Mayotte, terre de France ! (depuis 1841)

à 8 000 km de la France (c’est dire qu’on n’est pas encore rentrés) entre le Mozambique et Madagascar

On devait partir le dimanche 19 novembre mais le capitaine a dit qu’on n’aurait pas de vent alors le samedi matin courses au galop, rangement du bateau poïpoïpoï, on est parti samedi vers 15h, au près pour descendre la côte Est de Mahé, magnifique, et puis cap au 232 droit sur Mayotte, vent à 18/20, 90 degrés bâbord amure, on fonce.

c’est la route qu’on a fait pour de vrai, c‘est le capitaine qui fait les petits points sur Navionics
ça bougeait pas mal …
… mais on est habitués

Nous sommes partis essorés, au sens propre du terme, il a fait tellement chaud et humide qu’on buvait 4 à 5 litres par jour aussitôt transpirés et qu’on se réveillait la nuit avec l’impression de vivre dans un inhalateur géant avec impossibilité  de lever le nez pour avoir de l’air frais, les corps exsudent, se liquéfient, ça use, j’ai vu des nanas qui bossent dans un pressing un jour où la clim’ fonctionnait à peine en crachotant, la sueur ruisselait de leur front comme si on essorait une éponge.

Ce n’est pas parce que nous naviguons que le beau temps dure, il ne dure pas, très vite grains, rafales aussi violentes qu’inattendues en direction, entre 2 grains le vent adonne, le capitaine dit qu’il faudrait mettre le spi, je ne relève même pas mais quoi, le spi ? Avec les grains et des rafales soudaines à plus de 30 nœuds ?! Il a peut-être noté mon manque d’enthousiasme, toujours est-il l’idée est proprement enterrée, des fois je me demande s’il ne me lance pas juste un défi, pour voir, c’est tout vu.

ça balance

Nuit, orages, vent dans tous les sens, on ne dort guère, le dimanche on est crevés mais on avance bien, à partir du moment où on galope le capitaine est content, nuit suivante, un bordel sans nom, orages, éclairs, tonnerre, pluie diluvienne, vent capricieux, rafales à plus de 35 qui nous font empanner sauvagement, GV et foc à contre, oui GV, vous avez bien lu, parce que nous, le frein de bôme on s’en sert comme bloqueur de bôme, justement pour éviter les empannages sauvages … bon, j’avais dit au capitaine en début de soirée que ça serait bien qu’on prenne un second ris pour la nuit afin d’avoir l’esprit un peu plus tranquille, en plus John de Broadsword (c’est le nom du bateau de John, John n’est pas un nobliaux) nous a prévenu que des orages étaient prévus, lui et Lucy naviguent quelque part devant nous.

– oooooh isabelle (pas content), je sais que toi tu aimes quand c’est (signe des mains pour dire calmos) mais j’ai pas envie d’avancer à 5 nœuds sous trinquette, 7 ok mais pas 5 !

– ah moi aussi je préfère, mais on ne choisit pas

On venait de finir les pâtes et j’allais chercher du yaourt (à la grecque, le capitaine qui en est friand m’a dit que celui-là était une vraie tuerie, je l’ai goûté du coup et c’est vrai que ça m’aurait presque fait aimer le yaourt), on avançait au près, le vent est monté à 40 d’un coup et le bateau s’est mis à gîter sévère, accroche-toi ! Passe-moi la commande ! je suis déjà accrochée et en train d’abattre en appuyant sur le bon bouton, mais rien ne se passe, je tends la commande au capitaine qui pense que je n’ai pas assez abattu et fait une tête de quand est-ce qu’elle saura faire tout comme il faut, il appuie sur le bouton, encore et encore, rien, ça serait pas la commande qui débloque ? BAAAAAM !!! tout à coup on empanne, on ne sait pas si une bourrasque est venue d’on ne sait où, ou si c’est la télécommande qui a finalement abattu de toutes nos sollicitations en une seule fois,

– le foc est à contre ! que je vois et que je crie

– mais non, c’est la grand-voile !

Juste ciel je n’ai pas encore la berlue ? Je vois bel et bien le foc gonflé à contre mais bloqué sur l’étai de trinquette, il se réveille

– merde le foc est à contre ! il faut l’enrouler !

Le capitaine a pris la barre et use de toutes ses forces pour lofer, enfin je crois, en fait je ne saurais dire ce qu’il y fait, je suis archi larguée, la pluie nous fouette et nos fringues dégoulinent de flotte, on ne distingue rien de rien, encore en plein jour on peut avoir une idée avec la position du soleil mais là, que dalle, je m’arc-boute sur la corde de l’enrouleur avec autant de chance de réussir à en faire quelque chose que de gagner au loto (ça me fait penser que j’ai joué avant de prendre la mer, si ça se trouve à l’heure où je vous parle je suis millionnaire),

– fais-le au winch !!

Ah ouais ? Alors qu’il m’a moult fois expliqué en épelant presque chaque mot pour les inscrire en lettres de feu dans ma cervelle qu’il NE FAUT JA-MAIS enrouler le génois au winch sinon on ne sent pas si quelque chose bloque et que c’est le meilleur moyen de tout casser ?

