, et ainsi de suite, la mer est vraiment chaotique, on avance à peine plus vite si je veux euphémiser, en plus on a 0.5 nœud de courant dans la gueule, tout pour plaire.

c’est mou


On range ce qu’il y a à ranger dans le cockpit tout propre grâce à ces grains, je demande si on range le bras de spi laissé en couilles-de-chat sur une filière à dessein, le capitaine temporise, on va peut-être avoir l’occasion de le renvoyer, à mon tour d’arborer une moue dubitative,

– avec ce qu’annonce le GRIB ?
Son visage manifeste la circonspection la plus totale, sait-on jamais ce que la nature nous réserve, j’ajoute

– et avec les grains qui se succèdent ?
Cet argument a raison de l’écoute de spi on la range et ça m’arrange, affaler le spi en urgence sous la pluie et les rafales alors qu’il ne nous fait avancer qu’à 3 nœuds entre les grains, merci.
On devrait arriver demain.

Mahé

Et oui, cochon qui s’en dédie, on arrive le lendemain matin, on voit île de Mahé devant et à tribord, celle de Praslin :

on la devine dans les nuages

Le capitaine change le drapeau au bout de sa vie pour un neuf, il est temps :

Le port contrôle nous appelle à la VHF, ils nous ont vu arriver, ils nous donnent une position GPS pour mouiller et nous disent de hisser le drapeau jaune, c’est marrant, c’est la première fois qu’on nous donne une position GPS pour aller mouiller !

on longe l’île au cerf

Le capitaine entre le point GPS sur Navionics et on y va, en se disant que bon, ok, mais pas besoin d’être précis au centimètre, et puis en approchant du point, on ne descend pas en dessous de 18 mètres de fond et il y a pas mal de houle, ça voudrait dire qu’il faudrait dérouler beaucoup de chaîne, et quand on passe pile sur le point GPS, il n’y a plus que 13 mètres de fond et très vite le fond repart à 20 mètres, il faut donc mouiller pile au point GPS, bon, je suis à la barre en marche arrière et le capitaine à l’étrave, prêt à appuyer sur le bouton à mon ordre (quel ascendant, je le tiens en mon pouvoir, ça va me monter à la tête), il ne peut pas s’empêcher de me dire par ici ou par là, à droite, à gauche, c’est dingue parce qu’il n’a pas Navionics sous les yeux alors qu’est-ce qu’il en sait, des fois ça m’énerverait presque, alors je fais ce que j’ai à faire et quand je pense qu’on est bons je lui crie vas-y ! 14 mètres ! le temps que l’ancre descende on devrait arriver pile sur les 13 mètres, gagné, on est des chefs, dans ma tête on se croirait dans un film américain quand les gars de la NASA se lèvent pour applaudir à tout rompre l’explosion d’une météorite qui menaçait l’humanité, on appelle les customs à la VHF et ils arrivent pronto sur un bateau pour sauter à notre bord, avec la grosse houle ça n’est pas si simple et les gars ont l’air sportifs comme des dugongs (appelés vaches marines en Nouvelle Calédonie) (quand je l’ai dit au capitaine il m’a répondu que ouais parce qu’ils broutent), ils y arrivent malgré tout et c’est parti pour la valse des papiers, très vite celui qui a l’air d’être le chef et encore plus fatigué que les autres nous déclare qu’il nous laisse tous les papiers, nous écrit une liste de ce qu’il nous faudra lui procurer en nous invitant à passer demain à terre au bureau des douanes et à l’immigration, et d’un signe tout ce monde lève le camp sans jeter le moindre coup d’œil dans le bateau, on serait venu avec des opossums pour envahir les Seychelles qu’ils n’en auraient rien su.

Eden Island, et derrière, Victoria sur l’île Mahé


On relève l’ancre pour aller à la marina d’Eden Island, je les appelle à la VHF pour les prévenir, leur demande de quel côté on sera amarrés malgré les signes de dénégation du capitaine qui doit trouver que ça fait clampin, mais je fais bien car le gars de la marina me dit que c’est à la méditerranéenne, donc sur pendille, heureusement que j’ai demandé parce qu’en général on prépare des pare battages et des amarres des deux côtés et ça n’aurait servi de rien, ma foi ça fait belle lurette qu’on n’a pas été sur pendille et je ne me souviens plus de ce qu’il faut faire, ça sent le cafouillage à plein nez, mais le gars m’a dit qu’ils nous aideront que je dis, soulagée, au capitaine,

– pas besoin ! tu sauteras sur le quai pour amarrer derrière et ensuite tu viendras choper la pendille jusqu’à l’avant pour la mettre au taquet

Bin tiens.

