Est-ce que les Seychelles ça vaut le coup ?

Me revoilà, nous n’avons pas coulé en pleine tempête et je n’ai pas été noyée par le capitaine un jour d’agacement ultime ou lors d’une quelconque partie de PMT (Palmes- Masque-Tuba pour les non-initiés dont je faisais partie il y a peu) mais nous étions rentrés en France pour 7 semaines, moi pour travailler, le capitaine pour faire à sa guise tandis que j’étais scotchée dans mon bureau le pied au plancher, je pense qu’il avait envie de voir d’autres têtes que la mienne, ce que je comprends, et qui me dévaste en partie, la plus conne car la plus amoureuse, l’autre partie étant un exemplaire exemple de droiture, de grandeur, de générosité, d’aspirations hautes zé saintes et j’en passe, mais voilà, la bataille est rude entre les deux, je voudrais le capitaine pour moi seule tout en voulant lui éviter la lassitude, c’est cornélien, je souffre (si), bref, nous avons retrouvé Cap de Miol hier, en Afrique du Sud où nous étions arrivés comme prévu, mais je vais vous raconter comment nous y sommes arrivés, rentrés hier donc, le bateau dé-gueu-lasse, plein de poussière de charbon apportée par le vent, et puis nos sacs à défaire avec tout le bricolage que le capitaine a rapporté de France alors qu’il paraît qu’on trouve tout ici et à pas cher, au bout d’un voyage de 24 heures sans quasi dormir, on a tout lavé, tout rangé et ça va être reparti mon kiki, my god j’espère que je saurai encore naviguer, j’ai le temps de réviser car on va sortir le bateau pour le caréner, mais quand j’y pense ça me coince le kiki (pour moi le kiki c’est la zone gorge-estomac, je précise vu comme d’autres me regardent quand je dis ça)

Je vous rafraîchis la mémoire en vous rappelant que nous venions d’arriver aux Seychelles, donc le sujet du jour c’est : est-ce que ça vaut le coup les Seychelles ?

on dirait que oui ?

Comme d’habitude, nous visitons, Victoria en l’occurrence, par la force des choses, les choses étant les paperasses de clearance, l’immigration et la douane, nous demandons poliment à des passants où se trouvent les bureaux de l’immigration et nous atterrissons dans des bureaux d’état civil et d’immigration où l’incompréhension ruisselle des visages auprès de qui nous nous enquérons,  jusqu’à ce qu’une nana percute et nous indique qu’il faut aller à l’immigration maritime à New Port, nous avons mis 3 bons quarts d’heure pour arriver jusqu’ici sous une chaleur de gueux, le long d’une route tellement fréquentée qu’on aurait cru une autoroute, avec des bas-côtés pas du tout prévus pour les piétons, ça nous a étourdi sévère en arrivant de tous ces jours de mer… Nous nous attardons encore un peu pour profiter du bain de climatisation qui nous requinque, reprenons notre chemin en sens inverse, bifurquons pour arriver au nouveau port dans lequel des thoniers déversent des tonnes et des tonnes de thons depuis des filets gigantesques, c’est incroyable de vider les océans comme ça, on nous interpelle, pas le droit de passer comme ça où c’est qu’on va donc se prendre des tonnes de thons sur la gueule, on nous fait passer par tout un dédale loin d’eux, prendre un badge visiteur, trouver ce qu’on cherche au diable vauvert et nous voilà devant le bureau d’immigration à 15h, comme ça ferme à 16h on a tout bon en toute logique, mais la porte est close avec un panneau qui indique un numéro de téléphone, nous n’avons pas de carte SIM locale alors allons frapper chez les douaniers qui nous reconnaissent puisqu’ils sont venus hier sur le bateau, ils appellent le gars de l’immigration qui ne reviendra pas avant demain matin, faudra revenir, bon, ça nous fera marcher hein, tant qu’à faire on fait les papiers pour les douanes, le gars nous demande au moins 5 fois les papiers qu’on lui a déjà donnés et qu’il a sous le nez, je finis pas me demander s’il sait lire, finalement il nous envoie payer une taxe dans un bureau à l’autre bout du quai, où on nous explique qu’il faut passer à la SMSA en ville et revenir ensuite chez lui parce qu’il faut demander une autorisation de naviguer dans les îles des Seychelles et payer une taxe en disant combien de jours on veut rester et attention ⚠️ si on reste plus de 30 jours et qu’on ne prévient pas il faut payer une taxe d’importation qui coûte bonbon, on rencontrera un couple d’écossais, John et Lucy et leur bateau Broadsword, ils sont rentrés 6 semaines chez eux en laissant leur bateau à Victoria sans faire la moindre démarche et ça leur a coûté 3000 € d’avoir dépassé les 30 jours, comment que tu fais la gueule si t’étais pas au courant … enfin bref, il faudra ensuite retourner au bureau des encaissements pour leur payer la taxe à eux et pas à la SMSA, mais la SMSA nous dira de payer directement chez eux, ça sent la magouille à plein nez, à se demander quelles caisses occultes se remplissent de toutes ces taxes.