Mais je ne me le fais pas répéter, c’est la seule solution, je passe aussitôt le bout au self-telling et je mouline, le capitaine regrette déjà ce conseil, dans la tempête il a certains élans spontanés mais sa raison revient au galop, il me crie NON ! PAS AU WINCH ! Trop tard mon vieux, sinon on n’est pas sortis de l’auberge, avec ce génois et cette GV gonflés à contre le bateau contre gîte et je suppute que cela puisse déranger la manœuvre, aaaah je réussis à faire que le génois se libère de l’étai de trinquette,

– pas au winch !!! Laisse moi faire !

Bin voyons ! la confiance règne !

– non ! reste à la barre et je m’en occupe !

On n’a pas le choix parce qu’on ne peut pas le déventer derrière la GV et avec encore 36 nœuds de vent vas-y pour enrouler à la mano, si on commence à débattre maintenant on va perdre un temps fou alors je finis d’enrouler au winch, ça calme un peu le jeu, de son côté le capitaine a lâché la barre pour changer le chariot de côté, ça y est on réempanne, on est trempés et on grelotte alors on prend le temps de virer nos fringues et de passer un ciré avant de prendre un second ris et de mettre la trinquette, le bateau a repris son cap, je ne sais pas si l’adrénaline débouche la tuyauterie mais si oui, j’ai l’aorte et les carotides aussi propres qu’une évacuation d’évier passée à la soude caustique.

Vous avez vu « les choses de la vie ? » : on voit l’accident de voiture au ralenti, on a tout le temps de distinguer l’enchaînement des faits, les expressions des visages, tous les détails, et puis l’accident passe ensuite à vitesse normale, on ne distingue plus rien, ça va trop vite, bim bam boum et la voiture s’arrête … et bien c’était pareil cette nuit-là, quand je raconte, les mots prennent du temps, mais quand on y était, c’était bim bam boum on court dans tous les sens, on crie on manœuvre on fait sans réfléchir on fait bim bam boum c’est fini et il n’y a plus que l’adrénaline qui témoigne encore, le capitaine a mangé son yaourt.

Rebelote plus tard dans la nuit, orage, coup de vent violent, gîte qui fait tomber ce qui n’est pas suffisamment calé, on était couchés et le capitaine arrive à poil dans le cockpit comme une fusée tandis que je saute dans mon short et mes chaussures de pont, il se fait rincer par la pluie qui tombe à verse, il est pieds nus arc-bouté à la barre pour contrer la direction du vent, bon sang il va glisser comme un pet sur une toile cirée, je me jette à 4 pattes à ses pieds avec ses godasses, enfile tes chaussures ! et malgré l’intensité du moment ça me fait marrer car je me sens ridicule, que dis-je, je le suis, ridicule, il ne m’entend même pas, relâche le frein de bôme, bordel on a encore empanné avec ce vent, je l’entends maudire le frein de bôme qui pourtant nous a bien servi jusque-là, je me note de faire gaffe pour ne pas subir un jour le même sort, passer d’une seconde à l’autre du statut d’objet aimé à celui de bon à jeter, j’obéis à ses ordres sans fichtre savoir où on se trouve, il fait noir comme dans une mine désaffectée, il pleut des hallebardes, on ne voit plus rien avec ces lunettes sans essuie-glace, et sans lunettes il faut coller son nez sur le panneau du pilote pour comprendre ce qui se passe, et encore, quand je dis, totalement interloquée, que le vent est passé à 130 degrés de l’autre côté (ne me demandez pas lequel, je n’en sais rien), il me crie mais ne tiens pas compte de ça !!! alors je ne sais même plus de quoi je dois tenir compte si je l’ai jamais su un jour, je change le chariot de côté tandis que le capitaine barre toujours, on réempanne, PADAM ! bonjour les précautions, je remets le chariot tel qu’il était, le capitaine a retrouvé le cap, il fait une tête chagrine, il pense que c’est sa faute si on a empanné, moi je pense que c’est la faute des orages et du vent, mais il sait des choses que je ne sais pas et ça je le sais (ouah, on dirait du Gabin)

Plus tard, il reconnaîtra qu’il ne sait même pas si on virait ou on empannait dans ce merdier, et nous aurons confirmation que dans ce coin, le vent change radicalement et instantanément de direction comme un politique retourne sa veste (j’ai failli mettre « Rachida Dati » mais y’a pas qu’elle hein)

Lundi c’est plus calme, l’après-midi le vent tombe entre 5 et 10 et adonne, on compte 3 houles qui se croisent, autant dire qu’on est ballotés, on affale et on met le moteur, on ne va pas plus vite mais au moins ça ne bousille pas le gréement et ça économise le nerf irritabilophile du capitaine…

On en profite pour ouvrir les capots quand il ne pleut pas, ça empeste le poisson pourri sous l’annexe, on se croirait devant un stand de poissons fumés de marché chinois, ça filerait presque la gerbe, le capitaine dit que ça sent l’oiseau mais il a une dent contre eux, par contre ça ne m’étonnerait pas que ça soit cette odeur puissante qui fait qu’une ribambelle d’oiseaux  nous suit depuis ce matin, j’espère qu’aucun n’aura l’idée de vouloir se poser sur les panneaux solaires au risque de se prendre un coup de gaffe sur la tronche, l’amour des bêtes du capitaine s’étant étiolé au fil des bouses qu’il a nettoyées en pestant comme une concierge qui voit passer des mômes en bottes crottées alors qu’elle vient de finir de passer la serpillière dans les escaliers.

on a des chouettos couchers de soleil quand on n’est pas sous un orage

Une partie de la nuit au moteur et puis génois seul, avec 15/18 nœuds de vent on avance à 6/6,5 et on a la cagne de mettre la GV nuitamment, des fois le capitaine est humain, son niveau de perfectionnisme variant en fonction de son état de forme, mais bon, il faut qu’il soit vraiment crevé, je l’ai déjà vu faire des réglages, si pointus qu’ils me semblaient superflus, avec un mal de tête qui lui donnait la nausée, c’est dire que les épisodes orageux l’ont bien tanné.