Quand on arrive à la marina, un gars sur un ponton nous fait de grands signes pour nous indiquer notre place, je fais de même pour lui répondre, le capitaine y va en marche arrière, je balance une première amarre au premier gars, une seconde au second, j’arrange les pare battages par rapport au catway, le gars me tend la première pendille en me conseillant de mettre des gants à cause des coquillages qui coupent les doigts, chevaleresque le capitaine enfile des gants et le fait à ma place, nous voilà arrimés sans un cri, sans une larme, très très bon accueil aux Seychelles !

J’ai demandé au capitaine de me dédicacer le drapeau que j’ai posé sur la table avec un marqueur, il devait être en panne d’inspiration car il l’a laissé là plusieurs jours, et puis comme j’insistais il a écrit « de la Nouvelle Zélande aux Seychelles, ça use ! » et signé de son prénom et de Cap de Miol.

– C’est pas une dédicace ça ! quand on demande à un écrivain de dédicacer son bouquin, il demande à qui, sinon ça peut être pour n’importe qui, alors est-ce que tu veux bien me le dédicacer ?

ça le dépasse ce que je lui raconte, mais il prend le marqueur et il ajoute :

avec un cœur ! ça c’est de la dédicace ❤️ !

Encore un effort et vous pourrez retourner à vos occupations :

  • Faire la nique à quelqu’un : se moquer de, narguer quelqu’un – expression vulgaire et populaire venant de l’arabe nikah (faire l’amour) qui donna le mot français forniquer. Au Moyen-Âge, on utilisait faire le niquet pour montrer son mépris à autrui. Rapidement, cette expression se transforme en faire la nique. 
  • Les étoiles observées ne sont pas les mêmes dans l’hémisphère Nord et dans l’hémisphère Sud et c’est bien normal : l’hémisphère Sud dispose de 46 constellations (contre 39 dans le Nord), il est considéré comme le plus riche en étoiles mais on n’y voit pas la Grande ni la Petite Ourse, pas plus que Cassiopée ou Orion, et l’étoile Polaire qui indique le nord n’y est également pas perceptible. En revanche on y voit la Croix du Sud, la plus petite de toutes les constellations. Il s’agit de quatre étoiles formant une croix avec en son centre une cinquième, moins brillante que les autres, c’est la Croix du Sud qui permet de trouver le pôle Sud céleste dans cette partie du globe, elle apparaît sur le drapeau australien pour indiquer l’appartenance du pays à cet hémisphère.
  • Le dugong est un gros animal particulièrement placide, qui peut mesurer 4m de long pour un poids de 500 à 900 kgs. Le corps des dugongs est allongé, avec une tête dans le prolongement du corps, de tout petits yeux, un énorme ventre et des nageoires courtes et arrondies. Ils se nourrissent exclusivement d’herbes marines qu’ils broutent lentement sur le fond au moyen de leur gros museau. Ils en consomment jusqu’à 40kg par jour. Les dugongs sont des mammifères marins : ils ont le sang chaud, respirent de l’air et allaitent leurs petits. Ce sont d’ailleurs les deux énormes mamelles de la femelle, très visibles en période d’allaitement même depuis la surface, qui ont souvent fait prendre ces gros animaux pour des femmes aquatiques, à l’origine de nombreuses légendes de sirènes, d’autant plus qu’il leur arrive de chanter d’une voix aiguë pour communiquer. Leur nom signifie d’ailleurs “dame de la mer” en malais. C’est à cette ressemblance que les dugongs (et les lamantins, leurs cousins de l’Atlantique) doivent le nom de leur ordre dans la classification des biologistes : les “siréniens”. Les siréniens sont des mammifères retournés à la vie aquatique  comme les cétacés (dauphins et baleines) et les pinnipèdes (phoques, otaries et morses), auxquels ils ne sont pas apparentés. Comme les tortues, les dugongs sont des animaux qui vivent au ralenti : les femelles ne sont matures qu’entre 10 et 17 ans, et ne donnent naissance qu’à un seul petit tous les 7 ans ! En contrepartie, dans la nature les adultes ont une espérance de vie très longue, dépassant 70 ans. Le renouvellement de leur population est donc extrêmement faible, et la pêche peut éradiquer complètement l’espèce en quelques années  comme cela a été le cas à l’île Maurice, mais aussi aux Maldives et en de nombreux autres endroits. 
le dugong, une espèce menacée, le braconnage et le tourisme côtier sont ses deux principaux ennemis

Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

2 commentaires sur « 2500 NM »

  1. Vous parlez d’aller faire escale en Inde. Tous mes amis qui en sont revenus n’y retournerons plus. Il y a tellement d’endroits magnifiques en Océan Indien car en Inde il y a la pollution et le reste…….Bonne continuation et grande prudence.Amicalement JS

    Aimé par 1 personne

  2. justement Jacques, nous n’y sommes pas allés exactement pour cette raison, nous avons filé sur les Seychelles et ensuite Mayotte et Afrique du Sud où nous sommes à l’heure où je vous écris, les récits sont sous presse 😄!

    J’aime

Laisser un commentaire