Ça vous paraît compliqué ? c’est parce que ça l’est.

ça nous fait découvrir Victoria
et son marché

On a bien compris qu’il faudra revenir demain, en attendant on s’en va quérir une carte SIM locale avec de la data … 115 € les 25 Go ! Puis supermarché, constatons que les prix de la bouffe sont à l’allant des taxes et de l’internet, ça ferait presque passer Tahiti pour des rigolos avec leurs ananas à 6 €,  en sortant on comprend vite que l’orage qui commence à gronder va nous tomber dessus comme des vermicelles sur un donuts américain, on arrive trempés à tordre au bateau, nous tous rafraîchis et le pain imbouffable.

Nous restons quelques jours à Victoria pour que je puisse bosser puisqu’en navigation c’est mort,  tandis que le capitaine bricole, je visite un petit jardin de plantes médicinales tout en sachant que j’en trouverai plus sur l’île de la Digue.

Bwamalgas

Euphorbia tithymaloides

Traitement des indigestions et douleurs abdominales

Gro bonm

Plectrnathus amboinicus

Traitement de la toux et des rhumes

Vilakwa

Centella asiatica

En bain ou/ en infusion contre l’impétigo

Je vois aussi du gingembre, de la citronnelle, du patchouli, du faux basilic (qui est une plante envahissante qui infeste la Nouvelle Calédonie au point qu’il est interdit d’en avoir, ici on l’utilise contre les gaz intestinaux) … je finis par croire que la plante médicinale la plus utilisée au monde c’est le gingembre … bien que la menthe le soit aussi … et la sauge ! et la lavande !

Et donc, le 6 novembre on fait le plein de gasoil après avoir zigzagué entre les bancs de sable et manœuvré fingers in the nose, et zou, direction la Digue, 5 nœuds de vent et de la houle, c’est pas le plus fun, ça bouchonne comme le dit si bien le capitaine, imaginez un bouchon qui se dandine dans un jacuzzi et vous aurez une belle idée, et puis hop, ça monte, 10, 12, 14 nœuds, la gagne, on hisse l’une et on déroule l’autre, vent de travers, houle de 3/4 avant, et puis petit à petit ça refuse et on se retrouve au près, 10 nœuds, voiles bordées, on ne va pas bien vite mais on va et la houle nous remue bien, je m’assoupis dans le cockpit parce que la chaleur est écrasante…

c’est tout droit, fastoche

Quand je me réveille le ciel est gris et le capitaine en bas devant la table à carte, je suis encore dans le gaz sévère quand le bateau se met à gîter brutalement, le capitaine jaillit, le bateau gîte encore plus et l’eau s’engouffre côté bâbord, un grain ! hurle le capitaine mais j’avais compris, on s’agite comme des fourmis qui détalent après un coup de pied dans leur fourmilière :

– je fais quoi ?! j’ouvre la grand-voile ?!

– nan ! on roule le génois !

Mais bien sûûûûûr ! qu’est-ce que tu veux déventer le génois avec la GV quand le vent vient de face espèce d’anchois !