Mardi matin ça va bien, on a entre 15 et 20 nœuds au travers, génois et GV, la mer est enfin plus rangée et ça fait du bien, dès que le vent adonne un tant soit peu le capitaine pense au gennaker, je lui rappelle que le GRIB prévient que le vent va forcir et qu’on va avoir des rafales, on est entré dans la zone nord de Madagascar et il l’a même noté sur son journal de bord

– ouais mais ça c’est demaing !

– déjà aujourd’hui, va voir sur le GRIB

On reste comme ça pour l’instant.

il est joli comme ça (soupir)

L’après-midi le capitaine fait une sieste dans le cockpit, le vent est stable, peu de temps après son réveil le vent passe à 25, on prend un ris, et puis il voit le ciel, se décide à enrouler le génois et mettre la trinquette, les orages ont été formateurs dirait on, à peine a-t-on fini que voilà un grain, vent à 30, pluie, on prend un second ris, la mer est forte, houle de travers, et des grosses vagues de 3/4 avant ou de 3/4 arrière mouillent le bateau, ça dure, je fais cuire des pâtes avec une extrême précaution parce que le bateau roule et tangue et la casserole danse sur le feu, comme on ne peut pas ouvrir le moindre capot tellement ça mouille, il fait une chaleur humide digne d’un hammam, je sors dans le cockpit pour m’aérer, le capitaine s’enquiert de mon état

– ça va ?

– oui oui !

Je me racle la gorge

– tu ne penses pas qu’on pourrait prendre un troisième ris ?

Je suis la prudence même, des éclairs zèbrent le ciel, devant nous de gros nuages noirs menacent, je n’ai aucune envie de revivre les épisodes d’empannages sauvages autant que nocturnes, en plus le capitaine m’a dit qu’on était un peu chargé (c’est pas qu’on a bu, c’est qu’on a un peu trop de surface de voile)

Il regimbe, j’avance ce pion d’être un peu trop chargé que je tiens de sa bouche même, et puis une énorme vague soulève le bateau, déferle à moitié dedans,

– ooooh que j’aime pas ça !

– moi non plus j’aime pas ça hausse t’il des épaules

Il descend devant la table à carte, 33 nœuds de vent, on serait au portant qu’on s’en ficherait comme de la taille de chaussures du Roi Charles, le pauvre, mais au travers… il cède, on prend le 3eme ris avant de manger pour être peinards, il bougonne qu’on n’avance plus qu’à 7 et quelques au lieu de 8 et quelques et qu’on navigue comme des octogénaires, je fais écran, on passe la nuit comme ça ce qui nous permet de dormir un peu quand c’est plus calme, dès que le vent remonte et que le bateau saute on est réveillés, à 6 heures du mat’  le capitaine lâche deux ris parce qu’on a plus que 20 nœuds, je pense qu’il est un peu rapide et oui, avant même de prendre le petit déjeuner le vent repasse à 30 et on reprend 1 ris, depuis on navigue avec 2 ris et trinquette, on avance entre 8 et 9, ça il aime, on a reçu un mail de John sur Broadsword, il est à 70 NM devant nous, il a aussi passé hier et la nuit dernière with 3 reefs and staysail, heureusement parce que si jamais il n’avait pris que 2 ris, le capitaine m’aurait fait un caca nerveux.

Plus tard le vent descend à 20/22 , 1 seul ris et génois, on avance à 9/10 avec 1,5 nœuds de courant portant, comme dit le capitaine ça envoie ! ou encore ça glisse tout seul ! tandis que je m’exclame on bombe ! (il aime bien cette expression, il s’en resservira plus tard en me disant c’est toi ça !). Puis ça varie, on prend et on lâche des ris, une fois trinquette, une fois génois, en fin d’après-midi c’est simple, c’est génois et GV déployés pour avancer à seulement 4 nœuds avec 12 nœuds de vent, et plouf ça tombe complet, comme prévu sur le GRIB, on affale et moteur, dans la nuit il y a des étoiles au-dessus de nous et au loin derrière c’est nuages noirs dans le ciel de mi-lune et éclairs, je préfère être là où on est.

Jeudi 23, en forme après avoir dormi 9 heures, 9 heures ! Le capitaine m’a laissée récupérer et s’est occupé de faire la nuit, de toutes façons il trouve que le coup de mettre le réveil un coup lui un coup moi ça n’est pas terrible parce que ça sonne quand on roupille ou bien on se lève quand ce n’est pas notre tour, je suis d’accord, il m’a dit qu’il gérait et je ne me suis pas fait prier.