Il a sauté sur la barre et moi sur l’écoute de génois, que je relâche pour pouvoir tirer sur l’enrouleur, que dalle, le vent est trop fort,

– attends, j’abats !

C’est LA bonne idée, mais même pas le temps, voilà le bateau qui bascule d’un coup et va gîter de l’autre côté, avec ce vent il a lofé et on a viré, le génois est gonflé à contre,

– lâche tout !

– je lâche l’écoute de génois à fond ?! (je reformule avant de faire des bêtises)

– OUIIIIII !!!  (il n’aime pas que je reformule, il a l’impression de perdre du temps)

J’ouvre le taquet de l’écoute de génois qui file et se met à battre au vent comme l’hydre de Lerne ivre de colère, les 2 écoutes s’envolent et claquent et s’entortillent, je tire sur la corde de l’enrouleur, c’est trop dur, ça claque trop, peux pas enrouler

– TU PEUX ABATTRE UN PEU PLUS ?!

– OUAIS MAIS JE VOUDRAIS PAS EMPANNER ! …. PRENDS LA BARRE !!!

les écoutes font exactement comme cette fameuse Hydre

Quoâââ ? pour que ça soit moi qui empanne, non mais va te faire !

– NAAAAAAN !!

Il abat un peu plus et j’enroule, hi han, je tire, hi han, j’ahane sous l’effort, mais il crie à nouveau :

– DÉROULE !

– POURQUOI ? (C’est quoi cette lubie ?) (pendant tout ce temps le bateau gîte et roule et tangue, on se rattrape où on peut pour ne pas tomber)

– IL Y A DES PLIS !

– MAIS ?!?! ON S’EN FOUT !!! ON LE DÉROULERA PLUS TARD POUR L’ENROULER COMME IL FAUT !

– NAAAAAN ! DÉROULE !

Je déroule un poil dans ce joyeux foutoir et on enroule à nouveau, il y a plein de plis avec ce vent, rien à faire, je jette un œil au pilote, on a encore 33 nœuds, 33 nœuds au près c’est pas la même limonade qu’au portant, un bateau de pêcheurs passe à côté de nous, la Jolie Séraphine, on leur fait signe que tout est ok, il s’éloigne, ils sont hyper gentils les pêcheurs dis donc …. Une fois le génois enroulé avec ses écoutes en paquet de spaghettis collés, on reprend le cap, 2 ris et trinquette, pas bien longtemps après le vent tombe, normal, on lâche les ris tandis que je scrute l’horizon

– il y a un autre grain qui nous arrive dessus … et là, ça ne serait pas une tornade ?

Il y a une espèce de nuage blanc en tourbillon qui ne me paraît pas clair du tout 🌪️le pompon,

– bah on verra, hein, si c’en est une on n’y peut rien

Il a raison, pas la peine de flipper d’avance ou pour rien, si c’était une tornade elle ne nous est pas passée dessus, dans l’histoire on s’est pris des vagues dans le dos, dans la gueule, de la pluie, on n’a plus un poil de sec, l’avantage qu’il fasse aussi chaud c’est qu’on n’a pas froid et que ça va sécher sur la bête, en plus ici le pressing coûte une blinde, pour le prix de 4 pressings t’as une machine à laver mais on n’a pas la place dans le bateau.

En tous cas on est arrivés à la Digue.

je suis baba devant ces gros cailloux !

Le lendemain matin, annexe, ponton, à peine le pied posé sur la Digue qu’on se fait cueillir par un des gars qui a un panneau, c’est Zorro qu’il se fait appeler, il loue des vélos et ici pour visiter c’est vélo, il doit y avoir de la demande parce que les trottoirs sont remplis de vélos qui attendent le touriste qui débarque du ferry que l’on voit arriver, Zorro nous demande si on est venu en ferry et comme non mais en voilier depuis la France il nous claque un poing 👊 très yeah man et même à moi, ce qui est remarquable parce que souvent on s’adresse au capitaine et le reste n’est que menu fretin dénué de tout intérêt, les mâles parlent aux mâles et les marins aux marins.

Nous allons voir la fameuse anse de la Source d’Argent, vendue comme « parmi les plus belles et plus visitées au monde pour vous accueillir dans un décor féérique »… et c’est vrai :

très visitée

C’est carrément toute l’île qui est féérique, avec ces blocs de granit hallucinants

en bas c’est pas du granit mais mon menton 😉
c’est du granit rose !

Ici il y a des tortues géantes comme aux Galapagos, celles des Seychelles sont aussi appelées tortues éléphantines ou tortues d’Aldabra, du nom de l’atoll où se trouve leur principale colonie (on voulait y aller mais c’est interdit), elles font 300 kilos et sont donc les plus grosses tortues du monde, avant celles des Galapagos ! le capitaine qui n’a décidément peur de rien leur donne à manger, je lui demande si c’est de la salsepareille, il ne sait pas, pourtant la salsepareille c’est ce que mange les schtroumfs 😂

Et puis je prends mon temps dans le jardin de plantes médicinales et les plantations de vanilliers, je déborde d’infos que je mets progressivement en ordre, tout ça prend un temps de dingue, je vous raconterai plus tard.

et c’est souvent comme ça

Le programme du lendemain est arrêté, : Félicité ! Mais on part plus tard que prévu tellement il pleut, en même temps on n’a que 2,8 miles à faire, pas de vent, moteur, les Seychelles c’est chaud et humide et orageux, c’est la latitude qui veut ça, mais ça n’est pas vraiment agréable quand on n’a pas la clim’ …

On mouille devant Félicité, pas le droit d’aller à terre, ou alors si mais il faut payer, c’est ce que le capitaine a cru lire quelque part, cette île c’est 2 hôtels privés, 1500€ la nuit, les gens y arrivent en hélico, le mouillage est  blindé de charters, on en compte 10 quand on y est, chacun avec une dizaine de personnes à bord, ça fait 100 gus qui se baignent et font du paddle devant la vue imprenable des villas avec piscine à débordement de l’hôtel, ça me fait poiler…

On prend l’annexe pour aller voir la Fouche (je ne sais pas pourquoi mais ça me fait penser à Popeye qui montre la coulée du grand Bronze à Bernard) et les Cocos, il y a des vagues, l’annexe saute et je ne me sens pas en sécurité, je suis naze, on dort mal, il fait extrêmement chaud et lourd et il y beaucoup d’averses violentes, je me lève plusieurs fois par nuit pour ouvrir ou fermer les capots, et en journée la chaleur m’écrase comme une mouche sous une enclume, j’ai envie de rentrer au bateau et de dormir en étoile de mer, mais le mouillage est très rouleur et tintin pour se reposer la nuit venue, je ressemble de plus en plus à une pieuvre en décomposition (comme celle qu’on m’avait servie dans le resto de l’île de Sal, depuis je n’ai plus eu le cran de manger du poulpe)

la Fouche
L’ile Coco, ça valait le coup d’y faire un tour !

Jour suivant, on file d’un coup de moteur sur la Grande Sœur car tout est dans un mouchoir de poche, palmes, masque et tuba, plein de poissons dont des bans de poissonnets rayés vertical noir et blanc qui nagent avec nous, ils passent devant mon masque, me frôlent, ça glisse, c’est zen, j’adore !

y’a pas à dire, ça a de la gueule

Ça roule beaucoup ici aussi alors après le déjeuner, ni une ni deux le capitaine me sort on file sur Praslin ! je sens son impatience grandir tandis que je prends tout de même le temps de boire mon thé rooibos sans me brûler la gueule, enfin je passe mon short, allume les instruments, ferme les capots, c’est parti capitaine !