Le soleil tape ce matin, et quand je dis tape c’est parce que sa chaleur vous tape comme un coup de fer à repasser, je mets des tauds pour nous en protéger, on prend le petit dej, au loin on croit voir une silhouette d’île mais on ne sait jamais de loin … un bel oiseau blanc, genre frégate mais blanc et la pointe des ailes noires, bec blanc, passe en rasant les flots en quête de poisson à se mettre sous la dent (je continue à me demander comment font les oiseaux pour déchiqueter leur proie sur l’eau), je me questionne à voix haute

– je me demande si les poissons peuvent voir leurs prédateurs quand ce sont les oiseaux ?

Pause

– en plus ils ont les yeux sur les côtés …(Dieu est à la source des inégalités)

Moue du capitaine qui exprime une méconnaissance totale du sujet, qui va peut-être même jusqu’à un inintérêt des plus profonds.

– Parce que les oiseaux, ce sont les extra-terrestres pour les poissons … les extra-merestres plutôt … poursuis je dans mon élan

Sourire avec sourcils en point d’interrogation

– si ça se trouve il y a plein d’extra-terrestres autour de nous mais on ne les voit pas avec nos yeux

– T’es sûre que t’as assez dormi ?

Je ne dis rien mais ça se tient grave comme raisonnement. Je trouve. Des fois, quand je lui tiens certains raisonnements de mon cru, il demande t’as bu l’apéro ? il me fait rire.

vous voyez Mayotte sous les nuages ?

À 10h45 locale, on voit Mayotte sous les nuages, à 11h on nous appelle sur la VHF, en français, on ne dira jamais assez à quel point c’est bon de comprendre les questions marmonnées à la VHF par des types qui ont tellement l’habitude de répéter les mêmes choses qu’ils ne prennent plus la peine d’articuler.

– On dirait qu’il y a 2 îles !

– Mais y’a, 2 îles (c’est pour ça) … Nous on va sur la petite, à Dzaoudzi.

Il y a la sécheresse sur Mayotte mais quand on arrive un gros grain arrive aussi, il y a quelques siècles, si on était arrivés avec la pluie, on nous aurait déifiés et donné à boire et à manger,  donc gros vent, on se grouille de tout fermer avant la pluie, le capitaine saucissonne la GV avec un bout parce que la fermeture éclair du lazy est cassée à cause des orages qui la fracassait contre la bôme,

si ça, ça n’apporte pas de la pluie, je m’appelle Albert

et puis ça passe, pas une goutte d’eau, on se serait fait pendre par nos propres sujets à peine gravis sur la plus haute marche, on a eu chaud (vous pouvez m’appeler Albert).

On longe la côte, c’est habité mais il n’y a pas que du pavillon dirait on ….

Nous arrivons au mouillage de Dzaoudzi, il y a foule,

Broadsword est mouillé à l’écart mais ça ne tente pas le capitaine qui nous fait faire un tour dans le mouillage et opte pour aller de l’autre côté de l’île,

quasi pas un chat,

on mouille là mais je dis au capitaine que si ça se trouve c’est pas pour rien qu’il n’y a pas un chat, on met l’annexe à l’eau et on va vers la plage à la rame, direction un ponton flottant, un gars qui nage comme un pro avec des lunettes de natation et un beau mouvement de crawl sort la tête de l’eau, on lui fait signe pour le prévenir qu’on l’a vu et qu’on ne va pas lui passer dessus, il s’arrête et on papote, nous dans l’annexe et lui en surnageant, on est sur un terrain militaire et on n’a pas le droit de débarquer (voilà voilà) mais on joue les innocents avec des grands yeux embués de navigateurs qui en ont bavé et qu’on ne peut humainement pas envoyer se faire voir, gagné, il nous dit que c’est bon pour aujourd’hui parce que si on va sur la plage publique un peu plus loin on se fera voler l’annexe, mais qu’il faudra faire autrement les prochaines fois, nous remercions le légionnaire avec un respect mâtiné de dévotion, un autre nous accueille sur la plage avec une mine de chien de garde, on lui assène notre petit couplet en ajoutant que le nageur nous a autorisé à débarquer et comme le nageur c’est le chef on nous laisse passer,  quand on revient plus tard c’est une nana légionnaire qui nous ouvre le portail en précisant qu’elle a reçu des consignes nous concernant, à savoir qu’il fallait qu’elle nous ouvre, il s’agit en une école de formation pour les légionnaires et ceux-là cassent l’image du légionnaire aussi sanguinaire que bas de plafond, lol (je déteste le lol, c’est la première et la dernière fois que je l’utilise).

Alors ! Mayotte !

Il nous faut faire la clearance d’entrée, donc le lendemain matin nous prenons l’annexe, cette fois avec son moteur, pour faire le tour de l’îlot de Dzaoudzi et débarquer sur un ponton surveillé, visiblement le seul endroit de l’île où l’on est certain de ne pas se faire piquer son annexe et c’est d’ailleurs pour cela qu’il y en a plein, le capitaine hèle un autre arrivant dans une annexe et lui demande s’il sait où on peut trouver le maître de port pour faire la clearance, le brave homme n’en sait fichtre rien et tend subitement un index vers un autre ponton, soulagé de se débarrasser de nous :

– lui là ! Il sait ! c’est le maître de port !

Alors vite on file vite sur le ponton d’en face en faisant des signes au gars, il vient vers nous, j’attrape le bord du ponton et lève la tête vers lui pour lui dire

– il paraît que vous êtes le maître de port ?

– ah non ! Je suis le capitaine de port

– c’est bien, vous êtes monté en grade !