On passe devant le Maria’s Rock, il paraît qu’il y a un bistrot du tonnerre

Donc on arrive à Praslin, baie de Ste Anne, truffée de bouées et panneaux d’interdiction de mouiller, on se décide à aller demander en marche arrière entre deux bateaux de charter sur un ponton, où est-ce qu’on peut se mettre ? ah bin justement on peut se mettre au ponton si on veut, royal, le capitaine va à la capitainerie comme une majorette à son défilé, l’évidence, le pléonasme, et revient dare-dare, affolé comme notre majorette qui aurait perdu son bâton, 100 balles pour passer la nuit sur ce ponton pourri ! de qui se moque t’on, on largue les amarres et allons quelques mètres plus loin pour mouiller gratis non mais … je fais remarquer au capitaine qu’il y a un bateau avec une ancre avant et une ancre arrière à portée de notre longueur de chaîne, ce qui veut dire que si le vent tourne nous on tournera mais pas lui et qu’on risque de jouer au bateau tamponneur, mais le vent ne tournera pas !

– et s’il y a un grain ?

Il en fait fi d’un balayage de la main, dieu l’entende.

Le soir on mange des steaks au prix du caviar, et il y a un peu de déchets et le capitaine me dit de balancer ça à la flotte :

– tu ne crois pas que ça va attirer des bêtes ?

Et je me mets à imiter une espèce de gros phoque qui se traîne à terre avec une tête débile, le capitaine me regarde en se demandant visiblement s’il ne va pas définitivement en rester là, mais je continue mon imitation visqueuse et ça me fait bidonner encore plus, il se lève de table et fuit dans le cockpit en haussant les épaules

– mais tu déconnes jamais ?!

Je crois qu’il ne déconne jamais ou alors ça fait si longtemps qu’il a oublié (ou alors c’est moi qui suis tarée)

Nuit, BRUIT !  KLONGGGGggggg !!! le capitaine est à peine levé que le bateau résonne encore de quelques gggggg, un petit grain, tout petit, mais suffisant pour faire tourner le bateau qui a été se foutre dans le monocoque de Dream Yacht Charter, bordel on est glissé sous son étrave et son ancre raye la coque de Cap de Miol, il faut repousser le bateau et je m’y emploie des mains et des pieds mais le vent nous pousse dessus, heureusement le grain ne dure pas et on s’extirpe de là, on retourne se coucher, no comment, tant que ce n’est pas à mon actif je reste de marbre.

Le lendemain, annexe, ponton, bus pour la vallée de Mai, il fait une chaleur à crever mais sous les cocotiers c’est respirable, on apprend plein de choses.

Je ne vous parlerai que des coco-fesses parce que là aussi, j’en ai tellement à trier et ordonner qu’il va me falloir du temps !

Les coco-fesses, donc, c’est l’emblème des Seychelles, leur pulpe est vendue très chère, notamment en Chine, pour ses supposées vertus aphrodisiaques, il faut mouler la pulpe, la mettre dans de l’alcool fort et boire le tout, cela donne de la force, c’est le mythe. Il est interdit d’exporter leurs graines non vidées, et une récolte annuelle ne comprend que 2000 noix.

un magnifique coco de mer, arbre sur lequel poussent les coco-fesses

11 novembre : nous quittons la baie de Ste Anne pour Curieuse, en faisant le tour de St Pierre tout simplement magnifique :

Et on s’en va mouiller sur Curieuse, on passe le premier mouillage de Laraie Baie qui est archi rouleur (je l’avais bien dit au capitaine vu que la houle arrivait dessus) alors on contourne l’île pour aller sur l’anse St Jose, ça va beaucoup mieux mais il y a plein de patates de corail, je suis à la barre et le capitaine me guide, à droite, à gauche, point mort, avance, ça dure des plombes et finalement il descend l’ancre mais pense qu’on est sur des cailloux, il s’assied et s’exclame

– Bon ! Mayo !

De la mayonnaise, justement je me demandais si je n’allais pas sortir le pot qu’on trimballe depuis Papeete, ce n’est pas certain que la date de péremption ne soit pas dépassée gambergé-je, comment diable a t’il su que je pensais à ça ?

– Masque, tuba !

Aaaaah ! maillot ! Heureusement que j’ai fermé ma gueule, déjà qu’il est énervé que ça ne se passe pas comme il voudrait, il ne faut vraiment pas appuyer sur le bouton avec le genre de remarque débile dont je suis friande…

Voilà qu’il plonge pour aller voir et revient, bon, on relève l’ancre et c’est reparti pour des à droite et à gauche et tout droit et recule et avance, on mouille enfin, le capitaine replonge pour voir si tout est ok, tout est ok, on met les tauds pour se protéger du soleil et de la chaleur, on déjeune et annexe à l’eau pour une petite rando sur Curieuse qui, de 1883 à 1965 a servi de léproserie, je ne sais pas si cette chaleur/humide pouvait  arranger leurs lésions, je suis dans la dubitation la plus absolue à ce sujet.

Comme d’hab, ça grimpe dans les îles, et je préfère que le capitaine ouvre la marche

très joli point de vue
et en redescendant, une petite plage sublime pour nous seuls

On croise des tortues géantes :

Ce qui me fait me demander ce qu’il y a dans cette carapace :

c’est dingue comme bestioleen Chine la tortue est symbole d’Immortalité. Dans la cosmologie chinoise elle est associée au Yin, à l’eau, à l’hiver et au noir. Elle est utilisée en phytothérapie chinoise pour les traitements de la faiblesse dégénérative.

et des centaines de crabes qui se carapatent à notre approche :

Lendemain matin, on décide de nager avant de changer de mouillage, méfiante je m’enquiers

– il y a du courant ?

– à  peine !

Soit, allons y, mais très vite je m’épuise à force de lutter pour ne pas me laisser entraîner par ce courant d’à peine, je réussis à nager jusqu’à la plage avec mes petits bras, il me rejoint en nageant sur le dos, je lui explique que je vais remonter la plage à pied pour me laisser ensuite porter par le courant jusqu’au bateau, il ne veut pas, il faut tracer direct au bateau exige t’il sans m’en donner la raison pour autant, pffff …

– je nage avec toi !

Pfffff !!

Je n’y coupe pas, j’ai droit à une leçon de natation avec palmes, il m’encourage à sa façon :

– Tu nages mal, c’est pour ça que tu te crèves !

Moi j’essaie juste de rentrer au bateau, je l’envoie sur les roses, parfait, je ne te dirai plus rien ! pfffff ….

Une fois arrivée au bateau, crevée, je lui dis que les leçons de natation ce n’est pas pendant que je m’escrime mais au calme et dans un instant dédié, on ne le changera plus, on lève l’ancre pour aller 1,7 miles plus loin et en face, sur Praslin, Baie Chevalier anse Lazio, un des mouillages les plus réputés des Seychelles, le moteur tourne à seulement 1400 tours et on avance à 6,2 nœuds, ça me parait beaucoup, je dis au capitaine qu’on a du jus dans le cul et fonce voir quelle est la vitesse surface : 3,8 !

– tu vois ! on a 2,5 nœuds de courant portant !

– mais non, c’est la roue à aube qui ne tourne pas bien, on n’aurait jamais pu nager avec 2,5 nœuds de courant !

Peut-être. Mais ça m’étonne.

On arrive très vite dans cette fameuse Baie Chevalier, 4 catas, c’est raisonnable, et on file nager le longs des rochers en granit, il y en a plein sous l’eau, on se promène entre eux pour voir les bans de poissons, c’est magique, une véritable cathédrale sous-marine, une tortue passe, elle a l’air de voler en battant des ailes, au fur et mesure de la journée les catas de charters arrivent, 20 au plus fort de la journée, le capitaine remarque qu’on a l’air d’être les seuls tourdumondistes, on n’a vu que des catas de loc’ et des charters depuis que nous sommes aux Seychelles.

une tripotée de catamarans de location dans l’anse Lazio

En fin d’après-midi, quand le soleil brûle moins, nous prenons l’annexe pour aller voir l’anse Georgette un peu plus loin, seulement 2 charters, pas étonnant parce que c’est rouleur, on s’en retourne pronto à l’anse Lazio qui est vraiment paisible.

un dauphin suit l’annexe 🥰

14 novembre, on s’en va sur Silhouette en passant par les cousin-cousine pour les voir de près, mais on manœuvre sans arrêt alors on n’a pas le temps de vraiment voir, je ne peux même plus vous dire si j’ai réussi à prendre en photo le cousin ou la cousine :

en plus la balancine se coince une fois de plus dans une latte de la GV, le capitaine attrape la gaffe et moi je choque la balancine pour qu’il puisse l’attraper et la ramener du bon côté, ça y est elle est du bon côté, je la récupère vite fait avant qu’elle ne reparte,

– MERDEUUUHHH !!!