Mais il rigole moyen et m’explique que le capitaine de port c’est un officier d’état alors qu’un maître de port c’est un employé privé dans une marina, chargé de dire où vont se garer les bateaux, on sent un léger mépris de caste, et puis le gars commence à nous raconter des tas de trucs sur Mayotte, son fonctionnement et les aberrations qui vont avec, quand on lui demande de signer notre clearance d’entrée il nous oppose un refus net, ce n’est pas son job, lui, ce qui lui prend son temps, c’est la surveillance de l’immigration clandestine car, chaque jour, environ 80 migrants accostent clandestinement sur l’île à bord de petites embarcations motorisées en provenance des Comores, à seulement 70km de Mayotte. L’Etat a positionné des radars de détection mais les patrouilles nautiques et la surveillance aérienne n’y font rien, je ne suis pas certaine que ce brave capitaine de port y fasse grand chose non plus.

– on nous avait dit d’appeler le canal 9 sur la VHF mais ça ne répond jamais explique le capitaine

– oui ! Je sais ! c’est son boulot mais il ne fout jamais rien !

Et de nous décrire les luttes intestines de cette île de branleurs, il nous quitte en nous indiquant où trouver le gars qui nous signera la clearance s’il le veut bien parce qu’il ne le fait jamais, mais que ça n’est pas lui qui fera le boulot des autres bien qu’il détienne dans sa sacoche (qu’il tapote d’une main pour appuyer ses dires) tout ce qu’il faudrait pour le faire mais qu’il ne le fera pas qu’on se le dise,  et s’en va retrouver John et Lucy de Broadsword pour les emmener faire des courses et déjeuner avec eux, on sent le gars débordé de boulot comme il a très longuement pris le temps de nous expliquer, toujours sur tous les fronts et que c’est pour ça qu’il ne fera pas le boulot des autres, on a bien compris, il est sympa et marrant comme tout, je ne saurais, par contre, qualifier son efficacité.

On gare notre annexe tant bien que mal au milieu des autres et filons prendre la barge pour Mamoudzou où se trouve la CCI, CCI où nous devrions trouver le fameux tire-au-flanc qui devrait nous signer cette clearance, trouvons l’immeuble de la CCI qui trône dans Mamoudzou comme un trophée sur le bureau d’un éduc spé qui s’est farci le marathon de sa vie,

mais un gars nous explique que le bureau de celui que nous cherchons se trouve dans un container juste à côté de la sortie de la barge que nous avons prise, demi-tour, qu’est-ce qu’on a été balancer un gars dans un container sur le trottoir alors que l’immeuble de la CCI est si grand, on trouve le container en question et le gars qui va avec, qui nous regarde comme si on débarquait de Mars avec notre demande de clearance qu’on aurait dû faire sur internet ou aller voir le maître de port de la marina où nous ne sommes pas, parce que ce n’est pas son boulot,

– ouais mais on a appelé sur le 9 pour avoir des infos et personne ne répond jamais

– ah … elle est en colère la VHF

Il ne répond plus à la VHF parce que le capitaine de port l’appelle plusieurs fois par jour pour râler qu’il ne répond pas aux plaisanciers alors que c’est son job,

– Non, c’est pas à moi de le faire

– Bon, on fait quoi alors ?

– Bon …je vais vous la faire alors (la mauvaise grâce incarnée)

Il se met devant son bel ordinateur posé sur un bureau vierge de tout dossier, va sur le site de la CCI en commentant qu’il ne sait pas où se trouve le papier de clearance d’entrée à imprimer, se plaint pendant 10 minutes qu’il ne l’a jamais fait et que ça le fait chier, finalement le trouve et nous l’imprime, heureux comme un gamin qui a réussi à l’arrache un puzzle de 4 pièces, nous le donne à remplir et nous explique qu’il faut aller à l’aéroport pour faire tamponner le papier par la PAF (police de l’air des frontières) qui s’occupe de l’immigration, et qu’une fois le papier tamponné on le photographie et on lui envoie par mail, je ne relève pas mais si c’est à lui qu’il faut renvoyer le papier c’est bien lui qui s’occupe des clearances ?

Pour partir il faudra faire le même trimballage, alors pour éviter de nous voir revenir il nous imprime de suite la clearance de sortie, ça lui évitera de chercher une seconde fois, on n’est pas des chevaux.

On reverra le capitaine de port en allant faire le plein de gasoil, il nous dira, l’air émerveillé, que nous sommes les premiers plaisanciers à qui l’autre aura fait la clearance d’entrée.

Quand nous repartirons et passerons à la douane pour faire tamponner la clearance de sortie, le douanier nous dira qu’avant ils tamponnaient mais plus maintenant, on aura beau lui demander, à plusieurs reprises, le pourquoi de la chose, la seule réponse que nous obtiendrons sera avant on le faisait, maintenant on ne le fait plus, le gars qui n’a qu’un seul neurone qui lui sert à répéter ce qu’on lui a appris, épatant. Quand y’a pas de solution, y’a pas de problème, démerde toi avec la douane de ton prochain port. (J’en profite pour rappeler qu’à l’impératif il n’y a pas de s pour les verbes du 1er groupe)

il fait presque nuit quand on s’en retourne à Dzaoudzi et je ne suis pas devin, mais je pense qu’on va s’en prendre sur le coin de l’œil encore une fois

Faire pipi pour une nana à Mamoudzou à l’heure où je vous écris n’est pas chose aisée : la sécheresse a induit des coupures d’eau, donc pas de toilettes dans les petits bistrots qui n’ont pas plus envie de prévoir de l’eau de mer dans des bouteilles ou autre astuce du genre, que l’autre de faire des clearances. J’ai demandé à notre source de savoirs, à savoir le fameux capitaine de port, par quel miracle cette île entourée d’eau de mer n’était pas capable d’en dessaler comme toutes les autres îles où nous sommes passés, mais ô merveille des merveilles, oui il y a une usine pour dessaler l’eau de mer, cependant les concepteurs n’ont pas tenu compte du marnage local, donc à marée basse le tuyau pompe de la vase qui bouche tout, résultat ça passe plus de temps à déboucher qu’à dessaler, donc grosse sécheresse avec des manifestations et des tags EAU SECOURS un peu partout … Macron a dit qu’il allait débloquer 150 millions d’euros supplémentaires pour Mayotte mais si c’est pour construire quelques beaux immeubles pour fonctionnaires planqués, ça n’aidera en rien les mahorais, quand on visitera l’île nous verrons des tas de bidonvilles, même en plein Mamoudzou, on y est passé à pied mais je n’ai pas pris de photos parce que ça aurait été franchement du voyeurisme indécent, mais c’est un choc …

Donc, le tour de Mayotte, pour ce faire on s’en va louer une voiture, la nana qui nous la loue la voiture nous annonce avec une détermination insistante qu’il ne faut pas aller se balader dans le sud parce qu’il y a des violences et les voitures se font caillasser, après deux secondes de pause, elle ajoute  que dans le Nord ce n’est pas une bonne idée non plus parce qu’il y a des violences aussi de la part de manifestants qui dénoncent la violence, faudrait qu’on m’explique la logique du raisonnement, je lui demande avec ironie :

– mais si on reste dans le quartier, c’est bon ?

Elle est ravie de me répondre que oui, si on limite notre balade à Mamoudzou et sa zone commerciale, tout ira bien, elle n’a pas l’air de capter que louer une voiture pour tournicoter autour du pâté de maisons est débile, le capitaine n’a pas l’intention d’obéir, ça se voit à la tête qu’il fait en la toisant, celle du grand scientifique droit dans ses bottes qui se fout de la tronche d’un chamane d’Amoraleza, c’est comme ça qu’on visite le nord.

le nord
les baies, c’est toujours plus beau

Arrive le moment de visiter le sud qui est verboten ! Archtung bicyclette ! comme on disait en cours d’allemand mais je n’ai jamais su pourquoi, peut-être une remarque fameuse d’un film culte que je ne connais pas, ça me fait penser quand j’enseignais au CREPS et que chaque année je réussissais à placer un mégateuf excellent qui tombait à plat jusqu’au jour où, enfin, il y en a un qui a réagi en se mettant à secouer la tête tout en chantant Bohemian Rhapsody (c’est un quizz, répondez en mettant votre réponse en commentaire et vous gagnerez une belle photo du capitaine).

Bref, je m’égare, le capitaine qui n’a peur de rien me dit haut et fort que la nana exagère parce qu’au nord tout s’est bien passé, on va aller au sud ! je me permets un avis mesuré, si on ne croit plus les gens qui sont censés connaître le coin,  où va-t-on,  mais n’insiste pas car ma prudence passe souvent à ses yeux pour de la pleutrerie, en plus je m’en fous c’est pas moi qui ai laissé l’empreinte de ma carte bancaire en caution pour payer le caillassage de bagnole si on va dans le sud, je lui précise juste que j’espère que, si cela devait arriver, la pierre ne viendra pas exploser ma vitre pour finir dans ma gueule, cette évocation fait quand même tiquer le capitaine qui serait autant responsable que le lanceur de pierre après tout, et où ça nous mène quand on est responsable … nous arrivons au rond-point fatidique, le capitaine met le cligno pour sortir à la prochaine direction Sud, tic tac, tic tac… un barrage dites donc ! Un camion militaire et des soldats qui empêchent de passer, le capitaine abdique, continue sur le rond-point et prend la sortie Mamoudzou,

– C’est ce qu’avait dit la nana, que les routes du sud sont barrées

– ouais

Le sujet est clos, on verra sur infos outre-mer qu’il y a eu un camion de l’armée incendié et que ça a fighté sévère, le capitaine a rendu la voiture dans l’état où on la lui avait louée et a récupéré sa caution.