– Quoi quoi quoi ?

– La gaffe est à l’eau !

J’ai récupéré la balancine avec trop d’ardeur et ça a arraché la gaffe des mains du capitaine… le temps de faire demi-tour, on ne la voit déjà plus avec les vagues, la poisse, je vais à l’étrave et met la main en visière

– tu vois quelque chose ?

– non … non … ah si ! Je la vois ! légèrement sur tribord !

Le capitaine barre dans la direction indiquée et fait un 8 comme pour un exercice d’homme à la mer, il s’assied et me regarde en enlevant ses shoes :

– Tu peux me récupérer avec la gaffe ?

– Attends, quoi ? Tu veux aller à l’eau ?

– Ouais, je vais attraper la gaffe et tu nous récupères

– Mais qu’est-ce que ça change ? Entre repêcher juste la gaffe ou toi avec ? 😳

Parfois une certaine idée de sa logique me dépasse.

J’insiste pour qu’il laisse tomber cette idée saugrenue, il abonde, probablement a t’il la lucidité de se demander si j’arriverais vraiment à le récupérer, il passe à la barre pour reculer le bateau, accroupie sur la jupe je récupère la gaffe, je n’aurai pas à expliquer aux gendarmes que le capitaine s’est perdu corps et âme pour une histoire de gaffe.

Nous ne serons pas seuls

On dégote un magnifique petit mouillage au nord de Silhouette, superbe, ça donne envie de mettre une palme sur l’île, on y va à la nage, trop joli ! et plein de chauves-souris géantes qui traversent le ciel !

C’est pas un oiseau, c’est une chauve-souris

A notre retour sur le bateau, on constate que le côté hyper rouleur de ce mouillage a encore empiré, pas étonnant que des bateaux qui approchent s’en éloignent aussitôt, à 18h, ras le bol, on lève l’ancre pour rejoindre Victoria et mouiller à côté de la marina, il fait toujours aussi chaud et lourd …

Au près, alors au moteur, comme des vieux

On y reste 3 jours, dont un pour faire les paperasses de sortie, attendons la bonne fenêtre météo et, le 18 novembre, nous quittons les Seychelles pour Mayotte

bye

Alors est-ce que les Seychelles ça vaut le coup ? malgré la densité de touristes sur ces toutes petites îles ? on ne dirait pas parce que je cadre bien mes photos mais oui, il y a énormément de touristes dans les lieux les plus sympas, là où on était seuls ou presque, c’était vraiment moins bien, y’a pas à tortiller, mais oui, ça vaut résolument le coup, parce que c’est beau à se mettre à genoux et à remercier le ciel de tant de beauté 🙏

A peine 2 détails parce qu’il est tard à l’heure où je termine :

  • SMSA : Seychelles Maritime Safety Authority
  • Est-ce que le gros cierge a marché : oui ! le capitaine a réussi ! grâce au cierge et à nos prières ! merci à tous !
très bel autel dédié à la Vierge Marie sur l’île de la Digue

Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

13 commentaires sur « Est-ce que les Seychelles ça vaut le coup ? »

  1. oui passionnant ici il fait froid mais j’ai faillit transpirer avec vous 😅

    ! Hâte que vous

    soyez à Mayotte où j’ai vécu quelques années magiques ! Hélas le petit paradis à perdu de son attrait et la situation se dégrade … mais le lagon est une merveille !

    Aimé par 1 personne

  2. Bonjour Isabelle Bonjour Daniel

    Mes Amitiés de Neuves-Maisons et de retour du salon du Fromage 😊C’est dingue ce que vous vivez. Je vous souhaite bons vents et meilleures pensées positives pour la suite.

    Amitiés.

    Yves

    Aimé par 1 personne

  3. Bonjour Isabelle,

    Contente de vous retrouver, vous me manquiez!
    Merci pour les vidéos et le bruit du vent, de l’océan, de la pluie, de la salsepareille (hihi) … je voyage avec vous!