Ce qui met le plus de beauté sur cette île ce sont ses femmes vêtues de leur Salouva aux couleurs éclatantes, quelques fois avec des paillettes et des fleurs brodées dignes des plus belles cérémonies, des femmes d’une élégance racée, certaines ont les traits extrêmement fins avec les pommettes hautes, une peau sombre lisse comme du papier de soie, les yeux noirs en amandes ornés de cils de biche, un corps élancé et souple, des beautés époustouflantes, je dis au capitaine que si j’avais une agence de mannequins, je viendrais recruter à Mayotte.

superbes

Nous changeons de mouillage pour l’îlot Bandrélé car le capitaine veut plonger dans la passe du même nom mais zaussi dans celle en S, tout un programme, ayant de mon côté plus ou moins définitivement abandonné l’idée de plonger sous-marinement avec bouteille, il va y aller avec John et Lucy, moi je resterai au bateau pour bosser, vive le travail qui me tire une belle épine du pied.

on se pose devant l’îlot Bandrélé

Parfois c’est long tout seul sur un bateau (pensée émue pour les marins qui font des tours du monde en solitaire, je ne sais pas comment ils font), et c’est encore plus long quand John et Lucy rentrent dans leur bateau pour me préciser que John est trop fatigué de la plongée du matin pour faire celle de la passe en S, le capitaine est resté là-bas pour la faire, il rentrera tard et je ne pourrai m’empêcher de penser à comment je retourne à Dzaoudzi au moteur pour rentrer en avion en France si jamais le capitaine clapote en plongée (j’ai honte) (mais c’est humain).

la passe en S vue du ciel

J’ai oublié de vous raconter : nous prîmes un apéro sur ce magnifique monocoque qu’est Broadsword (ça veut dire glaive en anglais, la classe), avec John et Lucy, tellement adorables, et c’est vrai que la plupart des navigateurs que nous avons rencontrés sont juste adorables, comme si la mer créait des liens d’adorabilité, dans le lot on a seulement vu un seul con, et sa femme ne l’était pas du tout mais elle avait des sacrés tics faciaux quand il ouvrait sa bouche, donc bien que John et Lucy ne parlent pas du tout français sauf pour dire bonnjou’ ! en se marrant, et bien que le capitaine et moi n’ayons en rien progressé en anglais mais sachions dire hello sans rire, nous avons passé une formidable soirée, et Lucy m’a avoué que pendant les orages dans la traversée des Seychelles à Mayotte, elle était assise par terre dans le carré et elle pleurait, je l’ai remerciée de tout cœur de savoir que je ne suis pas la seule à avoir la trouille … et de me dire que moi je n’avais pas pleuré, ce qui m’a fait remonter d’un cran dans ma propre estime et c’est pas rien.

Le mont Choungui est un sommet du Sud de l’île de Grande Terre à Mayotte culminant à 593 mètres d’altitude, à cheval sur les communes de Kani-Kéli et Chirongui

Il est déjà temps de quitter Mayotte, on a de la route, nous avions judicieusement profité de la voiture pour faire des courses et remplir le frigo avant de partir pour l’Afrique du Sud, 1400 NM à faire jusqu’à Richard’s Bay mais on s’arrêtera sur la route parce que la météo nous y obligera me dit le capitaine les yeux rivés sur les différents GRIB qu’il a téléchargé et les guides nautiques qu’il a lu, en anglais s’il vous plaît, ce qui est un tour de force, on ne peut pas vraiment dire qu’on capte ce qu’on lit dans les très grandes lignes, parfois il me demande de lire aussi et j’ai l’impression de loucher à suivre des yeux des phrases que je ne comprends pas, il me demande si je sais ce que ça veut dire, il est mignon, par quel miracle de la science infuse le pourrais je ? en plus quand je lui réponds quelque chose parce que je suis polie et que je trouve toujours un truc à répondre, fut ce n’importe quoi, il me rétorque avec ardeur que ce n’est pas ça et me fait une traduction sûrement plus valable que la mienne, vous aurez compris qu’on n’est pas sortis de l’auberge (expression chère au capitaine qu’il emploie à tours de bras quand il lit les infos), on s’en va donc un peu à la vas-y que j’te pousse emprunter le canal du Mozambique, qui vivra verra …

le capitaine verrouille la baille à mouillage (ah tiens, j’ai oublié d’enlever la drisse de spi de l’annexe pour la soulever afin d’avoir de l’air quand on est au mouillage, il a dû s’en occuper en revenant dans le cockpit, en même temps je faisais des crêpes, je suis toute excusée)

Jeudi 30 novembre, en route mauvaise troupe !

On y sera resté une semaine, c’est déjà ça

Aussi bon qu’un carré de chocolat à la fin du repas :

  • Impératif : énoncé de la règle par l’Académie Française : la terminaison est en «e» pour tous les verbes du 1er groupe conjugués à la 2e personne du singulier au présent de l’impératif (ex: chante, mange, etc.) Le verbe aller, quant à lui, est un irrégulier du 3e groupe. Il se terminera toujours par un «a» (« va »). Il y a cependant une exception : pour faciliter la prononciation, on ajoute un «s » quand ces formes sont suivies des pronoms adverbiaux «en» et «y». On les lie alors par un trait d’union au verbe. Exemples : «Vas-y », «manges-en». Néanmoins, si « en » et «y » dépendent d’un infinitif et pas directement du verbe conjugué à l’impératif, on ne met pas de «s» ni de trait d’union. Exemples : « Va en chercher », « ose y aller ». Bref, en l’absence des pronoms adverbiaux « en » ou « y », les verbes du premier groupe ainsi que le verbe « aller » ne prennent jamais de «s». (Pour rappel : les verbes du premier groupe sont tous ceux qui se terminent par « er», sauf aller, qui suit pour sa part la même règle à l’impératif.)
  • Le Salouva est le vêtement de la femme mahoraise par excellence. Il se compose de 2 parties : une grande pièce de tissu cousue sur un côté que la femme enfile et attache, la plupart du temps, au-dessus de la poitrine, et le Kishali, châle porté sur la tête ou sur les épaules. Cette tenue n’est pas considérée comme ayant une connotation religieuse, mais reste tout de même une tenue souvent portée dans un sens religieux comme culturel. Plus souvent portée par les femmes adultes, le Salouva n’est plus aussi souvent porté qu’avant. Cela s’explique par l’arrivé de l’occidentalisation sur l’île. Il est en quelque sorte devenu la « Tenue du Vendredi ». La tenue est souvent accompagnée d’accessoires tels que le masque de beauté Msindzano,qui est obtenu en mélangeant dans l’eau le koalin (argile blanche) avec de la poudre de bois de santal obtenu en frottant ce bois sur une pierre de corail. Il sert également à purifier la peau et à se protéger du soleil.
  • Amoraleza est une communauté chamanique créée il y a plus de trente ans au cœur des montagnes andalouses de l’Alpujarra.
  • Mayotte en quelques mots : le 25 avril 1841, sous le règne de Louis-Philippe Ier, le dernier sultan de Mayotte Andriantsoly, menacé par les royaumes voisins, a vendu son île au royaume de France en échange de sa protection. En 1848, l’île a intégré la République française. La population mahoraise est issue d’un métissage entre les populations d’origine bantoue et les différentes vagues d’immigration, principalement malgache. L’île se caractérise par une très forte densité : 511 habitants au km², faisant de Mayotte la seconde île la plus peuplée du sud-ouest de l’Océan Indien, après l’île Maurice. La population est de plus en plus concentrée autour d’un pôle urbain, Mamoudzou, chef lieu de l’île qui absorbe plus de 53 000 habitants (28% de la population totale). La natalité élevée et l’immigration, essentiellement clandestine, en provenance des îles voisines, sont à l’origine de cette croissance démographique très importante : le taux d’accroissement annuel moyen enregistré entre les deux derniers recensements est de 3.1 %. La population mahoraise est jeune : 55 % de la population totale a moins de 20 ans, pourcentage le plus élevé de tous les territoires français. L’île compterait 55 000 clandestins. Ces immigrés clandestins proviennent principalement des Comores, en particulier de l’île d’Anjouan, mais aussi de Madagascar et d’Afrique continentale. Les autorités françaises ont décidé d’accroître la répression de cette immigration clandestine et de renforcer les moyens matériels dévolus à la surveillance des côtes de Mayotte. La religion musulmane, implantée à Mayotte depuis le XVème  siècle, occupe une place majeure dans l’organisation de la société. 95 % des Mahorais sont d’obédience musulmane et de rite sunnite, mais leur pratique de l’islam est modérée. L’économie de Mayotte demeure quant à elle fragile. Si le tertiaire se développe au détriment de l’agriculture traditionnelle, le chômage demeure très important. L’île dépend ainsi beaucoup des subventions publiques et ses infrastructures demeurent peu développées.
  • J’ai toujours pas gagné au loto

Publié par isabelle centre tao

Je suis thérapeute, conférencière et formatrice en Médecine Traditionnelle Chinoise MTC, j'ai fondé la chaîne du Centre Tao sur YouTube pour que vous puissiez apprendre le langage de votre corps et de ses énergies, vous rééquilibrer et vous soigner avec la MTC (diétothérapie, plantes, points d'acupuncture et plein de trucs magiques) en m'adressant particulièrement aux femmes et en leur destinant plusieurs de mes formations. Aujourd'hui je me lance dans une nouvelle aventure : découvrir les plantes du monde destinées aux femmes lors des différentes étapes de leur vie, afin d'aider toutes les femmes, où qu'elles soient, car même si la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise est la plus riche de la planète, il existe partout dans le monde des plantes qui peuvent traiter les douleurs de règles, l'infertilité, les problèmes liés à la grossesse ou à la ménopause et aider les femmes qui n'ont pas accès aux plantes de la Pharmacopée Chinoise. J'ai décidé de faire ce blog pour vous faire vivre cette aventure, et je vous raconterai aussi bien mon quotidien sur le bateau et dans les différents mouillages, que mes rencontres d'herboristes, sorcières et sorciers, chamanes, tisaneurs et all these kinds of people !

6 commentaires sur « Mayotte, terre de France ! (depuis 1841) »

  1. hahaha « wayne’s World wayne’s World… » là tu me parles bien.

    Captivant comme toujours !!! J’aime cette lecture du dimanche matin.

    Laetitia

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  2. Mayotte …..destination à risques. En plus des grains qui fatiguent et éreintent l’équipage il serait préférable de se cantonner plutot sur Mada qui est plus stable que les Comores. Ne pas perdre de vue que dans cette région c’est encore la saison des cyclones surtout dans le canal du Mozambique.

    A part tout cela bonne navigation. Amicalement JS

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  3. bonjour Jacques, justement il vient d’y avoir un cyclone au large de Bazaruto, mais il y a un temps de retard entre mes articles et mon voyage, et nous sommes en sécurité en Afrique du Sud actuellement, merci pour votre sollicitude 🥰

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  4. Courage Isabelle tu maitrise et le bateau et un tout petit peu le capitaine……tes récits sont toujours super..continuez a nous faire rêver

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  5. merci Patrick, mais mes connaissances en navigation sont encore loin de la maîtrise 😄 quant au capitaine, j’espère bien ne jamais le maîtriser, il perdrait de son charme 😁 à tantôt pour la suite de nos aventures !

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