    Une petite question: est-ce que le capitaine est au courant de votre blog? Vous lit-il?
    Est-ce que votre « partie amoureuse » supplantera votre « partie droiture »? Et comment votre beau (du moins c’est comme ça que je me l’imagine) capitaine réagira-t-il?

    Ok ça fait plus qu’une question 😉
    Croisons les doigts pour un Happy End!

    Au plaisir de vous lire prochainement,

    Anne

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  4. bonjour Anne,

    moi aussi je suis contente de vous retrouver 😊

    oui, le capitaine est au courant du blog, et non, il ne lit pas, pour ma laisser toute liberté d’écrire ce que bon me semble, quand nous aurons terminé ce tour du monde j’imprimerai tous les textes et le lui offrirai pour ses vieux jours 😉
    cependant il a des potes qui lisent le blog et il leur pose des questions, les réponses des potes lui conviennent, notamment quand ils lui disent que je ne me fais pas mousser et que je ne fais aucune concession 😁

    je ne suis qu’une faible femme qui se bat tant que faire se peut contre elle-même, je pense que les deux parties se battront tant que je vivrai ! et mon beau capitaine (car j’ai la faiblesse de tomber amoureuse d’hommes beaux, du moins à mon sens) (et le capitaine pense que je le trouve beau parce que j’en suis amoureuse, il se trouve vieux ! et alors, on peut être vieux et beau que je lui réponds), mon beau capitaine, donc, tiquera certainement à certains passages et dira que ça n’était pas comme ça, ses souvenirs ne sont pas les mêmes que les miens mais il m’arrive de lui dire de relire son propre journal de bord pour vérifier ce que je raconte, sachant qu’il ne note que les vents, les marées, les courants, les caps et le gréement ! pour le reste, je ne raconte que des faits, mais bien entendu je ne peux que raconter mes propres ressentis, les siens étant très éloignés des miens car, d’une part il est homme, de l’autre il n’attache aucune importance à tous les détails qui pour moi sont le sel de notre aventure 😊 et puis j’espère qu’il ne prendra pas ombrage des moments où je le montre sous son vrai jour hahaha ! il me dit assez lui-même qu’il est psycho rigide, et ses potes lui ont dit qu’on le reconnaissait tout à fait dans ce que je raconte

    donc on verra !
    mais surtout, je pense qu’il apprendra à bien lieux me connaître en me lisant, si jamais l’envie lui en prend un jour … à savoir si mieux me connaître lui conviendra ou pas 😁

    d’ici là, nous continuons notre aventure, et moi mon blog 😉

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  5. c’est le prochain épisode Annir, vous me direz si ce que j’en ai retenu ressemble à vos souvenirs ! vous y avez vécu combien de temps et vous y avez fait quoi si ce n’est pas indiscret ?

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  6. bonjour Isabelle ! Nous avons été à Mayotte de 2001 à 2005 comme expatriés de l’éducation Nationale (mon mari)! Pour ma part comme peintre (amatrice) je me suis régalée ! Nous n’avons eu aucun problème et avons vécu un séjour très agréable ! Certains (comme vous et le capitaine😁je viens de lire une de vos réponse plus haut) n’ont pas les mêmes souvenirs, à l’étranger il faut savoir être humble et se comporter respectueusement envers les autochtones … ce qui hélas n’étaient pas le cas pour certains de nos collègues en mission !! Vous serez amarrés à « petite terre » où se trouve le port et l’aéroport ! La barge est le moyen d’aller sur l’île principale (on dit ‘’barger‘’ pour traverser 😃 ) si vous allez à la plage de Sacouli allez dire bonjour à Yvan et Nini (des bretons) qui tiennent un resto gite sympa et donnez leur le bonjour d’Emile et Annie et Max Minery les alsaciens de Kwalé ! (Ceux qui leur ont vendus les meubles et piano en partant)

    vous serez un peu tôt pour les baleines dommage ! Hâte de vous lire !! Bon vent en attendant ! 💕

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